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Il y a plusieurs manieres de laver les mines ; la premiere, qui est la plus commune, est celle qu’on appelle le lavage à la sibille ; on se sert pour cela d’une sibille qui est une cuvette de bois ronde & concave, dans le fond de laquelle se trouvent des rainures ou des especes de sillons ; on met dans cette sibille une certaine quantité de la mine écrasée ; on verse de l’eau par-dessus ; on remue le tout en donnant une secousse à chaque fois : par-là on fait tomber une portion de l’eau qui s’est chargée de la partie terreuse ou pierreuse la plus légere de la mine : de cette maniere on la sépare de la partie métallique, qui étant plus pesante, reste au fond de la sibille : on réitere cette opération autant que cela est nécessaire, & jusqu’à ce qu’on voie que la mine ou le métal soient purs. Pour plus d’exactitude on fait cette opération au-dessus d’une cuve, dans laquelle retombe l’eau qu’on laisse échapper à chaque secousse qu’on donne à la sibille ; par ce moyen on retrouve la partie métallique qui auroit pû s’échapper. Le lavage de cette espece ne peut être que très-long, & ne peut point avoir lieu dans le travail en grand, ni pour les mines des métaux les moins précieux : aussi ne le met-on en usage que pour les métaux précieux, natifs ou vierges. Ce lavage à la sibille est celui que pratiquent les Orpailleurs, c’est-à-dire les ouvriers qui vont chercher les paillettes d’or qui peuvent être répandues dans le sable des rivieres, qu’ils séparent de la maniere qui vient d’être décrite de ce métal précieux. Cet or s’appelle or de lavage ; voyez Or.

Le lavage des métaux précieux se fait encore au moyen de plusieurs planches unies, jointes ensembles, garnies d’un rebord, & placées de maniere qu’elles forment un plan incliné. On garnit les planches avec du feutre ou avec une étoffe de laine bien velue, & quelquefois même avec des peaux de moutons ; on fait tomber sur ces planches, à l’aide d’une gouttiere, de l’eau en telle quantité qu’on le juge convenable : de cette façon les métaux précieux qui sont divisés en particules déliées, s’accrochent aux poils de l’étoffe, & l’eau entraîne les particules les plus légeres dans une cuve ou dans une espece de réservoir qui est placé à l’extrémité de ce lavoir, où on laisse s’amasser les particules que l’eau a pû entraîner. On sent qu’il est important de ne point faire tomber une trop grande masse d’eau à la fois sur la mine qui a été étendue sur un lavoir de cette espece, parce que sa trop grande force pourroit entraîner une partie du métal que l’on veut y faire rester. Quand on a opéré de cette maniere, on détache les morceaux de feutre ou les peaux de moutons qui étoient sur les planches, & on les lave avec soin dans des cuves pour en détacher les particules métalliques qui ont pû s’y arrêter.

Sur les lavoirs de cette espece on n’attache communément que deux morceaux d’étoffe ; l’un est à la partie la plus élevée du plan incliné, l’autre à la partie inférieure. La portion de la mine qui s’attache au morceau d’étoffe supérieur, est regardée comme la plus pure ; celle qui s’attache au morceau d’étoffe inférieur est moins pure, & celle que l’eau entraîne dans la cuve ou réservoir qui est au-dessous du plan incliné ou lavoir, est encore moins pure que celle qui est restée sur le second morceau d’étoffe ; c’est pourquoi l’on assortit séparément ces différens résultats du lavage.

Il y a des lavoirs qui sont construits de planches de la même maniere que les précédens, mais on n’y attache point d’étoffe ; il y a seulement de distance en distance de petites rainures ou traverses de bois destinées à arrêter la mine pulvérisée, & à retarder son cours lorsqu’elle est entraînée par l’eau.

Enfin il y a des lavoirs faits avec des planches

toutes unies ; on n’y fait tomber précisément que la quantité d’eau qui est nécessaire : on peut s’en servir pour le lavage des mines les plus subtilement divisées.

Voici comment l’opération du lavage se fait, tant sur les lavoirs garnis, que sur ceux qui ne le sont pas : on fait tomber de l’eau par la gouttiere sur la mine pulvérisée qui est étendue sur le lavoir ; quand l’eau tombe trop abondamment ou avec trop de force, on rompt l’impétuosité de sa chûte en lui opposant quelques baguettes de bois. Pendant que l’eau tombe, un ouvrier remue la mine pulvérisée qui est sur le lavoir avec un crochet fait pour cet usage, ou bien avec une branche de sapin, ou avec une espece de goupillon de crin, afin que l’eau la puisse pénétrer, entraîner plus aisément la partie non-métallique, & la séparer de celle qui est plus chargée de métal. Il faut sur-tout, à la fin de l’opération, ne faire tomber l’eau que très-doucement, de peur de faire soulever de nouveau la partie de la mine qui s’est déja déposée ou affaissée, ou qui s’est accrochée au morceau de feutre ou d’étoffe supérieur, lorsqu’il y en a sur le lavoir, ou à la partie supérieure du lavoir, si l’on ne l’a point garni d’étoffe.

Quelquefois on a pratiqué au-dessous de ces lavoirs des auges quarrées pour recevoir l’eau qui en tombe ; on y laisse séjourner cette eau pour qu’elle dépose la partie de la mine qu’elle peut avoir entraînée. Si la mine vaut la peine qu’on prenne beaucoup de précautions, on fait plusieurs de ces sortes de réservoirs, qui sont placés les uns au-dessous des autres, afin que l’eau des réservoirs supérieurs puisse se décharger par des rigoles dans ceux qui sont plus bas : en les multipliant de cette maniere, on peut être assuré que l’on retire de l’eau toute la partie métallique qu’elle a pû entraîner. Voyez nos Pl. de Métalurgie.

Au défaut de lavoirs construits comme on vient de dire, on se sert quelquefois de tamis pour le lavage de la mine, & on la fait passer successivement par des tamis dont les mailles sont de plus en plus serrées : cette opération se fait dans des cuves pleines d’eau, au fond desquelles la partie la plus chargée de métal tombe, & celle qui l’est moins reste sur le tamis. Mais le lavage de cette derniere espece est long & coûteux ; c’est pourquoi il est plus convenable de se servir des lavoirs ordinaires, pour peu que la mine soit considérable.

Il est à-propos que les lavoirs soient près du moulin à pilons ou du boccard, pour éviter la peine & les frais du transport ; c’est pourquoi l’on a imaginé des lavoirs qui touchent à ces moulins. Voyez Lavoir. (—)

Lavage, (terme de Boyaudier.) c’est la premiere préparation que ces ouvriers donnent aux boyaux dont ils veulent faire des cordes ; elle consiste à en faire sortir toute l’ordure qui y est contenue ; pour cet effet ils prennent les boyaux les uns après les autres par un bout de la main gauche, & ils glissent la main droite le long du boyau jusqu’à l’autre bout pour en faire sortir toute l’ordure ; après quoi ils les mettent amortir dans un chauderon.

Lavage des draps, (Draperie.) Voyez l’article Manufacture en laine.

Lavage des chiffons, (Papeterie.) c’est l’action par laquelle on nettoie avec de l’eau toutes les saletés dont les chiffons sont couverts ; la façon ordinaire de laver les chiffons est de les mettre dans un poinçon ou cuve dont le fond est percé d’une grande quantité de petits trous, & qui a sur le côté des grillages de fil d’archal bien forts : on y remue souvent ces morceaux de linge afin que la saleté s’en sépare, & même on en change souvent l’eau. Quand ils sont suf-