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ketmia, & il ne les a pas épuisées. On en cultive plus d’une vingtaine en Angleterre dans les jardins des curieux, parce qu’il y a plusieurs ketmia qui s’élevent en buisson à la hauteur de sept ou huit piés, & que la plûpart des especes produisent de très belles fleurs.

On les multiplie de graine qu’on seme au printems dans une terre légere préparée ; l’année suivante on les transplante dans des couches d’une pareille terre, à la distance d’un pié en quarré ; on les laisse croître ainsi pendant deux ans, en les arrosant dans les grandes chaleurs, & en les garantissant des mauvaises herbes ; ensuite on les transporte avec précaution dans des lieux à demeure, ou dans une pépiniere, en observant de les mettre à trois piés d’éloignement.

Il y a quelques especes de ketmia d’une grande délicatesse, & qui demandent des soins attentifs & la chaleur des serres. Il y en a dont les fleurs ont cette singularité de changer de couleur en différens tems du jour, d’être blanches le matin, rouges à midi, & pourpre le soir ; telle est l’espece à double fleur qu’on nomme aux Indes occidentales, rose de la Martinique, & beaucoup mieux en anglois, double china rose ; les Botanistes l’appellent ketmia sincusis, fructu subrotundo, flore pleno. Il y en a dont les fleurs ne vivent qu’un jour, mais qui sont succédées par de nouvelles fleurs jusqu’aux gelées. Il y en a qu’on estime par l’odeur agréable de leurs graines ; il y en qui sont annuelles & qui forment une jolie variété avec d’autres plantes de cette nature dans des plattes bandes de parterres ; mais Miller vous instruira de toutes ces particularités, que les bornes de cet ouvrage ne permettent pas même de parcourir.

On appelle aujourd’hui la ketmia, gombaut, dans nos isles françoises ; Voyez ce mot : mais il faut conserver précieusement la dénomination de ketmia que les Botanistes ont consacrée de tout tems à ce genre de plante. (D. J.)

KETULE, s. m. (Hist. nat. Bot.) espece d’arbre qui croît dans l’isle de Ceylan ; il a des feuilles qui ressemblent à celles du cocotier. Son bois est très-dur, d’une couleur noire, avec quelques veines, mais il est sujet à se fendre ; son écorce se partage en filets dont on fait des cordes. En faisant des incisions à cet arbre on en tire une liqueur très-agréable & rafraîchissante : si on la fait bouillir, elle s’épaissit & forme une espece de sucre noir que les habitans nomment jaggori ; il devient blanc lorsqu’on le rafine, & ne le cede en rien au sucre tiré des cannes.

KEU, s. m. (Hist. mod.) nom de l’onzieme mois de l’année & d’un des signes du zodiaque, chez le tartare du Cataï : keu signifie dans leur langue chien.

KEUB, s. m. (Commerce) mesure des longueurs dont on se sert à Siam ; le keub contient douze nious, c’est la paume des Siamois, c’est-à-dire l’ouverture du pouce & du doigt moyen ; il faut deux keubs pour un sok, & deux soks pour un keu. Voyez ci-dessus Ken. Dictionn. de commerce.

KEUMEESTERS, s. m. pl. (Commerce.) on nomme ainsi à Amsterdam des commis ou inspecteurs établis par les bourguemestres pour visiter certaines especes de marchandises, & veiller à ce qu’elles soient de bonne qualité, & que le commerce s’en fasse fidelement.

Il y a des keumcesters pour les laines, les chanvres, les cordages ; ils en font la visite & reglent ce qu’il en faut rabattre du prix pour ce qui s’y trouve de taré & d’endommagé.

D’autres sont chargés de la marque des quartaux, pipes, barrils & autres futailles, & d’y appliquer la marque de la ville quand ils se trouvent de jauge.

Quelques-uns sont pour les suifs, quelques autres

pour les beurres & chairs salées. Il n’y a point de marchandise un peu considérable qui ne soit sujette à l’examen de ces inspecteurs.

Leur rapport fait foi en justice, & c’est sur leur témoignage que les bourguemestres & autres juges devant qui les contestations en fait de commerce sont portées, ont coutume de juger. Dictionnaire de commerce.

KEXHOLM, (Géog.) on l’appelle autrement Carelsgorod, Kexholmia, ville de l’empire russien dans la Carélie, avec un château sur le lac de Ladoga. La Russie l’a conquise sur la Suede. Elle est à 13 lieues N. E. de Vibourg, 75 N. E. d’Abo. Long. 48. 40. latit. 61. 22. (D. J.)

KEYOOKA, (Géog.) ville de l’Amérique dans la nouvelle Espagne, au S. de la baye de Campêche ; les habitans y font le commerce du cacao. (D. J.)

K H

KHAATH ou CATE, s. m. (Hist. nat. Bot.) Les Indiens entendent par-là un suc astringent, qui a été tiré par la décoction des fruits, des racines ou des écorces, & qui a été épaissie. On le mâche dans les Indes avec le betel & l’arcc ; il donne une couleur rouge à la salive. On croit que c’est le lycium indicum de Pline & de Théophraste. L’acacia, dont l’écorce est rouge & astringente, & plusieurs autres plantes des Indes, donnent un suc semblable, mais qui varie pour la bonté : on regarde comme le meilleur celui qui est tiré de la plante appellée kheir. Voyez Ephemerid. nat. curiosor. dec. II. 3 observ. 1. pag. 7 & suiv.

KHAIBAR, (Géog.) petite ville de l’Arabie heureuse, abondante en palmiers, à six stations de Médine, entre le septentrion & l’orient. Elle est, selon Abulféda, à 67d 30′ de longitude, & à 24d 20′ de latitude. (D. J.)

KHAN, s. m. (Hist. mod.) édifice public en Turquie pour recevoir & loger les étrangers.

Ce sont des especes d’hôtelleries bâties dans les villes & quelquefois à la campagne ; ils sont presque tous bâtis sur le même dessein, composés des mêmes appartemens, & ne différent que pour la grandeur.

Il y en a plusieurs à Constantinople, dont le plus beau est le Validé khana, ainsi nommé de la sultane Validé ou mere de Mahomet IV, qui le fit construire : le chevalier d’Arvieux en fait la description suivante dans ses mémoires tom. IV ; & elle suffira pour donner au lecteur une idée des autres khans.

C’est, dit cet auteur, un grand bâtiment quarré, dont le milieu est une vaste cour quarrée, environnée de portiques comme un cloître ; au milieu est un grand bassin avec une fontaine : le rez-de-chaussée derriere les portiques, est partagé en plusieurs magasins, où les négocians mettent leurs marchandises. Il y a un second cloître au premier étage, & des chambres dont les portes donnent sur le cloître ; elles sont assez grandes, toutes égales ; chacune a une cheminée. On les loue tant par jour ; & quoique le loyer soit assez modique, le khan ne laisse pas de produire considérablement à ses propriétaires. Deux jannissaires en gardent la porte, & on y est dans une entiere sûreté. On respecte ces lieux comme étant sous la protection de la foi publique. Tout le monde y est reçu pour son argent ; on y demeure tant qu’on veut, & l’on paye son loyer en rendant les clés. Du reste on n’y a que le logement ; il faut s’y pourvoir de meubles & d’ustenciles de cuisine : les Levantins la font eux-mêmes & sans beaucoup d’apprêts. Les murailles de ces khans sont de pierre de taille ou de brique fort épaisses, & toutes les chambres, magasins &