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lement sa ligne qu’il tient à la main. Le bateau est à la voile. L’appât est entraîné avec rapidité ; & le poisson qui le suit, le gobe d’autant plus avidement.

Plus il fait de vent, plus les pêcheurs chargent le bas de leur ligne de plommée, afin que la traîne en soit moins précipitée. On ne pêche de cette maniere que les poissons blancs, comme bart, loubines, mulets, rougets, morues, maquereaux, &c.

De la pêche du maquereau à la ligne, à la perche, à la mer & au large des côtes. Il y a à saint Jacut onze petits bateaux pêcheurs du port au plus de cinq ou six tonneaux, montés ordinairement de huit, neuf, à dix hommes d’équipage, qui font en mer la pêche avec les folles, les demi-folles, ou roussetieres, les cordes grosses & moyennes, & la pêche de la ligne au doigt pour le maquereau, & de la ligne à la perche. Leurs bateaux ont deux mâts ; chaque mât une voile. Ils s’éloignent quelquefois en mer de dix, douze à quinze lieues. Quand ils sont au lieu de la pêche, chacun prend sa ligne qui a sept à huit piés de long, & pêche les uns à bas bord, les autres à stribord. Le bateau a amené ses deux voiles, & dérive à la marée.

Cette pêche du maquereau dure environ cinq à six semaines. Elle commence à la saint Jean, & finit au commencement d’Août. Chaque équipage prend par jour favorable jusqu’à cinq à six mille maquereaux. Les uns se servent de la perche, d’autres de la ligne au doigt ; mais le plomb de celle-ci n’est environ que d’une demi-once.

Comme la manœuvre de cette seconde maniere est moins embarrassante que celle à la perche, les pêcheurs quittent de jour en jour leur perche pour se servir de la ligne au doigt.

Ces pêcheurs affarent ou bortent le maquereau avec des sauterelles ou puces de mer, que leurs femmes, filles, veuves & enfans pêchent de marée à autre, pour en fournir les équipages des bateaux. Ils substituent à cet appât de petits morceaux de maquereaux qu’ils levent vers la queue.

LIGNEUL, s. m. (Cordonnier, Bourrelier, &c.) c’est du fil de chanvre jaune, plié en plusieurs doubles & frotté de poix, dont on se sert pour coudre le cuir, & qu’on emploie aux usages les plus grossiers.

LIGNEUX, adj. (Bot.) c’est par cette épithete qu’on désigne la partie solide & intérieure des plantes & des arbres. On dit une fibre ligneuse. Si le corps ligneux est coupé horisontalement, on y apperçoit des cercles concentriques de différentes épaisseurs. Ligneux se dit aussi de ce qui tient à la nature du bois, comme de la coque de la noix, des racines de certaines plantes.

LIGNITE, s. f. (Hist. nat.) nom donné par un auteur italien, nommé Ludovico Doleo, à une pierre qu’il dit avoir comme des veines de bois & la transparence de verre.

LIGNITZ, Lignicium, (Géograph.) ville forte de Bohème, dans la Silésie, capitale d’une principauté de même nom. On a prétendu qu’elle avoit été fondée par les Lygiens ; mais ce peuple n’avoit point de villes, & d’ailleurs nous ne savons pas assez précisément quel pays il occupoit. Ceux qui croient que Lignitz est l’Hegetmatia de Ptolomée, ne sont pas mieux fondés, puisque du tems de ce géographe la Germanie au-delà du Rhin étoit aussi sans villes ; les urnes & autres monumens que l’on a découverts aux environs de Lignitz, ne prouvent point une origine romaine ; les Sarmates & les Slaves brûloient leurs morts, de même que les Romains ; & de plus, on trouve ces sortes d’antiquités dans toute la Silésie. Enfin Lignitz n’étoit qu’un village quand Boleslas, surnommé le Haut, l’entoura de murs, & en

fit une ville. Elle est sur le ruisseau de Cat à 2 milles N. de Jawer, à 7 N. O. de Breslaw, & autant S. de Glogaw. Long. 33. 50. lat. 51. 55.

Un gentilhomme, né à Lignitz, Gaspard de Schwencfeld, fit beaucoup de bruit dans le xvj. siecle, par ses erreurs & son fanatisme. Il finit ses jours à Ulm en 1561, âgé de 71 ans. Mais les persécutions continuelles qu’il essuya pendant sa vie, lui procurerent, après sa mort, un grand nombre de sectateurs ; alors tous ses ouvrages dispersés furent recueillis avec soin, & réimprimés ensemble en 1592, en quatre volumes in 4°. Il y soutient que l’administration des sacremens est inutile au salut ; que la manducation du corps & du sang de Jesus-Christ se fait par la foi ; qu’il ne faut baptiser personne avant sa conversion ; qu’il suffit de se confesser à notre Sauveur ; que celui-là seul est un vrai chrétien qui est illuminé ; que la parole de Dieu est Jesus-Christ en nous ; cette derniere proposition est un non-sense, diroient les Anglois, & je crois qu’ils auroient raison. (D. J.)

Lignitz, terre de, (Hist. nat. Mat. médicale.) terre bolaire jaune, très fine, qui se trouve près de la ville de Lignitz en Silésie, elle est d’une couleur très-vive ; sa surface est unie ; elle ne fait point effervescence avec les acides ; calcinée, elle devient brune & non rouge. On en fait usage dans la Médecine.

LIGNON, (Géog.) riviere de France dans le haut Forez ; elle a sa source aux confins de l’Auvergne, au-dessus de Thiers, & se jette dans la Loire, proche de Feurs : mais elle tire son plus grand lustre de ce que M. d’Urfé a choisi ses bords pour y mettre la scene des bergers de son Astrée, ce qui a fait dire à M. de Fontenelle :

O rives du Lignon ! ô plaines du Forez !
Lieux consacrés aux amours les plus tendres !
Montbrison, Marcilly, noms toujours pleins d’attrais !
Que n’êtes-vous peuplés d’Hylas & de Sylvandres ?

(D. J.)

LIGNY, (Géog.) en latin moderne Lincium, Liniacum ou Ligniacum, ville de France avec titre de comté dans le duché de Bar, dont elle est la plus considérable après la capitale. Longuerue vous en donnera toute l’histoire. Ligny est sur l’Orney, à trois lieues S. E. de Bar-le-duc, huit O. de Toul, cinquante-deux S. E. de Paris. Long. 23. 2. lat. 48. 36. (D. J.)

LIGOR, (Géog.) ville d’Asie, capitale d’un petit pays de même nom, sur la côte orientale de la presqu’île de Malaca, avec un port difficile d’entrée & un magasin de la compagnie hollandoise. Elle appartient, ainsi que le pays, au roi de Siam. Long. 118. 30. lat. 7. 40. (D. J.)

LIGUE, (Gramm.) union ou confédération entre des princes ou des particuliers pour attaquer ou pour se défendre mutuellement.

Ligue, la, (Hist. de France.) on nomme ainsi par excellence toutes les confédérations qui se formerent dans les troubles du royaume contre Henri III. & contre Henri IV. depuis 1576 jusqu’en 1593.

On appella ces factions la sainte union ou la sainte ligue ; les zélés catholiques en furent les instrumens, les nouveaux religieux les trompettes, & les lorrains les conducteurs. La mollesse d’Henri III. lui laissa prendre l’accroissement, & la reine mere y donna la main ; le pape & le roi d’Espagne la soutintent de toute leur autorité ; ce dernier à cause de la liaison des calvinistes de France avec les confédérés des pays-bas ; l’autre par la crainte qu’il eut de ces mêmes huguenots, qui, s’ils devenoient les plus forts, auroient bientôt sappé sa puissance. Abrégeons