Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/563

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crétion ou le cours de la bile ; cette bile devenue plus âcre par le séjour, excitera bientôt la fievre nommée lipyrie.

Symptomes. Le malade est inquiet, agité, privé du sommeil, tourmenté d’angoisses, de dégoûts, de nausées, se plaignant sans cesse d’une chaleur interne & brûlante, en même tems que du froid aux extrémités. S’il survient alors naturellement des déjections de bile ; le malade en reçoit son soulagement ou sa guérison.

Méthode curative. Il faut employer les antiphlogistiques melés aux savoneux, donnés tiédes, fréquemment & en petites doses ; on y joindra des clysteres semblables : on appliquera des fomentations à la partie souffrante ; on ranimera doucement la circulation languissante par quelques antiseptiques cardiaques & par de légeres frictions aux extrémités. (D. J.)

LIQUATION, eliquatio, s. f. (Métallur.) c’est ainsi qu’on nomme dans les fonderies une opération par laquelle on sépare du cuivre la portion d’argent qu’il peut contenir ; cette portion d’argent se trouve dans le cuivre, parce que souvent les mines de cuivre sont mêlées avec des particules de mines d’argent. L’opération de la liquation est une des plus importantes dans la Métallurgie : elle exige beaucoup d’expérience & d’habileté dans ceux qui la pratiquent. Pour la faire on commence par joindre avec le cuivre noir une certaine quantité de plomb ou de matiere contenant du plomb, telle qu’est la litharge : ce plomb entrant en fusion s’unit avec l’argent, avec qui il a plus d’affinité que l’argent n’en a avec le cuivre ; & après que le plomb s’est chargé de la portion d’argent, il l’entraîne avec lui, & le cuivre reste sous une forme poreuse & spongieuse : alors il est dégagé pour la plus grande partie de l’argent qu’il contenoit.

L’opération par laquelle on joint du plomb avec le cuivre noir, se nomme rafraîchir, voyez cet article ; elle se fait en joignant du plomb avec le cuivre noir encore rouge qui, au sortir du fourneau, a été reçu dans la casse ou dans le bassin destiné à cet usage : par ce moyen on forme des especes de gâteaux ou de pains composés de cuivre & de plomb, que l’on nomme pains ou pieces de rafraîchissement.

Ou bien au lieu de joindre du plomb au cuivre noir de la maniere qu’il vient d’être indiqué, on fond avec lui de la litharge, qui est une vraie chaux de plomb, ou de la cendrée de la grande coupelle, qui est imbibée de chaux de plomb. Par le contact des charbons qui sont dans le fourneau, ces substances reprennent leur forme métallique, elles redeviennent du plomb, & ce métal s’unit avec le cuivre noir ; & le tout étant fondu découle dans le bassin, & forme ce qu’on nomme des pains ou pieces de rafraîchissement.

On porte ces pains sur le fourneau de liquation qui a été suffisamment décrit à l’article Cuivre, pag. 544, où l’on trouvera aussi l’explication de la Planche qui le représente. On les place verticalement sur ce fourneau, en laissant un intervalle entre chaque pain pour pouvoir mettre du charbon entre eux, & l’on met un morceau de fer entre deux pour qu’ils se soutiennent droits : alors on allume le feu, & le plomb découle des pains ou pieces qui sont posés sur le fourneau ; ils deviennent poreux & spongieux par les trous qu’y laisse l’argent en se dégageant : pour lors on les appelle pains ou pieces de liquation. On les fait passer par une nouvelle opération qu’on appelle ressuage, voyez cet article. Quant au plomb qui a découlé après s’être chargé de l’argent, on le nomme plomb d’œuvre, & on en sépare l’argent à la coupelle.

Dans cette opération on a encore ce qu’on ap-

pelle des épines de liquation : ce sont de petites masses

anguleuses & hérissées de pointes qui contiennent de la litharge, du cuivre, du plomb & de l’argent ; l’on fait repasser ces épines par le fourneau de fusion dans une autre occasion.

Avant que de recourir à l’opération de la liquation, il faut connoître la quantité d’argent que contient le cuivre, & s’être assuré par des essais si elle est assez considérable pour qu’on puisse la retirer avec profit. C’est sur cette quantité d’argent qu’il faudra aussi se régler pour savoir la quantité de plomb qu’il conviendra de joindre au cuivre noir. Par exemple, on joint 250 livres de plomb sur 75 livres de cuivre noir qui contient peu d’argent ; si le cuivre noir étoit riche & contenoit neuf ou dix onces d’argent, il faudroit, sur 75 livres de cuivre, mettre 375 livres de plomb.

Il est plus avantageux de se servir de bois & de fagots pour la liquation, que de charbon : c’est une découverte qui est dûe à Orschall, qui a fait un traité en faveur de cette méthode. Voyez l’art. de la fonderie d’Orschall.

LIQUEFIER, LIQUEFACTION, (Gramm.) c’est rendre fluide par l’action du feu ou par quelque autre dissolvant.

LIQUENTIA, (Géogr. anc.) riviere d’Italie au pays de la Vénétie, selon Pline, liv. III. chap. xviij. qui dit qu’elle a sa source dans les monts voisins d’Opitergium, Oderzo. Le nom moderne est Livenza, voyez Livenza. (D. J.)

LIQUEUR, s. f. (Hydr.) Il y en a de grasses & de maigres : les maigres sont l’eau, le vin & autres ; les grasses sont l’huile, la gomme, la poix, &c.

De tous les corps liquides on ne considere que l’eau dans l’hydraulique & dans l’hydrostatique, ou du-moins on y considere principalement l’équilibre & le mouvement des eaux : on renvoie les autres liqueurs à la physique expérimentale. (K)

Liqueurs spiritueuses, (Chimie & Diete.) Elles sont appellées plus communément liqueurs fortes, ou simplement liqueurs.

Ces liqueurs sont composées d’un esprit ardent, d’eau, de sucre, & d’un parfum ou substance aromatique qui doit flatter en même tems l’odorat & le goût.

Les liqueurs les plus communes se préparent avec les esprits ardens & phlegmatiques, connus sous le nom vulgaire d’eau-de-vie : celles-là ne demandent point qu’on y emploie d’autre eau que ce phlegme surabondant qui met l’esprit ardent dans l’état d’eau-de-vie, voyez Esprit-de-vin à l’article Vin. Mais comme toutes les eaux-de-vie & même la bonne eau-de-vie de France, qui est la plus parfaite de toutes, ont en général un goût de feu & une certaine âcreté qui les rendent désagréables, & que cette mauvaise qualité leur est enlevée absolument par la nouvelle distillation qui les réduit en esprit-de-vin, les bonnes liqueurs, les liqueurs fines sont toujours préparées avec l’esprit-de-vin tempéré par l’addition de deux parties, c’est-à-dire du double de son poids d’eau commune. L’emploi de l’esprit-de-vin au lieu de l’eau-de-vie, donne d’ailleurs la faculté de préparer des liqueurs plus ou moins fortes, en variant la proportion de l’esprit-de-vin & de l’eau.

Le parfum se prend dans presque toutes les matieres végétales odorantes ; les écorces des fruits éminemment chargés d’huile essentielle, tels que ceux de la famille des oranges, citrons, bergamotes, cédras, &c. la plus grande partie des épiceries, comme gérofle, cannelle, macis, vanille, &c. les racines & semences aromatiques, d’anis, de fenouil, d’angélique, &c. les fleurs aromatiques, d’orange, d’œillet, &c. les sucs de plusieurs fruits bien parfumés, comme d’abricots, de framboises, de cerises, &c.