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Lintz, (Géog.) petite ville d’Allemagne dans le haut électorat de Cologne, sur le Rhin, à 5 milles N. O. de Coblentz, S. O. de Cologne. Long. 24. 56. lat. 50. 31. (D. J.)

LINUISE, s. f. (Agriculture.) c’est ainsi qu’on appelle la graine du lin qu’on destine à ensemencer une liniere.

LINURGUS, s. m. (Hist. nat.) pierre fabuleuse dont on ne nous apprend rien, sinon qu’on la trouvoit dans le fleuve Acheloüs. Les anciens l’appelloient aussi lapis lineus : on l’enveloppoit dans un linge, & lorsqu’elle devenoit blanche, on se promettoit un bon succès dans ses amours. Voyez Boece de Boot.

LIOMEN, ou LUMNE, s. m. (Hist. nat.) oiseau aquatique de la grosseur d’une oie, qui se montre en été sur les mers du nord qui environnent les îles de Féroé ; il ressemble beaucoup à l’oiseau que les habitans de ces îles nomment imbrim. Il vole très-difficilement à cause de la petitesse de ses aîles ; ce qui fait que lorsqu’il apperçoit quelqu’un, sa seule ressource est de se coucher à terre & de se tapir, lorsqu’il est hors de l’eau. Il ne laisse pas de s’aider de ses aîles lorsque le vent souffle. Il fait son nid sur de petites éminences qui se trouvent au bord des rivieres, & il ne discontinue pas de couver ses œufs, même lorsque les eaux croîssent au point de couvrir son nid. Voyez acta hafniensia, année 1671 & 72, observ. 49. Cet oiseau est le mergus maximus farrensis de Clusius. Linnæus le nomme colymbus pedibus palmatis indivisis.

LION, s. m. leo, (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede si fort & si courageux, qu’on l’a appellé le roi des animaux. Il a la tête grosse, le muffle allongé & la face entourée d’un poil très long : le cou, le garot & les épaules, &c. sont couverts d’un poil aussi long qui forme une belle criniere sur la partie antérieure du corps, tandis qu’il n’y a qu’un poil court & ras sur le reste du corps, excepté la queue qui est terminée par un bouquet de longs poils. La lionne n’a point de criniere ; son muffle est encore plus allongé que celui du lion, & ses ongles sont plus petits. La criniere du lion est de couleur mélée de brun & de fauve foncé ; le poil ras a des teintes de fauve, de blanchâtre & de brun sur quelques parties. Le poil de la lionne a aussi une couleur fauve plus ou moins foncée, avec des teintes de noir & même des taches de cette couleur sur la levre inférieure près des coins de la bouche sur le bord de cette levre & des paupieres, à l’endroit des sourcils, sur la face extérieure des oreilles & au bout de la queue.

Il y a des lions en Afrique, en Asie & en Amérique ; mais ceux de l’Afrique sont les plus grands & les plus féroces, cependant on remarque que les lions du mont Atlas n’approchent point de ceux du Sénégal & de la Gambra pour la hardiesse & la grosseur. Les lions aiment les pays chauds, & sont sensibles au froid. Ces animaux jettent leur urine en arriere, mais ils ne s’accouplent pas à reculons, comme on l’a prétendu. La lionne porte quatre lionceaux, & quelquefois plus. On les apprivoise aisément ; il y en a qui deviennent aussi doux & aussi caressans que des chiens, mais il faut toujours se défier de leur férocité naturelle. Il est très-faux que le lion s’épouvante au chant d’un coq, mais le feu l’effraie ; on en allume pour le faire fuir. La démarche ordinaire de cet animal est lente & grave ; lorsqu’il poursuit sa proie, il court avec une grande vitesse ; il est hardi & intrépide ; quel que soit le nombre de ses adversaires, il attaque tout ce qui se présente si la faim le presse ; la résistance augmente sa fureur : mais s’il n’est pas affamé, il n’attaque pas ceux qu’il rencontre ; lorsqu’ils se détournent & se couchent par terre en silence, le lion continue son chemin comme s’il n’avoit vu personne. On prétend que cet animal ne boit qu’une fois en trois ou quatre jours, mais qu’il

boit beaucoup à la fois. Hist. nat. des animaux par MM. de Nobleville & Salerne, tome V.

Lion, (Mat. medic.) & dans le lion aussi, on a cherché des remedes. Le sang, la graisse, le cerveau, le poumon, le foie, le fiel, la fiente, sont donnés pour médicamenteux par les anciens Pharmacologistes. Les modernes ne croient plus aux vertus particulieres attribuées à ces drogues, & ils n’en font absolument aucun usage. (b)

Lion, (Littérat.) cet animal étoit consacré à Vulcain dans quelques pays, à cause de son tempérament tout de feu. On portoit une effigie du lion dans les sacrifices de Cybele, parce que les prêtres avoient, dit-on, le secret d’apprivoiser ces animaux. Les poëtes l’assurent, & les médailles ont confirmé les idées des poëtes, en représentant le char de cette déesse attelé de deux lions. Celui qu’Hercule tua sur le mont Theumessus en Béotie, fut placé dans le ciel par Junon. Ce signe, composé d’un grand nombre d’étoiles, & entr’autres de celle qu’on nomme le cœur du lion, le roitelet, regulus, tient le cinquieme rang dans le zodiaque. Le soleil entre dans ce signe le 19 Juillet ; d’où vient que Martial dit, liv. X. épigr. 62.

Albæ leone flammeo calent luces,
Tostamque fervens Julius coquit messem.

Voyez Lion, constellation. (D. J.)

Lion, (Hist. nat. Ictiolog.) Rondelet donne ce nom, d’après Athénée & Pline, à un crustacée qui ressemble aux crabes par les bras, & aux langoustes par le reste du corps. Il a été nommé lion, parce qu’il est velu, & qu’il a une couleur semblable à celle du lion. Voyez Rond. hist. des poissons, liv. XVIII.

Lion marin, (Hist. nat. des anim.) gros animal amphibie, qui vit sur terre & dans l’eau.

On le trouve sur les bords de la mer du Sud, & particulierement dans l’île déserte de Jean Fernando, où on peut en tuer quantité. Comme il est extrèmement singulier, & que le lord amiral Anson n’a pas dédaigné de le décrire dans son voyage autour du monde, le lecteur sera bien aise de le connoître d’après le récit d’un homme si célebre.

Les lions marins, qui ont acquis leur crue, peuvent avoir depuis douze jusqu’à vingt piés de long, & depuis huit jusqu’à quinze de circonférence. La plus grande partie de cette corpulence vient d’une graisse mollasse, qu’on voit flotter sous la pression des muscles au moindre mouvement que l’animal fait pour se remuer. On en trouve plus d’un pié de profondeur dans quelques endroits de son corps, avant que de parvenir à la chair & aux os. En un mot, l’abondance de cette graisse est si considérable dans les plus gros de ces animaux, qu’elle rend jusqu’à cent vingt-six galons d’huile, c’est à dire environ neuf cens quarante livres.

Malgré cette graisse, ces sortes d’animaux sont fort sanguins ; car quand on leur fait de profondes blessures dans plusieurs endroits du corps, il en jaillit tout de suite autant de fontaines de sang. Mais pour déterminer quelque chose de plus précis à ce sujet, j’ajoute que des gens de l’amiral Anson ayant tué un lion marin à coups de fusil, l’égorgerent par curiosité, & en tirerent deux bariques pleines de sang.

La peau de ces animaux est de l’épaisseur d’un pouce, couverte extérieurement d’un poil court, de couleur tannée-claire. Leur queue & leurs nageoires qui leur servent de piés quand ils sont à terre, sont noirâtres. Les extrémités de leurs nageoires ne ressemblent pas mal à des doigts joints ensemble par une membrane ; cependant cette membrane ne s’étend pas jusqu’au bout des doigts, qui sont chacun garnis d’un ongle.