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Mais il paroît que ce nom est fort impropre ; car on pourroit plutôt dire que l’axe de la terre auroit une libration du midi au nord ou du nord au midi, si cet axe ne demeuroit pas toujours parallele à lui-même. Pour qu’il demeure dans cet état, il n’est besoin d’aucune force extérieure, il a dû prendre cette situation dès que la terre a commencé à tourner, & l’a conservée depuis par la proprieté qu’ont tous les corps de rester dans l’état qui leur a été donné, à moins qu’une cause extérieure & étrangere ne les en tire. Toute la question qu’on peut faire ici, c’est de savoir pourquoi l’axe de la terre est dans cette situation, & pour quoi il n’est pas perpendiculaire à l’écliptique, plutôt que de lui être incliné de la valeur de 23 degrés & demi. A cela on peut répondre que cette situation est peut-être nécessaire pour la distribution alternative des différentes saisons entre les habitans de la terre. Si l’axe de la terre étoit perpendiculaire à l’écliptique, les habitans de l’équateur auroient tous vûs le soleil sur leurs têtes, & les habitans des poles ne le verroient jamais qu’à leur horison ; de sorte que les uns auroient un chaud insupportable, tandis que les autres souffriroient un froid excessif. C’est peut-être là, si on peut parler ainsi, la raison morale de cette situation de l’axe de la terre. Mais quelle en est la cause physique ? Il n’est pas si facile de la trouver ; on doit même avouer que dans le système de M. Newton on ne peut guère en apporter d’autres, que la volonté du Créateur ; mais il ne paroît pas que dans les autres systèmes on explique plus heureusement ce phénomene.

M. Pluche, auteur du Spectacle de la Nature, prétend que l’axe de la terre n’a pas toujours été incliné au plan de l’écliptique ; qu’avant le déluge, il lui étoit perpendiculaire, & que les hommes jouissoient alors d’un printems perpétuel ; que Dieu voulant les punir de leurs désordres & les détruire entierement, se contenta d’incliner quelque peu l’axe de la terre vers les étoiles du nord, que par ce moyen l’équilibre des parties de l’athmosphere fut rompu, que les vapeurs qu’elle contenoit retomberent avec impétuosité sur le globe, & l’inonderent. On ne voit pas trop sur quelles raisons M. Pluche, d’ailleurs ennemi déclaré des systèmes, a appuyé celui-ci : aussi a-t-il trouvé plusieurs adversaires ; un d’entr’eux a fait imprimer dans les mémoires de Trévoux de 1745 plusieurs lettres contre cette opinion.

Quoi qu’il en soit, il y a réellement dans l’axe de la terre, en vertu de l’action de la lune & du soleil, un mouvement de libration ou de balancement, mais ce mouvement est très-petit ; & c’est celui qu’on appelle plus proprement nutation. Voyez Nutation. (O)

Libration, (Peinture). Voyez Pondération.

LIBRE, adj. (Gram.) Voyez les articles Liberté.

Libres, s. m. pl. (Théol.) On donna ce nom à des hérétiques, qui dans le seizieme siecle suivoient les erreurs des Anabaptistes, & prenoient ce nom de libres, pour secouer le joug du gouvernement ecclésiastique & séculier. Ils avoient les femmes en commun, & appelloient spirituels les mariages contractés entre un frere & une sœur ; défendant aux femmes d’obéir à leurs maris, lorsqu’ils n’étoient pas de leur secte. Ils se croyoient impeccables après le baptême, parce que selon eux, il n’y avoit que la chair qui péchât, & en ce sens ils se nommoient les hommes divinisés. Prateole. Voyez Liberi. Gantier, chron. sect. 16. c. 70.

Libre, (Ecrivain), est en usage dans l’écriture pour désigner un style vif, un caractere coulant, libre, une main qui trace hardiment ses traits. Voyez nos Planches d’Ecriture & leur explication, tome II. part. II.

Libre, parmi les Horlogers, se dit d’une piece ou d’une roue, &c. qui a de la liberté. Voyez Liberté, Jeu, &c.

LIBRIPEUS, s. m. (Hist. anc.) C’étoit dans chaque ville un essayeur des monnoies d’or & d’argent ; les Grecs avoient une fonction pareille. On donnoit le même nom à celui qui pesoit la paye des soldats, & à celui qui tenoit la balance, lorsqu’on émancipoit quelqu’un à prix d’argent. D’où l’on voit que dans ces circonstances & d’autres ; l’argent ne se comptoit pas, mais se pesoit.

LIBUM, s. m. (Hist. anc.), gâteau de sesame, de lait & de miel, dont on se servoit dans les sacrifices, sur-tout dans ceux qu’on faisoit à Bacchus & aux Lares, & à la fête des termes. Libum Testativum, se disoit de Testa, ou du vaisseau où le gâteau se cuisoit.

LIBURNE, s. m. Liburnus, (Hist. rom.) huissier qui appelloit les causes qu’on devoit plaider dans le barreau de Rome ; c’est ce que nous apprenons de Martial qui tâche de détourner Fabianus, homme de bien, mais pauvre, du dessein de venir à Rome où les mœurs étoient perdues ; procùl horridus liburnus ; & Juvenal dans sa quatrieme Satyre,

Primus, clamante liburno,
Currite, jàm sedit.

L’empereur Antonin décida dans la loi VII. ff. de integ. restit. que celui qui a été condamné par défaut, doit être écouté, s’il se présente avant la fin de l’audience, parce qu’on présume qu’il n’a pas entendu la voix de l’huissier, liburni. Il ne faut donc pas traduire liburnus par crieur public, comme ont fait la plûpart de nos auteurs, trop curieux du soin d’appliquer tous les usages aux nôtres. (D. J.)

Liburne, s. f. (Arch. nav.) liburna dans Horace, liburnica dans Suetone & dans Lucain ; sorte de frégate légere, de galiote, ou de brigantin à voiles & à rames, qu’employoient les Liburniens pour courir les îles de la mer Ionienne. Suidas dit que les liburnes servoient beaucoup en guerre pour des pirateries, à cause qu’elles étoient bonnes voilieres. La flotte d’Octave en avoit un grand nombre qui lui furent très-utiles à la bataille d’Actium. Végece prétend qu’elles étoient de différentes grandeurs, depuis un rameur jusqu’à cinq sur chaque rame ; mais nous ne comprenons rien à la disposition & à l’arrangement de ces rangs de rames, dont plusieurs auteurs ont tâché de nous représenter la combinaison. Il ne s’agit pas ici d’une spéculation stérile, il s’agit d’une exécution pratique. (D. J.)

LIBURNIE, Liburnia, (Géog. anc.) province de l’Illyrie, le long de la mer Adriatique, aux confins de l’Italie. Elle est entre l’Istrie & la Dalmatie, & s’étend depuis le mont Albius, jusqu’à la mer Adriatique. Le fleuve Arfia la séparoit de l’Istrie, & le fleuve Titius, de la Dalmatie. Ptolomée vous indiquera les villes de la Liburnie, & les îles adjacentes. Le P. Briet prétend que les Liburniens occupoient la partie occidentale de la Dalmatie, & indique leurs villes. Il paroît que la Croatie remplace aujourd’hui l’ancienne Liburnie.

Nous savons encore plus sûrement, que ce peuple avoit autrefois passé la mer, & possédé une partie de la côte orientale d’Italie ; il en fut chassé de même que les Sicules, par les Ombres ; ceux-ci en furent dépossédés à leur tour par les Etrusques, & les Etrusques par les Gaulois. Comme ils se servoient de petits vaisseaux légers, de différentes grandeurs, on donna le nom de Liburnes à tous les vaisseaux de même construction en ce genre. (D. J.)

LIBURNUM, s. n. (Littér.) sorte de chaise