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débauche s’étoient emportés jusqu’à oublier leur sexe, les prodigues & les débiteurs du fisc.

Les femmes jusqu’au tems de Cécrops, avoient eu droit de suffrage ; elles le perdirent, dit-on, pour avoir favorisé Minerve dans le jugement du procès qu’elle eut avec Neptune, à qui nommeroit la ville d’Athenes.

Le mot lexiarque vient de λῆξις, héritage, patrimoine, & ἄρχειν, commander, parce que ces magistrats avoient la jurisdiction sur les sujets qui devoient decider des affaires, du bien & du patrimoine de la république. (D. J.)

LEXICOGRAPHIE, s. f. (Gramm.) la Grammaire se divise en deux parties générales, dont la premiere traite de la parole, c’est l’Orthologie ; la seconde traite de l’écriture, & c’est l’Orthographe. Celle-ci se partage en deux branches, que l’on peut nommer Lexicographie & Logographie.

La Lexicographie est la partie de l’Orthographe qui prescrit les regles convenables pour représenter le matériel des mots, avec les caracteres autorisés par l’usage de chaque langue. On peut voir à l’article Grammaire, l’étymologie de ce mot, l’objet & la division détaillée de cette partie, & sa liaison avec les autres branches du système de toute la Grammaire ; & à l’article Orthographe, les principes qui en sont le fondement. (B. E. R. M.)

LEXICOLOGIE, s. f. (Gramm.) l’Orthologie, premiere partie de la Grammaire, selon le système adopté dans l’Encyclopédie, se soudivise en deux branches générales, qui sont la Lexicologie & la Syntaxe. La Lexicologie a pour objet la connoissance des mots considérés hors de l’élocution, & elle en considere le matériel, la valeur & l’étymologie. Voyez à l’article Grammaire, tout ce qui concerne cette partie de la science grammaticale. (B. E. R. M.)

LEYDE, Lugdunum Batavorum, (Géog.) ville des Provinces-unies, capitale du Rheinland ; elle est grande, riche, agréable, & la plus peuplée des Provinces-unies, après Amsterdam. C’est aussi une des six premieres villes de la Hollande, ayant 45 bourgs ou villages qui dépendent de son territoire ; mais son académie ou son université, fondée en 1565 par le prince d’Orange & les états de la province, est ce qui contribue le plus à son illustration.

On convient assez généralement du nom latin de Leyde : les Géographes la reconnoissent pour le Lugdunum Batavorum, dont Ptolomée fait une mention honorable, & que l’Itinéraire d’Antonin appelle Lugdunum ad Rhenum caput Germanorum. A l’égard de ses anciens noms du pays, Alting vous en instruira.

Il n’est pas aussi facile de décider du tems de sa fondation, quoiqu’il soit prouvé qu’elle est plus ancienne qu’Harlem, fondée en 406 par Lémus fils de Dibbald, roi des Frisons ; elle est même plus ancienne que Dort, puisque nous avons vu qu’elle étoit déja fameuse du tems de Ptolomée qui vivoit sous Antonin Pie, fondateur de Dort. Enfin, dans l’année 1090, on la regardoit pour une seigneurie considérable, & les comtes de Hollande lui donnerent des seigneurs héréditaires avec le titre de Burggraves.

Mais pour passer à des siecles moins reculés, ses citoyens se comblerent de gloire dans le siege que les Espagnols firent de leur ville en 1572, & qu’ils renouvellerent l’année suivante. Cette défense est un des plus grands témoignages historiques de ce que peut sur les hommes l’amour de la liberté. Les habitans de Leyde, souffrirent alors tout ce qu’il est possible d’imaginer de plus cruel. La famine & la peste les réduisirent à l’extrémité, sans leur faire perdre courage. Ils manderent leur triste état au prince d’Orange par le moyen des pigeons, pratique ordinaire en Asie, & peu connue des Européens ; en-

suite, ils firent la même chose que les Hollandois

mirent en usage en 1672, lorsque Louis XIV étoit aux portes d’Amsterdam, ils percerent les digues ; les eaux de l’Issel, de la Meuse & de l’Océan, inonderent les campagnes, & une flotte de deux cens bateaux apporta du secours dans leur ville par-dessus les ouvrages des Espagnols. Vainement ceux-ci entreprirent de saigner cette vaste inondation, ils n’y purent réussir, & Leyde célebre encore aujourd’hui tous les ans, le jour de sa délivrance. La monnoie de papier qu’elle fabriqua avec la légende admirable qui peignoit les sentimens qui l’animoient, libertatis ergò, fut toute échangée pour de l’argent quand la ville se trouva libre.

Elle est très-avantageusement située sur le Rhin, dans une plaine, au milieu des autres villes de la Hollande, à une lieue de la mer, 3 de Delft, 6 S. E. de Harlem, 7 O. d’Utrecht, 8 S. O. d’Amsterdam, 6 N. O. de Rotterdam, & 9 de Dort. Long. suivant Zumbac, 22d 8′ 48″. lat. 52d 12′.

L’académie de Leyde est la premiere de l’Europe. Il semble que tous les hommes célebres dans la république de lettres, s’y sont rendus pour la faire fleurir, depuis son établissement jusqu’à nos jours. Jean Douza, Joseph Scaliger, Saumaise, Adrien Junius, Pierre Forest, Rember Dodonée, François Rapheleng, Jean Cocceius, François Gomar, Paul Merula, Charles Cluvius, Conrard Vorstius, Philippe Cluvier, Jacques Arminius, Jacques Golius, Daniel Heinsius, Dominique Baudius, Paul Herman, Gerard Noodt, Sebultens, Burman, Vitriarius, S’gravesande & Boerhaave, dont les grands éleves sont devenus les médecins des nations ; je ne dois pas oublier de joindre à cette liste incomplete, les Gronovius & les Vossius nés dans l’académie.

Les Gronovius nous ont donné tous les auteurs classiques, cum notis variorum ; mais nous devons à Jacques, mort en 1716 âgé de 71 ans, un nombre étonnant d’autres ouvrages, dont vous trouverez le catalogue dans les Mém. du P. Niceron tit. II. Je me contenterai de citer le Trésor des antiquités grecques, Lug. Bat. 1697. en 13. vol. in-folio. Les meilleures éditions des anciens Géographes, Scylax, Agathamer, Palmerius, Manéthon, Etienne de Byzance, Pomponius Méla, Arrien, & la belle édition de Marcellin, Lug. Bat. 1693. in-fol. & celle d’Hérodote, Lug. Bat. 1715. in-folio. sont le fruit des veilles de cet illustre littérateur.

(Gérard Jean) Vossius, doit appartenir à Leyde, quoique né dans le Palatinat, parce que son pere l’emmena en Hollande, n’ayant que six mois, & qu’il y mourut en 1649 âgé de 72 ans. On connoît ses ouvrages latins sur l’origine de l’idolâtrie, les sciences mathématiques, les arts populaires, l’histoire du pélagianisme ; les historiens grecs & latins, les poëtes grecs & latins, le recueil étymologique de la langue latine, &c. On les a rassemblés à Amsterdam en 6 vol. in-folio. Il laissa cinq fils, Denis, François, Gérard, Matthieu, & Isaac, qui entre eux & leur pere ont rempli le xvij. siecle de leurs ouvrages. C’est à Isaac que M. Colbert écrivit en 1663 : « Monsieur, quoique le roi ne soit pas votre souverain, il veut néanmoins être votre bienfaiteur, & m’a commandé de vous en voyer la lettre de change ci-jointe, comme une marque de son estime, & un gage de sa protection. Chacun sait que vous suivez l’exemple du fameux Vossius votre pere, & qu’ayant reçu de lui un nom qu’il a rendu illustre par ses écrits, vous en conservez la gloire par les vôtres, &c. » Isaac Vossius mourut à Windsor en 1648, à 71 ans.

Pour ce qui est de Jean Douza (Jan Vander Does) que j’ai mis à la tête des hommes qui nés dans le sein de Leyde, ont fait fleurir cette ville ; il faut ajou-