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Il y eut un semblable lit de justice tenu par Charles VI. en 1386, & un autre en 1392, lequel, dans l’arrêt d’enregistrement, est appellé lectum justitiæ.

Du Tillet fait mention d’un autre lit de justice tenu le 10 Avril 1396, pour la grace de messire Pierre de Craon, où étoient les princes du sang, messire Pierre de Navarre, le fils du duc de Bourbonnois, le comte de la Marche, le connétable, le chancelier, le sire d’Albret, les deux maréchaux, l’amiral, plusieurs autres seigneurs, l’archevêque de Lyon, les évêques de Laon, de Noyon, de Paris, & de Poitiers ; les présidens du parlement, les maîtres des requêtes, messieurs des enquêtes, & les gens du roi.

L’ordonnance du même prince, du 26 Décembre 1407, portant que quand le roi décédera avant que son fils aîné soit majeur, le royaume ne sera point gouverné par un régent, mais au nom du nouveau roi, par un conseil dans lequel les affaires seroient décidées à la pluralité des voix, fut lue publiquement & à haute voix, en la grand’chambre, où étoit dressé le lit de justice, présens le roi de Sicile, les ducs de Guienne, de Berry, de Bourbonnois & de Baviere ; les comtes de Mortaing, de Nevers, d’Alençon, de Clermont, de Vendôme, de Saint-Pol, de Tancanille, & plusieurs autres comtes, barons, & seigneurs du sang royal & autres, le connétable, plusieurs archevêques & évêques, grand nombre d’abbés & autres gens d’église, le grand-maître d’hôtel, le premier & les autres présidens du parlement, le premier & plusieurs autres chambellans, grande quantité de chevaliers & autres nobles, de conseillers tant du grand-conseil & du parlement, que de la chambre des comptes, des requêtes de l’hôtel, des enquêtes & requêtes du palais, des aides, du trésor & autres officiers & gens de justice, & d’autres notables personnages en grande multitude.

Juvenal des Ursins, dans son histoire de Charles VI. en parlant de cette cérémonie, dit qu’il y eut une maniere de lit de justice, &c. C’est apparemment à cause que le roi étoit fort infirme d’esprit, qu’il regardoit ce lit de justice comme n’en ayant que la forme & non l’autorité.

Il y en eut un autre en 1413, sous la faction du duc de Bourgogne, & ce fut alors que la voie d’autorité commença d’être introduite dans ces sortes de séances où les suffrages étoient auparavant libres ; cependant le 5 Septembre de la même année il y eut un autre lit de justice, où l’on déclara nul tout ce qui avoit été fait dans le précédent, comme fait sans autorité dûe, & forme gardée, sans aviser & lire les lettres au roi & en son conseil, ni être avisé par la cour de parlement.

On tint un lit de justice en 1458, à Vendôme, pour le procès de M. d’Alençon.

François I. tint souvent son lit de justice : il y en eut jusqu’à 4 dans une année, savoir, les 24, 26, 27 Juillet, & 16 Décembre 1527.

Dans le dernier siecle il y en eut un le 18 Mai 1643, pour la régence ; un en 1654, pour le procès de M. le prince ; un en 1663, pour la réception de plusieurs pairs ; il y en eut encore d’autres, pour des édits bursaux.

Ceux qui ont été tenus sous ce regne, sont des années 1715, 1718, 1723, 1725, 1730, 1732, & 1756.

Lorsque le roi vient au parlement, le grand maître vient avertir lorsqu’il est à la Sainte-Chapelle, & quatre présidens-à-mortier, avec six conseillers laïcs, & deux clercs, vont le recevoir, & saluer au nom de la compagnie ; ils le conduisent en la grand’chambre, les présidens marchant à ses côtés, des

conseillers derriere lui, & le premier huissier entre les deux huissiers-massiers du roi.

Le dais & lit de justice du roi est placé dans l’angle de la grand’chambre ; sur les hauts siéges, à la droite du roi, sont les princes du sang, les pairs laïcs ; au bout du dernier banc se met le gouverneur de Paris.

A sa gauche aux hauts siéges sont les pairs ecclésiastiques, & les maréchaux de France venus avec le roi.

Aux piés du roi est le grand-chambellan.

A droite sur un tabouret, au bas des degrés du siége royal, le grand écuyer de France, portant au col l’épée de parement du roi.

A gauche sur un banc, au-dessous des pairs ecclésiastiques, sont les quatre capitaines des gardes du corps du roi, & le commandant des cent-suisses de la garde.

Plus bas, sur le petit degré par lequel on descend dans le parquet, est assis le prevôt de Paris, tenant un bâton blanc en sa main.

En une chaire à bras couverte de l’extrémité du tapis de velours violet semé de fleurs-de-lis, servant de drap de pié au roi, au lieu où est le greffier en chef aux audiences publiques, se met présentement M. le chancelier lorsqu’il arrive avec le roi, ou à son défaut M. le garde des sceaux.

Sur le banc ordinaire des présidens à mortier, lorsqu’ils sont au conseil, sont le premier président & les autres présidens à mortier revêtus de leur épitoge. Avant François I. M. le chancelier se plaçoit aussi sur ce banc au-dessus du premier président ; il s’y place même encore, lorsqu’il arrive avant le roi, & jusqu’à son arrivée qu’il va se mettre aux piés du trône. On tient que ce fut le chancelier du Prat qui introduisit pour lui cette distinction de siéger seul, il le fit en 1527 ; cependant en cette même année, & encore en 1536, on retrouve le chancelier sur le banc de présidens.

Sur les trois bancs ordinaires, couverts de fleurs-de-lis, formant l’enceinte du parquet, & sur le banc du premier & du second barreau du côté de la cheminée, sont les conseillers d’honneur, les quatre maîtres des requêtes en robe rouge, les conseillers de la grand’chambre, les présidens des enquêtes & requêtes, tous en robe rouge, de même que les autres conseillers au parlement.

Dans le parquet, sur deux tabourets, au-devant de la chaire de M. le chancelier, sont le grand maître & le maître des cérémonies.

Dans le même parquet, à genoux devant le roi, deux huissiers-massiers du roi, tenant leurs masses d’argent doré, & six hérauts d’armes.

A droite sur deux bancs couverts de tapis de fleurs-de-lis, les conseillers d’état, & les maîtres des requêtes venus avec M. le chancelier, en robe de satin noir.

Sur un banc en entrant dans le parquet, sont les quatre secrétaires d’état.

Sur trois autres bancs à gauche dans le parquet, vis-à-vis les conseillers d’état, sont les chevaliers & officiers de l’ordre du Saint-Esprit, les gouverneurs & lieutenans généraux de provinces, & les baillis d’épée que le roi amene à sa suite.

Sur un siége à part, le bailli du palais.

A côté de la forme où sont les secrétaires d’état, le greffier en chef revêtu de son épitoge, un bureau devant lui couvert de fleurs-de-lys, à sa gauche l’un des principaux commis au greffe de la cour, servant en la grand’chambre, en robe noire, un bureau devant lui.

Sur une forme derriere eux, les quatre secrétaires de la cour.

Sur une autre forme derriere les secrétaires d’é-