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leuse paroisse dure & insensible, cependant pour peu qu’on en effleure la surface avec la lancette, le sang en sort librement. On a tenté jusqu’à ce jour sans succès la cure de ce mal éléphantiatique.

L’histoire raconte que les soldats de Pompée revenant de Syrie, rapporterent pour la premiere fois en Italie, une maladie assez semblable à la lépre même. Aucun reglement fait alors pour en arrêter les progrès, n’est parvenu jusqu’à nous ; mais il y a beaucoup d’apparence qu’on fit des reglemens utiles, puisque ce mal fut suspendu jusqu’au tems des Lombards.

Rotharis qui les gouvernoit avec tant de gloire au milieu du septieme siecle, ayant été instruit de l’étendue & des ravages de cette maladie, trouva le moyen le plus propre d’y couper court. Il ne se contenta pas de reléguer les malades dans un endroit particulier, il ordonna de plus, que tout lépreux chassé de sa maison, ne pourroit disposer de ses biens, parce-que du moment qu’il avoit été mis hors de sa maison, il étoit censé mort. C’est ainsi que pour empêcher toute communication avec les lépreux, sa loi les rendit incapables des effets civils.

Je pense avec M. de Montesquieu, que ce mal reprit naissance pour la seconde fois en Italie, par les conquêtes des empereurs Grecs, dans les armées desquels il y avoit des milices de la Palestine & de l’Egypte. Quoi qu’il en soit, les progrès en furent arrêtés jusqu’au tems malheureux des croisades, qui répandirent la lepre, non pas dans un seul coin de l’Europe, mais dans tous les pays qui la composent, & pour lors, on établit par-tout des léproseries.

Ainsi les chrétiens après avoir élevé de nouveaux royaumes de courte durée, dépeuplé le monde, ravagé la terre, commis tant de crimes, de grandes & d’infâmes actions, ne rapporterent enfin que la lepre pour fruit de leurs entreprises. Cette cruelle maladie dura long-tems par son étendue dans le corps du petit peuple, par le manque de connoissance dans la maniere de la traiter, par le peu d’usage du linge, & par la pauvreté des pays, ou pour mieux dire leur extrême misere, car les léproseries manquoient de tout ; & ces cliquettes ou barils qu’on faisoit porter aux lépreux pour les distinguer, n’étoient pas un remede pour les guérir. (D. J.)

LEPSIS, s. f. λῆψις, sumptio, en Musique, est une des parties de l’ancienne melopée, par laquelle le compositeur discerne s’il doit placer son chant dans le système des sons bas, qu’ils appellent hypatoïdes ; dans celui des sons aigus, qu’ils appellent nétoïdes ; ou dans celui des sons moyens, qu’ils appellent mésoïdes. Voyez Melopée. (S)

LEPTIS, (Géog. anc.) les anciens distinguent deux leptis, l’une qu’ils nomment la grande, magna ; & l’autre la petite, parva ou minor.

Leptis magna, la grande Leptis, étoit une ville & colonie romaine en Afrique, dans la contrée nommée Syrtique, & l’une des trois qui donnerent le nom de Tripolis à cette contrée.

Leptis, en qualité de colonie romaine, est nommée sur les médailles, Col. Vic. Jul. Lep. Colonia, Victrix, Julia, Leptis, c’est-à-dire Leptis, colonie victorieuse Julienne. Cette ville devint épiscopale, & son évêque est désigné le premier entre les évêques de la province Tripolitaine.

Leptis parva ou Leptis minor, la petite Leptis étoit une ville d’Afrique, dans la Byzacène. La table de Peutinger dit, Lepte minus. Il ne faut pas croire, pour ces noms de parva, minor ou minus, que ce fût une petite ville ; elle ne s’appelloit ainsi, que par rapport à l’autre Laptis, & pour les distinguer ; car du reste, c’étoit une belle & grande ville, liberum oppidum, ville libre, dit Pline, liv. V. chap. iv.

Libera civitas, & immunis, ville libre & franche.

dit Hirtius, ch. vij. César y mit six cohortes en garnison. Elle étoit aussi épiscopale, & la notice d’Afrique, nomme évêque dans la Byzacène, Fortunatianus, Leptiminensis.

La grande Leptis est nommée Lépide par Marmol, Lepeda par Baudrand, Lesida par le sieur Lucas. La petite Leptis est appellée Lepté par Corneille, & Télepté par M. l’Abbé Fleuri, & par Dupin (D. J.)

LEPTUM, s. m. (Monn. anc.) petite monnoie des anciens Romains, qui valoit selon les uns, la huitieme partie d’une obole, & qui selon d’autres, étoit une drachme de cuivre ou d’argent. (D. J.)

LEPTURGUS, s. m. (Litt. greq.) On nommoit en grec λεπτουργοι, & en latin tenuarii, des ouvriers qui s’occupoient à faire ces pallia bombicina, ces fobes fines, ces habits transparens, ces gazes de Cos, si fort en vogue dans le tems de la dépravation des mœurs des Grecs & des Romains.

Rosinus nous décrit l’usage & la variété de ces nuages de lin ou de soie, qu’un poëte nommoit si heureusement ventos textiles. Les planches en grand nombre d’Herculanum, tab. 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 25, du tom. I. nous représentent de très jolies bacchantes revêtues en dansant de ces robes de gaze ; c’est dans ce même habit qu’Apulée dépeint Vénus, qualis erat dùm virgo, nudo & intecto corpore, perfectam formositatem professa, nisi quod tenui pallio bombicino inumbrabat spectabilem pubem. Voyez Gaze de Cos. (D. J.)

LEQUIOS, ou LIQUIOS, ou RIUKU, (Géog.) ce sont plusieurs îles de l’Océan oriental, au nombre de six principales ; ce petit Archipel coupe obliquement le 145 dégré de long. vers les 26 ou 27 de lat. au sud ouest de Saxuma, province du Japon, dont elles dépendent, un roi de Saxuma en ayant fait la conquête vers l’an 1610.

Le langage du pays est une espece de chinois corrompu, parce que dans la derniere révolution de la Chine, plusieurs des habitans de ce vaste empire se refugierent dans ces îles, où ils s’appliquerent au négoce. Depuis que le commerce du Japon est fermé aux étrangers, les insulaires Lequios ne sont reçûs que dans un port de la province de Saxuma, pour le débit de quelques marchandises, jusqu’à la concurrence de 23 caisses d’argent par an ; mais ils ne sont ni moins habiles, ni moins heureux que les Chinois, à faire la contrebande. Voyez les détails dans Kœmpfer, & le P. Charievoix, Hist. du Japon. (D. J.)

LÉRICE, (Gram.) en latin erix, ou ericis portus, bourg ou petite ville d’Italie, avec une espece de port sur la côte orientale du golfe de la Spécia, dans l’état de Gènes, à 5 milles de la Spécia, & à 40 de Porto-fino. Long. 27. 30. lat. 44. 5.

LÉRIDA, (Géog.) ancienne & forte ville d’Espagne, dans la Catalogne, avec un évêché considérable suffragant de Tarragone, une université, & un bon château. Il s’y tint un concile en 528. Jacques I. roi d’Aragon, s’en empara sur les Maures, en 1238. Le grand Condé fut obligé d’en lever le siege dans le dernier siecle. Les Catalans la prirent en 1705. Elle est proche la riviere de Segre, dans un terroir fertile, à 6 lieues sud-ouest de Balaguer, 16 nord-ouest de Tarragone, 30 nord-ouest de Barcelone, 76 nord-est de Madrid.

Les Anciens ont connu Lérida, sous le nom d’Ilerda, dont le nom moderne n’est qu’une espece d’anagramme ; elle se rendit célebre dans l’antiquité, par son commerce, & par la victoire que Jules-César y remporta sur les lieutenans du grand Pompée. Long. 18. 10. lat. 41. 31. (D. J.)

LERJEONS, s. m. pl (Pêche.) terme de pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Bourdeaux :