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ce sont des especes de tramaux ou filets tramaillés. Voyez Tramaux.

LÉRINS, (les Iles de) Lerinæ insula, Géog. nom de deux petites îles de la mer Méditerranée, sur la côte de Provence, à 2 lieues d’Antibes.

Celle des deux îles, qui est le plus près de la côte, a une lieue & demie de long, sur une demi-lieue de large ; elle s’appelle l’de sainte Marguerite, & est la Leto ou Lerone des anciens. Elle a une sorte de forteresse, avec une garnison d’invalides, pour y garder les prisonniers d’etat.

L’autre île est nommée des anciens Lerina, Lerinum, Lerinus. Tacite, l. I. de ses Annales, rapporte qu’Auguste y avoit relegué Agrippa son neveu. On l’appelle aujourd’hui l’île saint Honorat, parce que ce saint en 410 la choisit pour sa retraite, & y fonda le monastere de Lerins, qui suit la regle de saint Benoît. L’île saint Honorat est du côté de l’ouest, plus basse & plus petite que l’île sainte Marguerite.

LERME, (Géog.) petite ville d’Espagne, dans la vieille Castille, érigée en duché par Philippes III. en 1599, en faveur de son favori & premier ministre le duc de Lerme, qui devint cardinal après la mort de sa femme, & qui y bâtit le château de Lerme. La ville est sur la petite riviere d’Arlanzon, à 6 lieues de Burgos, & à 12 de Valladolid. Long. 14. 10. let. 61. 30.

LERNE, (Géog. anc. Mythol. & Litt.) marais du Péloponnese, au royaume d’Argos.

Il est celebre dans les tems fabuleux, par le meurtre des fils d’Œgyptus ; car ce fut-là, dit Pausanias, l. II. c. xxjv. que les filles de Danaüs, leurs fiancées, les égorgerent, & leurs corps y furent inhumés, mais leurs têtes furent portées à Argos, & l’en y montroit leur sépulture, sur le chemin de la citadelle.

Lerne n’est pas moins célebre dans les écrits des Poëtes, par cette hydre à sept têtes, dont Hercule triompha ; ce qui signifie, nous disent les Mythologistes, autant de sources qui se perdoient dans ce marais, & qu’Hercule détourna pour le dessécher.

Quoi qu’il en soit, ce lieu étoit réputé mal-sain, & les assassinats qu’on y avoit commis, obligerent plusieurs fois de le purifier. Ce sont ces purifications, qui suivant Strabon, donnerent naissance à une expression proverbiale, Λέρνη κακῶν, Lerne de maux, expression, ajoute ce géographe, que les modernes interpretes des proverbes, comme Zénobius, Diogénianius, & autres, ont prétendu expliquer, en supposant qu’on voituroit à Lerne tous les immondices d’Argos.

Le marais de Lerne s’écouloit dans une petite riviere qui entrant dans la Laconie, portoit ses eaux dans la mer, & au nord de son embouchure.

Entre la riviere de Lerne & les confins d’Argos, étoit une petite ville du même nom Lerna, que le marais & la riviere. C’est du moins de cette maniere, que M. de Lisle, dans sa belle carte de l’ancienne Grece, concilie les divers auteurs qui parlent de Lerne, les uns comme ville, d’autres comme riviere, & d’autres enfin comme un marais infect & mal-sain. M. l’abbé Fourmont en 1729, n’a vû ni ville, ni riviere, ni marais, mais une simple fontaine qu’on nomme Lerne, & qui est à 200 pas de la mer.

LERNECA, (Géog.) ancienne ville de Chypre, qui a du être autrefois considérable, à en juger par ses ruines. Elles forment encore un village de ce nom, sur la côte méridionale de l’île de Chypre ; ce village a une bonne rade, & un petit fort pour sa défense. (D. J.)

LERNÉES, (Littérat.) fêtes ou mysteres qu’on célébroit à Lerna, petite ville près d’Argos, en

l’honneur de Bacchus & de Cérès. La déesse y avoit un bois sacré, tout en platanes, & au milieu du bois étoit sa statue de marbre qui la representoit assise ; Bacchus y avoit aussi sa statue ; mais quant aux sacrifices nocturnes qui s’y font tous les ans à l’honneur de ce dieu, dit Pausanias, il ne m’est pas permis de les divulguer. (D. J.)

LÉROS, (Géog. anc.) le nom moderne est Léro, ile d’Asie, dans la mer Egée, l’Archipel, l’une des sporades, sur la côte de Cane ; c’étoit une des colonies des Milésiens ; ses habitans avoient assez mauvaise réputation du côté de la probité, si nous en jugeens par une épigramme de Phocydide, qui se trouve dans l’anthologie ; mais au lieu de l’original que peu de lecteurs entendroient, j’y substituerai la traduction qu’en a faite M. Chevreau dans ses Œuvres mêlées, p. 369.

Ceux de Léros ne valent rien,
Hors Patrocle pourtant qui malgré sa naissance
A passé jusqu’ici pour un homme de bien ;
Mais quand avec Patrocle on a fait connoissance,
Encore s’apperçoit-on qu’il tient du Lérien.

Long. de Léro 44. 40. lat. 37. (D. J.)

LEROT, s. m. (Hist. nat. quadrup.) mus avellanarum major, Rai, synop. anim. quadr. rat dormeur un peu plus petit que le loir ; il en differe principalement en ce qu’il n’a de longs poils qu’au bout de la queue. Ses yeux sont entourés d’une bande noire qui s’étend en avant jusqu’à la moustache, & en arriere jusqu’au-delà de l’oreille, en passant par-dessus l’œil. La face supérieure du corps est de couleur fauve, mêlée de cendré brun, & de brun noirâtre ; la face inférieure a une couleur blanche, avec des teintes jaunâtres & cendrées. Le lerot est plus commun que le loir ; on l’appelle aussi rat blanc ; il se trouve dans les jardins, & quelquefois dans les maisons ; il se niche dans des trous de murailles, près des arbres en espalier, dont il mange les fruits ; il grimpe aussi sur les arbres élevés, tels que les poiriers, les abricotiers, les pruniers, & lorsque les fruits lui manquent, il mange des amandes, des noisettes, des noix, &c. & même des graines légumineuses ; ce rat transporte des provisions dans des trous en terre, dans des creux d’arbres, ou dans des fentes de vieux murs, qu’il garnit de mousse, d’herbe, & de feuilles. Il reste engourdi & pelotonné durant le froid. Il s’accouple au printems ; la femelle met bas en été cinq ou six petits à chaque portée. Le lerot a une aussi mauvaise odeur que le rat domestique : aussi sa chair n’est pas mangeable. On trouve des lerots dans tous les climats tempérés de l’Europe, & même en Pologne, en Prusse, &c. Hist. nat. génér. & part. tom. VIII. Voyez Rat dormeur & Quadrupede.

LESBOS, (Géog. anc.) ile de la mer Egée, sur la côte de l’Asie mineure, & plus particulierement de l’Æolie. Strabon lui donne 137 milles & demi de tour, & Pline, selon la pensée d’Isidore, 168 milles.

Elle tenoit le septieme rang entre les plus grandes îles de la mer Méditerranée. Les Grecs sous la conduite de Graüs, arriere-petit-fils d’Oreste, fils d’Agamemnon. y établirent une colonie qui devint si puissante, qu’elle & la ville de Cumes passerent pour la métropole de toutes les colonies greques qui composoient l’Æolide, & qui étoient environ au nombre de trente. Pausanias prétend que Penthilus fils d’Oreste, fut celui qui s’empara de l’ile de Lesbos.

Elle avoit eu plusieurs noms ; Pline en rapporte six, & néanmoins il ne dit rien de celui d’Issa, que Strabon n’a pas oublié. Ce nom d’Issa lui venoit d’Issus fils de Macarée : le nom de Macaria lui venoit