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milles sur 32 dans sa plus grande largeur ; mais cette contrée est d’autant plus importante, que Naples, sa capitale, donne le nom à tout le royaume.

Entre ses principales villes on compte trois archevêchés & divers évêchés. Ses rivieres les plus considérables sont le Gariglan (Liris), le Livigliano (Savo), le Volturne, le Clanio, le Sarno, &c. Ses lacs sont, le lac Laverne, le lago di Collucia (Acherusius des Latins). Ses montagnes sont, le Vésuve, le Pausilipe, monte Cistello, monte Christo, monte Dragone, &c. Il y a des bains sans nombre dans cette province.

On y voit deux fameuses grotes ; l’une est la grote de la sibyle, en latin Baiana ou cumana Crypta, dont les Poëtes ont publié tant de merveilles imaginaires ; mais Agrippa, le gendre d’Auguste, ayant fait abattre le bois d’Averne & poussé la fosse jusqu’à Cumes, dissipa les fables que le peuple avoit adoptées sur les ténebres de ce lieu là ; l’autre grote est celle de Naples ou de Pouzzolles, dont nous parlerons au mot Pausilipe.

Cette province est nommée la campagne heureuse, campania felix, à cause de la bonté de son air, de l’aménité de ses bords, & de l’admirable fertilité de son terroir, qui produit en abondance tout ce qu’on peut souhaiter de meilleur au monde.

Si cette contrée est si délicieuse de nos jours, quoique ravagée par les foudres terribles du Vésuve, quoique couverte de cailloux & de pierres ferrugineuses, sa beauté doit avoir été incomparable dans les siecles passés, lorsque, par exemple, sur la fin de la république, les Romains, vainqueurs du monde, sans craindre des feux imprévus, aimoient tant à la fréquenter. Cicéron, qui y avoit une maison de plaisance, parle d’elle comme du grenier de l’Italie ; mais Florus, l. I. c. xvj. en dit bien d’autres choses. Lisez ces paroles : Omnium non modo Italiæ, sed toto orbe terrarum pulcherrima Campania, plaga est. Nihil molliùs cœlo. Bis floribus vernat. Nihil aberiùs solo. Ideò Liberi, Cœrisque certamen, dicitur. Voilà comme cet historien sait peindre. Pline ajoute que les parfums de la Campanie ne le cedent qu’à ceux d’Egypte. Enfin personne n’ignore que ce furent les délices de ce pays enchanteur, qui ramollirent le courage d’Annibal, & qui causerent sa défaite. (D. J.)

LABOURABLE, adj. (Grammaire.) qui peut être labouré. Voyez Labour. Il se dit de toute terre propre à rapporter des grains.

LABOURAGE, s. m. (Econ. rustiq.) est l’action de labourer toutes sortes de terres. V. Labour. (K)

Labourage ou Agriculture. (Hist. anc.) l’art de cultiver les terres. C’étoit une profession honorable chez les anciens, mais sur-tout parmi les Romains, à qui il sembloit que la fortune eût attaché à cette condition l’innocence des mœurs & la douceur de la vie. Dans les premiers tems de la république, on voit qu’il étoit ordinaire d’aller prendre des consuls & des dictateurs dans leurs métairies, pour les transporter de l’exercice de conduire des bœufs & une charrue, à l’emploi de commander des légions dans les circonstances les plus critiques ; & l’on voit encore ces mêmes hommes, après avoir remporté des victoires & sauvé l’état, venir reprendre les travaux de l’Agriculture. Dans les siecles plus florissans on trouve Curius-Dentatus, Fabricius, Attilius-Serranus-Licinius Stolo, Caton le censeur, & une infinité d’autres qui ont tiré leurs surnoms de quelque partie de la vie rustique, dans laquelle ils s’étoient distingués par leur industrie ; c’est de-là, suivant l’opinion de Varron, de Pline & de Plutarque, que les familles Asinia, Vitellia, Suillia, Porcia, Ovinia, ont été appellées, parce que leurs auteurs s’étoient rendus célebres dans l’art

d’élever des brebis, des porcs & d’autres sortes de bestiaux, ainsi que d’autres étoient devenus fameux par la culture de certaines especes de légumes, comme les feves, les pois, les pois-chiches, & delà les noms de Fabius, de Pison, de Cicéron, &c.

On se croyoit si peu deshonoré par les travaux du labourage, même dans les derniers tems de la république, qu’au rapport de Cicéron, les honnêtes gens aimoient mieux être enregistrés dans les tribus de la campagne que dans celles de la ville. La plûpart des sénateurs faisoient un très-long séjour dans leurs métairies ; & s’il n’est pas vrai de dire qu’ils s’y occupoient des travaux les plus pénibles de l’Agriculture, on peut assurer qu’ils entendoient très-bien & le fonds & les détails, comme il paroît par ce qu’on en trouve répandu dans les ouvrages de Cicéron, & par les livres de Caton de re rusticâ.

Labourage, (terme de Riviere.) ce sont les deux parties du milieu d’un train dans toute sa longueur, & qui plonge le plus dans l’eau.

Labourage se dit aussi du travail que font les maîtres d’un pont lorsqu’ils descendent ou remontent un bateau. Anciennes ordonnances.

Labourage, (terme de Tonnelier.) On appelle labourage & déchargeage des vins, cidres & autres liqueurs, la sortie de ces liqueurs hors des bateaux qui les ont amenées aux ports de Paris. Il n’appartient qu’aux maîtres Tonneliers de faire ce labourage, à l’exclusion de tous les autres déchargeurs établis sur lesdits ports. Voyez Déchargeur & Tonnelier. Ainsi labourer les vins, c’est les décharger des bateaux qui les ont amenés & les mettre à terre.

LABOURD (le) Géog. Capudersis Tractus, petite contrée de France dans la Gascogne, qui fait partie du pays des Basques sur la mer. Le Labourd est borné au nord par l’Adour & par les Landes ; à l’est par la Navarre françoise & par le Béarn ; au midi par les Pyrénées, qui le séparent de la Biscaye & de la Navarre espagnole ; au couchant il a l’océan & le golfe de Gascogne. Il prend son nom d’une place nommée Laburdum, qui ne subsiste plus. Les principaux lieux de ce pays stérile sont Bayonne. Andaye & S. Jean-de-Luz. Ce mot de Labourd est basque ; il désigne un pays desert & exposé aux voleurs, suivant M. de Marca dans son hist. de Béarn, l. I, c. viij. Il y a une coûtume de Labourd, qui fut rédigée en 1514. (D. J.)

LABOURER, v. act. (Œcon. rustiq.) c’est cultiver la terre ou lui donner les façons, qu’on appelle labours. Voyez Labour, Labourage & Laboureur.

Labourer, (Marine.) terme dont on se sert à la mer pour dire que l’ancre ou ne prend pas ou ne tient pas bien dans le fond, de sorte que le vaisseau l’entraîne ; ce qui arrive lorsque le fond est d’une vase molle, qui n’a pas assez de consistance pour arrêter l’ancre, de sorte qu’étant entrainée par le mouvement du vaisseau, elle laboure le fond. On dit aussi qu’un vaisseau laboure, lorsqu’il passe sur un fond mou & vaseux où il n’y a pas assez d’eau, & dans lequel la quille entre légerement, sans cependant s’arrêter. (Z)

Labourer, (Art milit.) il se dit du sillon que trace à terre un boulet de canon lorsqu’il est tombé sur la fin de sa portée. Le canon laboure encore un rempart, lorsque plusieurs batteries obliques sont dirigées vers un même point, comme centre de leur action commune. Il se dit aussi de l’action de la bombe, qui remue les terres.

Labourer, (Plomb.) c’est mouiller, remuer & disposer avec un bâton le sable contenu dans le chassis autour du moule. Voyez l’article Plomb.

Labourer, (Comm. & Voit.) se dit des vins,