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rez infuser senné mondé deux onces, semence de fenouil doux deux dragmes.

Prenez trois livres de cette colature ; jettez dedans deux livres & demie de sucre, & cuisez à consistance de syrop, dans lequel vous délayerez six onces de pulpe de pruneaux cuits avec une des deux livres restantes de colature, & passez ; autant de pulple de tamarins préparée avec l’autre livre de colature, & autant de casse ; vous mêlerez exactement senné en poudre cinq onces, & semence d’anis en poudre deux dragmes.

Cet électuaire est un purgatif doux, c’est-à-dire agissant sans violence, assez efficace pourtant à la dose d’une once jusqu’à deux.

Toute la vertu de cette composition réside dans le senné, qui en est le seul ingrédient réellement purgatif : toutes les autres drogues ne servent qu’à en masquer le goût & à en corriger l’activité. Voyez Correctif. Ce remede est peu en usage. (b)

LÉNOX ou LENNOX, (Géog.) en latin Levinia, province de l’Ecosse méridionale, sur la côte occidentale ; elle est entre Menmeith au nord, & la riviere de Clyde au midi ; on la nomme aussi Dumbartonshire, le comté de Dumbarton, du nom de sa capitale. Peut-être qu’elle s’appelle Lénox par contraction pour Lévenox, de la riviere de Léven, qui sort du lac Lomond, & qui se jette dans la Clyde. Une partie de cette province est très-fertile en blé, & ses montages fournissent d’excellens pâturages. Lénox a donné le titre de comté, & ensuite de duc, à une branche de la famille des Stuards ; mais elle a plus fait encore en donnant la naissance au celebre Georges Buchanan. (D. J.)

LENS ou LENTICULA, (Hist. anc.) étoit chez les Romains le nom d’un poids qui faisoit la 208e. partie d’une dragme, & qui valoit un grain & demi. Voyez Dragme & Grain.

LENS, Lentium, (Géog.) petite ville de France en Artois, dont les fortifications ont été rasées. Il y a long-tems que cette ville porte le nom de Lens, car il se trouve dans les capitulaires de Charles le Chauve, selon M. de Valois, page 187 de sa notice gall. Cette ville fut cédée à la France par le traité des Pyrénées. Elle est sur le ruisseau de Sonchets, à 3 lieues d’Arras, 4 N. O. de Douay, 46 N. E. de Paris. Long. selon Cassini, 20d 21′ 37″. latit. 50d 25′ 58″.

La gloire dont se couvrit M. le prince de Condé en 1648 dans la bataille de Lens contre les Espagnols, a été immortalisée par ces beaux vers de Despréaux.

C’est ainsi, grand Condé, qu’en ce combat célebre,
Où ton bras fit trembler le Rhin, l’Escaut & l’Ebre ;
Lorsqu’aux plaines de Lens nos bataillons poussés,
Furent presque à tes yeux ouverts & renverses ;
Ta valeur arrêtant les troupes fugitives,
Rallia d’un regard leurs cohortes craintives,
Répandit dans leurs rangs ton esprit belliqueux,
Et força la victoire à te suivre avec eux. (D. J.)

LENT, adj. (Gramm.) terme relatif au mouvement ; c’est l’opposé de vîte ou prompt. On dit que plus les planetes sont éloignées, plus leur mouvement paroît lent ; que le lievre est vîte & la tortue lente ; que ce malade a une fievre lente ; que ce feu est lent ; qu’un homme a l’esprit lent, &c.

LENTE, s. f. (Hist. nat.) c’est l’œuf du pou, ou le pou même nouvellement produit. Voyez Pou.

LENTEMENT, adv. Ce mot, en Musique, répond à l’italien adagio, & marque un mouvement lent & posé. Nous n’avons même, dans la musique françoise, que son superlatif pour exprimer un mouvement encore plus tardif. (S)

LENTER, v. act. en terme de chauderonnier, c’est

proprement l’action de planer en premiere façon, & imprimer sur une piece des coups de marteau remarquables & par ordre.

LENTIBULAIRE, s. f. (Botan.) plante aquatique, dont M. Vaillant a fait un genre, qu’il caractérise ainsi dans les mémoires de l’académie des Sciences, année 1719, pag. 21, où l’on trouvera sa figure.

La fleur est complette, monopétale, irréguliere & androgyne, renfermant l’ovaire qui devient une capsule, laquelle contient des semences entassées les unes sur les autres autour d’un placenta. Les feuilles sont laciniées, & les fleurs naissent à des tiges simples, dénuées de feuilles.

On connoît deux especes de ce genre de plante, lentibularia major, petiv. herb. brit. tab. 36, & lentibularia minor, ejusd. petiv.

Ces deux plantes se trouvent dans les prairies marécageuses, les fossés & les étangs. Elles ont été vûes & remarquées par Mrs Dent, Dodsworth & Lawson en Angleterre.

Le nom de lentibulaire a été donné à cette plante, parce que ses feuilles sont chargées de petites vessies assez semblables à la lentille. (D. J.)

LENTICULAIRE, adj. (Diopt.) qui a la figure d’une lentille. On dit verre lenticulaire pour dire un verre en forme de lentille. Voyez Lentille. (O)

Lenticulaires, Pierres (Hist. nat. Minér.) en latin lentes lapidei, lapides lenticulares, nummi lapidei, nummularii lapides, nummi diabolici, lapides numismales, &c. C’est ainsi qu’on nomme des pierres rondes & applatties, renflées par le milieu, en un mot qui ont la forme d’une lentille. Il y en a d’une petitesse imperceptible, & au-dessous de celle d’un grain de millet ; d’autres ont jusqu’à un pouce de diametre : c’est à ces dernieres que l’on a donné le nom de pierres numismales. On trouve ordinairement une grande quantité de ces pierres jointes ensemble ; elles sont liées les unes aux autres par la pierre qui les environne, qui est quelquefois d’une astre nature qu’elles ; cependant on en trouve aussi qui sont détachées & répandues dans du sable ou dans de la terre : celles de ces pierres qui sont calcaires étant mises au feu, se partagent suivant leur largeur, en deux parties égales ; on remarque une spirale sur leur surface intérieure, ou une ligne qui va en s’élargissant vers la circonférence ; le long de cette spirale on distingue de petites stries, qui forment des especes de petites cloisons ou de chambres. On trouve des pierres lenticulaires qui ne sont convexes que d’un côté & plates par l’autre : elles ne doivent être regardées que comme des moitiés de ces pierres qui ont été séparées de l’autre moitié par quelque accident.

Les Naturalistes sont très-partagés sur la formation des pierres lenticulaires ; bien des gens se sont imaginé que c’étoient en effet des lentilles pétrifiées ; mais pour sentir le ridicule de cette opinion, on n’a qu’à faire attention à leur tissu intérieur garni d’une spirale, qui ne se remarque point dans les lentilles qui d’ailleurs n’ont jamais un pouce de diametre.

Woodward pense que ce sont des os détachés qui se trouvent dans la tête de quelques poissons inconnus, & qui servent à l’organe de l’ouie ; d’autres ont cru que c’étoient des coquilles appellées opercules ou couvercles, de la nature de celles qu’on nomme umbilicus veneris : mais ce sentiment paroît aussi peu fondé que celui de Woodward.

M. Gesner regarde les pierres lenticulaires comme formées par de petites cornes d’ammon, de la nature de celles qui se trouvent à Rimini sur les bords de la mer Adriatique, que M. Plancus, dans son traité de conchis minus notis, appelle cornu hammonis littoris ariminensis minus vulgare, orbiculatum, striatum, umbiculo prominente, ex quo stria & loculamenta om-