Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a pris son nom. Wafor l’a décrite amplement dans ses voyages : il dit qu’à regarder la situation de cette ville, sa vûe du côté de l’est, qui s’étend jusqu’à la grande Canarie, ses jardins, la fraîcheur de leurs berceaux, sa belle plaine de trois ou quatre lieues de long, & de deux milles de large, sa campagne verdoyante, son lac, son aqueduc, & la douceur de ses brises, elle est un séjour enchanté pour rester chez soi ; mais qu’il est très-pénible de voyager dans l’île même, parce qu’elle est toute remplie de montagnes escarpées & raboteuses, qui obligent sans cesse à monter & à descendre. Long. 18. 39′. 30″. dont Laguna est plus occidentale que Paris. Lat. 28. 28′. 57″. (D. J.)

LAGUNES de Venise (les), Géog. marais ou étangs d’Italie, dans lesquels la ville de Venise est située. Ces marais sont d’une grande étendue, formés par la nature, & entretenus par l’art, moyennant de prodigieuses dépenses, qui contribuent à la sûreté de cette métropole.

Les lagunes du côté de Terre ferme, sont bornées depuis le Midi jusqu’au Nord par le Dogado, proprement dit ; la mer a son entrée & son issue dans les lagunes par six bouches, dont il y en a deux nommées malomocco & lido, où les vaisseaux peuvent mouiller.

L’on compte une soixantaine d’îles dans toute l’étendue des lagunes ; plus de la moitié sont bâties & bien peuplées. De toutes ces îles qui bordent la mer, la Polestrine est la plus peuplée ; & de toutes celles qui composent le corps de la ville de Venise, Murano est la plus grande & la plus agréable ; elle fait les délices des Vénitiens. Voyez Murano. (D. J.)

LAGYRA, (Géog. anc.) ville de la Quersonnèse taurique, selon Ptolomée, ou ce qui revient au même, ancienne ville de la Crimée ; Niger croit que c’est présentement Soldaia. (D. J.)

LAHELA, (Géog. sacrée.) pays de la Palestine au delà du Jourdain, où Teglatphalasar roi d’Assyrie, transporta les tribus de Ruben, de Gad, & le demi-tribu de Manassé. Lahela est-il le même pays que Stade, ou que Hévila ? Les curieux peuvent lire sur cet article la dissertation de dom Calmet, sur le pays où les dix tribus furent transportées. (D. J.)

LAHEM, ou LEHEM, (Géog. sacrée.) ville de la Terre-Sainte, dont il est parlé au livre des Paral. ch. jv. vers. 22. C’est la même ville que Béthléem, comme l’ont prouvé Sanctius, Cornetius à Lapide, Tirin, & autres critiques, parce que souvent les Hébreux ôtent par aphérèse une partie des noms propres. (D. J.)

LAHÉRIC, s. m. (Hist. nat. Botan.) arbre de l’île de Madagascar, dont la souche est droite & creuse ; ses feuilles croissent à l’entour en forme de spirale, ce qui en rend le coup-d’œil très agréable.

LAHIJON, (Géog.) ville de Perse, selon Tavernier, qui la met à 74. 25. de long. & à 37. 15. de latitude. (D. J.)

LAHOLM, Laholmia, (Géog.) ville forte de Suede, dans la province de Halland, proche la mer Baltique, avec un château & un port sur le bord septentrional de la riviere de Laga, à 20 lieues N. E. de Helsingborg, 4 S. E. d’Helmstadt. Long. 30. 18. lat. 56. 35. (D. J.)

LAHOR Province de, (Géog.) autrefois royaume, à présent province de l’empire du grand mogol, dans l’Indoustan. Pline nomme quatre fleuves qui l’arrosent ; savoir l’Acésinès, le Cophès, l’Hydaspe, & l’Hypasie : les voyageurs modernes leur ont donné tant de noms particuliers, qu’on ne peut plus les discerner les uns des autres. C’est donc assez de dire, que ces quatre fleuves ont leurs sources

dans les montagnes du Nord, & composent l’Indus, où ils se vont rendre, après avoir pris le nom de l’Inde dans un long espace de pays.

Les quatre fleuves dont on vient de parler, fertilisent merveilleusement la province de Lahor. Le ris y croît en abondance, aussi-bien que le blé & les fruits ; le sucre y est en particulier le meilleur de l’Indoustan. C’est aussi de cette province que l’on tire le sel de roche, qu’on transporte dans tout l’empire. On y fait des toiles fines, des pieces de soie de toutes les couleurs, des ouvrages de broderie, des tapis pleins, des tapis à fleurs, & de grosses étoffes de laine.

Enfin, quoique le pays de Lahor soit plutôt une province qu’un royaume, c’est une province de l’Indoustan si considérable, qu’on la divise en cinq sarcats ou provinces, dans lesquelles on compte trois cens quatorze gouvernemens, qui rendent en total au grand mogol deux carols, 33 lacks, & cinq mille roupies d’argent. La roupie d’argent (car il y en a d’or) vaut 38 sols de France. Le lack vaut 100 mille roupies, & le carol vaut cent lacks, c’est-à-dire dix neuf millions. Il résulte de-là, que l’empereur du Mogol retire de la province de Lahor 44 millions 279 mille 500 livres de notre monnoie. (D. J.)

Lahor, (Géog.) grande ville d’Asie dans l’Indoustan, capitale de la province du même nom. D’Herbelot écrit Lahawar, & Lahaver ; Thevenot écrit Lahors. C’étoit une très-belle ville, quand les rois du Mogol y faisoient leur résidence, & qu’ils ne lui avoient pas encore préféré Dehly & Agra. Elle a été ornée dans ces tems-là de mosquées, de bains publics, de karavanseras, de places, de tanquies, de palais, de jardins, & de pagodes. Les voyageurs nous parlent avec admiration d’un grand chemin bordé d’arbres, qui s’étendoit depuis Lahor jusqu’à la ville d’Agra, c’est-à-dire l’espace de 150 lieues, suivant Thevenot. Ce cours étoit d’autant plus magnifique, qu’il étoit planté d’arbres, dont les branches aussi grandes qu’épaisses, s’élevoient en berceaux, & couvroient toute la route. C’étoit un ouvrage d’Akabar, embelli encore par son fils Géhanguir : Lahor est dans un pays abondant en tout, près du fleuve Ravy, qui se jette dans l’Indus, à 75 lieues O. de Multan, 100 S. de Dehly, & 150 N. Q. d’Agra. Long. suivant le P. Riccioli, 102 30. lat. 32. 40. (D. J.)

LAI, adj. (Théologie.) qui n’est point engagé dans les ordres ecclésiastiques : ce mot paroît être une corruption ou une abbréviation du mot laïque, & est principalement en usage parmi les moines, qui par le nom de frere lai, entendent un homme pieux & non lettré, qui se donne à quelque monastere pour servir les religieux. Voyez Frere.

Le frere lai porte un habit un peu différent de celui des religieux ; il n’a point de place au chœur, n’a point voix en chapitre ; il n’est ni dans les ordres, ni même souvent tonsuré, & ne fait vœu que de stabilité & d’obéissance.

Frere lai se prend aussi pour un religieux non lettré, qui a soin du temporel & de l’extérieur du couvent, de la cuisine, du jardin, de la porte, &c. Ces freres lais font les trois vœux de religion.

Dans les monasteres de religieuses, outre les dames de chœur, il y a des filles reçues pour le service du couvent, & qu’on nomme saurs converses.

L’institution des freres lais commença dans l’onzieme siecle : ceux à qui l’on donnoit ce titre, étoient des religieux trop peu lettrés pour pouvoir devenir clercs, & qui par cette raison se destinoient entierement au travail des mains, ou au soin du temporel des monasteres ; la plûpart des laïques dans ce tems-là n’ayant aucune teinture des Lettres. De-là