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Le reptile dont il est question n’a guere plus de sept à huit pouces de longueur ; il est stupide, pesant, applati & comme collé sur les corps qu’il touche. Sa tête paroît écrasée, ayant deux gros yeux ronds sortant en-dehors d’une façon difforme. Il a les pattes grosses, courtes, très-écartées, & armées de griffes toujours ouvertes. Sa peau est flasque, jaunâtre & couverte de taches livides, hideuses à voir. Le maboya se gîte dans les plantations de bananiers, dans les souches d’arbres pourris, sous les pierres & dans les charpentes des maisons. Il jette par intervalle un vilain cri semblable au bruit d’une petite cresselle qui seroit agitée par secousses. On craint sa morsure ; & l’on prétend que s’il s’applique sur la chair il y cause une sensation brûlante, mais je n’ai jamais vû personne qui en ait ressenti l’effet. (M. le Romain.)

Lézard, (Mat. med.) Le lézard appliqué extérieurement passe pour faire sortir les corps étrangers hors des plaies, & pour attirer le venin des morsures ou piqures des animaux venéneux. L’onguent fait avec sa chair, est regardé comme un remede contre l’alopécie ; mais ces prétentions ne sont pas moins frivoles que la plûpart de celles qu’on trouve dans tant d’auteurs de medecine, sur les vertus medicinales des animaux.

On fait entrer la fiente de lézard séchée dans les poudres composées pour les taies des yeux.

Lézarde, s. f. (Archit.) terme de bâtiment. On appelle ainsi les crevasses qui se font dans les murs de maçonnerie par vétusté ou malfaçon. Latin, fissuræ.

LEZE, voyez ci-devant Lese.

LEZÉ, voyez ci-devant Lesé.

LEZINE, s. f. (Morale.) c’est l’avarice qui, pour l’intérêt le plus leger, blesse les bienséances, les usages, & brave le ridicule. C’est un trait de lézine dans un ancien officier général fort riche, que de se loger dans une chambre éclairée par une des lanternes de la rue, afin de pouvoir se coucher sans allumer une chandelle. Ce qui n’est qu’avarice dans un bourgeois est lézine dans un homme de qualité.

La cupidité est l’avarice en grand ; elle veut envahir, elle blesse visiblement l’ordre général : l’avarice veut acquérir & craint de dépenser ; elle blesse la justice : la lézine a de petits objets, soit d’épargne, soit de profit ; elle est ridicule. Il est bien extraordinaire qu’un aussi grand homme que mylord Marlboroug ait eu la cupidité la plus insatiable, l’avarice la plus sordide, & la lézine la plus ridicule.

LEZION, voyez ci-devant Lésion.

LI, LY, LIS, LYS, s. m. (Mesure chinoise.) comme vous voudrez l’écrire, est la plus petite mesure itinéraire des Chinois. Le P. Maffée dit que le li comprend l’espace où la voix de l’homme peut porter dans une plaine quand l’air est tranquille & serain ; mais les confreres du P. Maffée ont apprécié le li avec une toute autre précision.

Le P. Martini trouve dans un degré 90 mille pas chinois ; & comme 350 de ces pas font le li, il conclut qu’il faut 250 de ces lis pour un degré : de sorte que selon lui 25 lis font six milles italiques ; car de même que six milles italiques multipliés par dix, font 60 pour le degré, de même 25 lis, multipliés par dix, sont 250.

Le P. Gouye remarque qu’il en est des lis chinois comme de nos lieues françoises, qui ne sont pas de même grandeur par-tout. Le P. Noel confirme cette observation, en disant que dans certains endroits 15 lis & dans d’autres 12, répondent à une heure de chemin ; c’est pourquoi, continue ce jésuite, j’ai cru pouvoir donner 12 lis chinois à une lieue de

Flandre. Cette idée du P. Noel s’accorde avec ce que dit le P. Verbiest dans sa cosmographie chinoise, qu’un degré de latitude sur la terre est de 250 lis.

Or je raisonne ainsi sur tout cela ; puisque 250 lis chinois font un degré de latitude, & que suivant les observations de l’académie des Sciences le degré est de 57 mille 60 toises, il résulte que chaque li est de 208 toises & de six vingt cinquiemes de toise, & que par conséquent la lieue médiocre, la françoise, qui est de 2282 toises du châtelet de Paris, fait environ dix lis chinois. (D. J.)

LIA-FAIL, s. m. (Hist. anc.) C’est ainsi que les anciens Irlandois nommoient une pierre fameuse qui servoit au couronnement de leurs rois ; ils prétendoient que cette pierre, qui dans la langue du pays signifie pierre fatale, poussoit des gémissemens quand les rois étoient assis dessus lors de leur couronnement. On dit qu’il y avoit une prophétie qui annonçoit que par-tout où cette pierre seroit conservée, il y auroit un prince de la race des Scots sur le trône aux. siecle. Elle fut enlevée de force par Edouard I. roi d’Angleterre, de l’abbaye de Scône, où elle avoit été conservée avec vénération ; & ce monarque la fit placer dans le fauteuil qui sert au couronnement des rois d’Angleterre, dans l’abbaye de Westminster, où l’on prétend qu’elle est encore. Voyez Histoire d’Irlande par Mac-Geogegan.

LIAGE, s. m. (Jurisprud.) droit qui se leve au profit de certains seigneurs, non pas sur le vin même, comme l’ont cru quelques auteurs, mais sur les lies des vins vendus en broche dans l’étendue de leur seigneurie.

Le grand bouteiller de France jouissoit de ce droit, & en conséquence prenoit la moitié des lies de tous les vins que l’on vendoit à broche en plusieurs celliers assis en la ville de Paris. Mais plusieurs personnes se prétendoient exemptes de ce droit, entr’autres le chapitre de Paris pour ses sujets ; il avoit toute jurisdiction pour cet objet, suivant les preuves qui en sont rapportées par M. de Lauriere en son glossaire, au mot liage. Depuis la suppression de l’office de grand bouteiller, on ne connoît plus à Paris ce droit de liage.

Il est fait mention de ce droit au livre ancien qui enseigne la maniere de procéder en cour laie, & dans les ordonnances de la prevôté & échevinage de Paris, & dans deux arrêts du seigneur de Noyers, du 7 Avril 1347. (A)

Liage, fil de, (Manufacture en soie.) il se dit du fil qui lie la dorure ou la soie.

Liage, lisse de, c’est celle qui fait baisser les fils qui lient la dorure & la soie.

LIAIS, Pierre de, (Hist. nat.) c’est ainsi qu’on nomme en France une espece de pierre à chaux, compacte, dont le grain est plus fin que celui de la pierre à bâtir ordinaire ; elle est fort dure, & sonnante sous le marteau quand on la travaille. Elle peut se scier en lames assez minces, sans pour cela se casser. Comme on peut la rendre assez unie, on en fait des chambranles de cheminées & d’autres ouvrages propres. C’est la pierre la plus estimée, on l’emploie sur-tout dans la fondation des édifices, parce que la pierre tendre ne vaudroit rien pour cet usage. Les Mâçons & ouvriers l’appellent par corruption pierre de liere. (—)

Liais, (Draperie.) voyez l’article Manufacture en Laine.

Liais, chez les Tisserands, se dit des longues tringles de bois qui soutiennent les lisses ; de l’assemblage des liais & des lisses résulte ce qu’on appelle des lames.

LIAISON, s. f. (Gram.) c’est l’union de plusieurs choses entr’elles, qualité en conséquence de laquelle elles forment ou peuvent être regardées comme for-