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tois, & se jette dans la Manche, au-dessous de Boulogne. (D. J.)

LIANT, adj. (Gram.) Il se dit au physique & au moral. Au physique, il désigne une souplesse molle, une élasticité douce & uniforme dans toute la continuité du corps ; c’est en ce sens qu’un ressort est liant. Le tissu de l’osier est liant. Au moral il se dit d’un caractere doux, affable, complaisant, & qui invite à former une liaison.

LIARD, s. m. (Monnoie.) teruncius, petite monnoie de billon, qui vaut trois deniers, & fait la quatrieme partie d’un sol. Louis XI. en fit fabriquer qui eurent en Guyenne le nom de hardi. On en fabriqua en 1658 de cuivre pur, qu’on appella doubles, parce qu’ils ne valoient que deux deniers ; ils ont été remis à trois deniers au commencement de ce siecle, & ont repris leur premier nom de liard.

On ignore l’origine de ce mot ; les uns prétendent qu’il est venu par corruption de li-hardi, petite monnoie des princes anglois, derniers ducs d’Aquitaine ; d’autres tirent ce mot de Guignes Liard, natif de Crémieu, qui inventa, disent-ils, cette monnoie en 1430 ; d’autres enfin prétendent qu’elle fut ainsi nommée par opposition aux blancs, lyblancs, & qu’étant les premieres pieces qu’on eût vû de billon, on les appella ly-ards, c’est-à-dire les noirs. (D. J.)

LIASSE, s. f. (Jurisprud.) se dit de plusieurs pieces & procédures enfilées & attachées ensemble par le moyen d’un lacet ou d’un tiret.

Lorsqu’il y a plusieurs liasses de papiers dans un inventaire, on les cotte ordinairement par premiere, seconde, troisieme, &c. afin de les distinguer & de les reconnoître. (A)

LIBAGES, s. m. pl. en Architecture. Ce sont des quartiers de pierres dures & rustiques, de quatre ou cinq à la voie, qu’on emploie brutes dans les fondations, pour servir comme de plate-forme pour asseoir dessus la maçonnerie de moilon ou de pierre de taille.

LIBAN, le, Libanus, (Géog.) montagne célebre d’Asie, aux confins de la Palestine & de la Syrie. Nous ne nous arrêterons point à ce que les anciens géographes disent du Liban & de l’anti-Liban, parce que nos modernes en ont beaucoup mieux connu la situation & l’étendue.

Ils appellent le Liban les plus hautes montagnes de la Syrie ; c’est une chaîne de montagnes qui courent le long du rivage de la mer Méditerranée, du midi au septentrion. Son commencement est vers la ville de Tripoli, & vers le cap rouge ; sa fin est au-delà de Damas, joignant d’autres montagnes de l’Arabie déserte. Cette étendue du couchant à l’orient, est environ sous le 35 degré de latitude.

L’anti-Liban, ainsi nommé à cause de sa situation opposée à celle du Liban, est une autre suite de montagnes qui s’élevent auprès des ruines de Sidon, & vont se terminer à d’autres montagnes du pays des Arabes, vers la Trachonitide, sous le 34 degré.

Chacune de ces montagnes est d’environ cent lieues de circuit, sur une longueur de 35 à 40 lieues, ce qui est facile à comprendre, si on fait réflexion qu’elles occupent un espace fort vaste, en trois provinces qu’on appelloit autrefois la Syrie propre, la Cœlé-Syrie, & la Phénicie, avec une partie de la Palestine.

De cette façon, le Liban & l’anti-Liban pris ensemble, ont à leur midi la Palestine, du côté du nord l’Arménie mineure ; la Mésopotamie ou le Diarbeck, avec partie de l’Arabie déserte, sont à leur orient, & la mer de Syrie du côté du couchant.

Ces deux hautes montagnes sont séparées l’une

de l’autre, par une distance assez égale par-tout ; & cette distance forme un petit pays fertile, auquel on donnoit autrefois le nom de Cœlé-Syrie, ou Syrie creuse ; c’est une profonde vallée, presque renfermée de toutes parts. Voyez de plus grands détails dans Relandi Paloestina, les voyages de Maundrell, dans le voyage de Syrie & du mont Liban, par la Roque. Lucien parle d’un temple consacré à Vénus sur le mont Liban, & qu’il avoit été voir. L’empereur Constantin le fit démolir.

Dom Calmet croit que le nom de Liban vient du mot hébreu leban ou laban, qui veut dire blanc, parce que cette chaîne de montagnes est couverte de neige. (D. J.)

LIBANOCHROS, s. m. (Hist. nat.) pierre qui suivant Pline ressembloit par sa couleur à des grains d’encens ou à du miel.

LIBANOMANCIE, s. f. (Divin.) divination qui se faisoit par le moyen de l’encens.

Ce mot est composé du grec λιϐανος, encens, & μαντεία, divination.

Dion Cassius, l. XLI. de l’hist. august. parlant de l’oracle de Nymphée, proche d’Apollonie, décrit ainsi les cérémonies usitées dans la libanomancie. On prend, dit-il, de l’encens, & après avoir fait des prieres relatives aux choses qu’on demande, on jette cet encens dans le feu, afin que sa fumée porte ces prieres jusqu’aux dieux. Si ce qu’on souhaite doit arriver, l’encens s’allume sur le champ, quand même il seroit tombé hors du feu, le feu semble l’aller chercher pour le consumer ; mais si les vœux qu’on a formés ne doivent pas être remplis, ou l’encens ne tombe pas dans le feu, ou le feu s’en éloigne, & ne le consume pas. Cet oracle, ajoute-t-il, prédit tout, excepté ce qui regarde la mort & le mariage. Il n’y avoit que ces deux articles sur lesquels il ne fut pas permis de le consulter.

LIBANOVA, (Géog.) bourg de Grece dans la Macédoine, & dans la province de Jamboli, sur la côte du golfe de Contessa, au pié du Monte-Santo. Le bourg est pauvre & dépeuplé ; mais c’est le reste de Stagyre, la patrie d’Aristote, & cela me suffiroit pour en parler. (D. J.)

LIBATION, s. f. (Littér. gréq. & rom.) en grec λοιϐὴ & σπονδὴ, Hom. en latin libatio, libamen, libamentum, d’où l’on voit que le mot françois est latin ; mais nous n’avons point de terme pour le verbe libare, qui signifioit quelquefois sacrifier ; de-là vient que Virgile dit l. VII. de l’Ænéide, nunc pateras libate Jovi ; car les libations accompagnoient toujours les sacrifices. Ainsi pour lors les libations étoient une cérémonie d’usage, où le prêtre épanchoit sur l’autel quelque liqueur en l’honneur de la divinité à laquelle on sacrifioit.

Mais les Grecs & les Romains employoient aussi les libations sans sacrifices, dans plusieurs conjonctures très-fréquentes, comme dans les négociations, dans les traités, dans les mariages, dans les funérailles ; lorsqu’ils entreprenoient un voyage par terre ou par mer ; quelquefois en se couchant, en se levant ; enfin très-souvent au commencement & à la fin des repas ; alors les intimes amis ou les parens se réunissoient pour faire ensemble leurs libations. C’est pour cela qu’Eschine a cru ne pouvoir pas indiquer plus malicieusement l’union étroite de Démosthene & de Géphisodote, qu’en disant qu’ils faisoient en commun leurs libations aux dieux.

Les libations des repas étoient de deux sortes ; l’une consistoit à séparer quelque morceau des viandes, & à le brûler en l’honneur des dieux ; dans ce cas, libare n’est autre chose que excerpere ; l’autre sorte de libation, qui étoit la libation proprement dite, consistoit à répandre quelque liqueur, comme