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vations, M. de la Condamine conclut que « ces plaines aujourd’hui riantes & fertiles, couvertes d’oliviers, de mûriers & de vignobles, ont été comme les côteaux du Vésuve, inondées de flots brûlans, & portent comme eux dans leur sein, non seulement les traces de ces torrens de feu, mais leurs flots mêmes refroidis & condensés, témoins irrécusables de vastes embrasemens antérieurs à tous les monumens historiques. »

Ce n’est point seulement pour l’Italie que ces réflexions doivent avoir lieu, plusieurs autres pays sont dans le même cas, & l’on y bâtit avec de la lave, sans se douter de la cause qui a produit les pierres que l’on employe à cet usage, & sans savoir qu’il y ait eu anciennement des volcans dans le pays ou ces pierres se trouvent. En effet, il y a bien des pierres à qui la lave ressemble ; & il est aisé, suivant ce qu’on a dit, de la prendre quelquefois pour du marbre, ou pour de la serpentine, ou pour quelques pierres poreuses assez communes. M. Guétard, de l’académie des Sciences, a reconnu que des pierres trouvées en Auvergne sur le Puits de Dome & sur le Mont-d’or, étoit de la vraie lave, semblable à celle du Vésuve & de l’Etna. M. de la Condamine présume que la pierre dont on bâtit à Clermont en Auvergne est de la même nature que celle de Tivoli dont on a parlé. Voyez le Mercure du mois de Septembre 1757, & les mémoires de l’académie royale des Sciences, ann. 1752 & 1757. (—)

Ces découvertes doivent exciter l’attention des Naturalistes, & les engager à considérer plus soigneusement certaines pierres qu’ils ne soupçonnent point d’être de la lave ou des produits des volcans, parce que l’histoire ne nous a quelquefois point appris qu’il y ait eu jamais de volcans dans les cantons où on les trouve. Voyez Volcans.

LAVÉ, (Maréchallerie.) le poil lavé se dit de certains poils du cheval qui sont pâles ou de couleur fade. Les extrémités lavées. Voyez Extrémités.

LAVEDAN (le), Levitanensis pagus ou Levitanta, (Géog.) vallée de France dans le Bigorre, entre les Pyrénées. Elle a 10 a 12 lieues de long, sur 7 à 8 de large, & est très-fertile. Lourde en est la place principale, son territoire, & la vallée de Bareige située au pié de la montagne de Tormales, à une lieue du royaume d’Arragon, dont il est séparé par les Pyrénées, s’est acquis de la célébrité par ses eaux bourbeuses médicinales. Voyez sur le Lavedan, Hadrien Valler, notit. Galliæ, p. 84. & l’abbé de Longuerue, I. part. p. 205. (D. J.)

LAVEGE ou LAVEZZI, s. f. (Hist. nat.) nom d’une pierre du genre de celles qu’on nomme pierres ollaires ou pierres à pot ; elle est grisâtre, rarement marbrée ou mélée de différentes couleurs. On connoît trois carrieres de cette pierre : l’une est à Pleurs en Suisse ; l’autre, dans la Valteline au comté de Chiavenne, & la troisieme dans le pays des Grisons. Cette pierre a la propriété de se tailler très-aisément & de se durcir au feu ; on en fait des marmites, des pots, & d’autres ustensiles de ménage, dont on fait un très-grand commerce dans la Suisse & le Milanois ; on prétend que l’eau chauffe beaucoup plus promptement dans ces sortes de vaisseaux que dans ceux qui sont métalliques. Cette pierre est douce au toucher ; on la tire avec beaucoup de peine du sein de la terre, parce que les ouvriers sont obligés de travailler couchés, vû que les passages qui sont pratiqués dans cette carriere sont fort étroits. L’on tourne au tour les masses de lavege qui ont été tirées de la terre, & formées en cylindres. C’est un moulin à eau qui fait mouvoir ce tour ; il est arrangé de façon que l’ouvrier qui tourne, peut arrêter la machine à volonté. Voyez Pierre olaire.

LAVELLO, Labellum. (Géogr.) ancienne petite

ville d’Italie au royaume de Naples, dans la Basilicate, aux confins de la Capitanate, avec un évêché suffragant de Barri, à 6 lieues N. O. de Cirenza, 18 S. O. de Barri, 30 N. E. de Naples. Longit. 33. 30. latit. 41. 3. (D. J.)

LAVEMENT des piés, (Théol.) coutume usitée chez les anciens qui la pratiquoient à l’égard de leurs hôtes, & qui est devenue dans le christianisme une cérémonie pieuse.

Les Orientaux avoient coutume de laver les piés aux étrangers qui venoient de voyage, parce que pour l’ordinaire on marchoit les jambes nues & les piés seulement garnis d’une sandale Ainsi Abraham fit laver les piés aux trois Anges, Genese xviij. v. 4. On lava aussi les piés à Eliéser & à ceux qui l’accompagnoient lorsqu’ils arriverent à la maison de Laban, & aux freres de Joseph lorsqu’ils vinrent en Egypte, Genese xxiv. v. 32. & xliij. v. 24. Cet office s’exerçoit ordinairement par des serviteurs & des esclaves. Abigail témoigne à David qui la demandoit en mariage, qu’elle s’estimeroit heureuse de laver les piés aux serviteurs du roi, I. Reg. xxv. v. 41.

Jesus-Christ, après la derniere cene qu’il fit avec ses apôtres, voulut leur donner une leçon d’humilité en leur lavant les piés. Et cette action est devenue depuis un acte de piété. Ce que le Sauveur dit en cette occasion à saint Pierre : Si je ne vous lave, vous n’aurez point de part avec moi, a fait croire à plusieurs anciens que le lavement des piés avoit des effets spirituels. Saint Ambroise, lib. de Myster. c. vj. témoigne que de son tems on lavoit les piés aux nouveaux baptisés au sortir du bain sacré, & il semble croire que, comme le baptême efface les péchés actuels, le lavement des piés, qui se donne ensuite, ôte le péché originel, ou du moins diminue la concupiscence. Ideò, dit-il, planta abluitur ut heræditaria peccata tollantur : nostra enim propria per baptismum relaxantur. Il dit la même chose sur le Pseaume xlviij. Alia est iniquitas nostra, alia calcanei nostri . . . . . unde Dominus discipulis lavit pedes ut lavaret venena serpentis. Mais il explique lui-même sa pensée en ajoutant que ce qui est nettoyé par le lavement des piés, est plutôt la concupiscence ou l’inclination au péché, que le péché même : unde reor iniquitatem calcanei magis lubricum delinquendi, quam reatum aliquem nostri est delicti.

L’usage de laver les piés aux nouveaux baptisés n’étoit pas particulier à l’église de Milan. On le pratiquoit aussi dans d’autres églises d’Italie, des Gaules, d’Espagne & d’Afrique. Le concile d’Elvire le supprima en Espagne par la confiance superstitieuse que le peuple y mettoit, & il paroît que dans les autres églises on l’a aboli à mesure que la coutume de donner le baptême par immersion a cessé. Quelques anciens lui ont donné le nom de Sacrement, & lui ont attribué la grace de remettre les péchés veniels ; c’est le sentiment de saint Bernard & d’Eunalde abbé de Bonneval. Saint Augustin croit que cette cérémonie pratiquée avec foi peut effacer les péchés veniels ; & un ancien auteur, dont les sermons sont imprimés dans l’appendix du V. vol, des ouvrages de ce pere, soutient que le lavement des piés peut remettre les péchés mortels. Cette derniere opinion n’a nul fondement dans l’Ecriture : quant au nom de sacrement donné à cette cérémonie par saint Bernard & d’autres, on l’explique d’un sacrement improprement dit, du signe d’une chose sainte, c’est-à-dire de l’humilité, mais auquel Jesus-Christ n’a point attaché de grace sanctifiante comme aux autres sacremens.

Les Syriens célebrent la fête du lavement des piés le jour du jeudi-saint. Les Grecs font le même jour le sacré niptere, ou le sacré lavement. Dans l’Eglise