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quieme édition parut sous le nom de Florilegium magnum, seu Polyanthæa, à Francfort en 1624 en trois vol. in-fol. avec des supplémens tirés de Gruter, & c’est là la meilleure édition de ce vaste répertoire. (D. J.)

KAYSERSLAUTER, (Géog.) Baudrant estropiant cruellement ce mot, en fait celui de cascloutre ; on peut la nommer en latin Cæsarea ad Lutram, ville d’Allemagne dans le bas Palatinat, autrefois libre & impériale, mais sujette à l’électeur palatin depuis 1402. Les François la prirent en 1688 ; elle est sur la Lauter, à neuf lieues S. O. de Worms, 11 N. O. de Spire, 15 S. O de Mayence. Long. 25. 26. lat. 49. 26.

Braun, (Jean) mort à Groningue en 1708, naquit à Kayserslauter ; il est connu par un bon ouvrage, de vestitu sacerdotum Hebræorum. (D. J.)

KAYSERTUHL, (Géog.) ville de Suisse, au comté de Bade, avec un pont sur le Rhin & un château. Elle appartient à l’évêque de Constance, mais le canton de Bâle en a la souveraineté : on y professe le Calvinisme depuis 1530. Quelques auteurs croient que kaysertuhl est le forum Tiberii des anciennes notices ; le passage de cette ville est important, à cause de son pont sur le Rhin, qui ainsi que celui de Bâle, sont les derniers qu’on voit sur ce fleuve. Elle est à deux lieues N. O. d’Eglinaw, 3 S. E. de Zurzach, Long. 26. 15. lat. 47. 47. (D. J.)

KAYSERSWERD, (Géog.) Cæsaris insula, ville d’Allemagne au diocèse de Cologne, dans le duché de Berg, sujette au duc de Neubourg. L’électeur de Cologne la livra aux François en 1701 ; le prince de Nassau Sarbruck la reprit en 1702, & ses fortifications furent rasées. Elle est sur le Rhin à 3 lieues N. O. de Dusseldorp, 9 N. O. de Cologne. Long. 24. 24. lat. 51. 16. (D. J.)

KE

KEAJA ou KIAHIA, s. m. (Hist. mod.) lieutenant des grands officiers de la Porte, ou surintendant de leur cour particuliere.

Ce mot signifie proprement un député qui fait les affaires d’autrui. Les janissaires & les saphis ont le leur, qui reçoit leur paye, & la leur distribue ; c’est comme leur syndic. Les bachas ont aussi leur keajas particuliers, chargé du soin de leurs maisons, & de leurs provisions & équipages pour faire campagne ; le muphti a aussi son keajas.

Mais le plus considérable est celui du grand visir ; outre les affaires particulieres de son maître, il a très grande part aux affaires publiques, traités, négociations, audiences à ménager, graces à obtenir, tout passe par son canal : les drogmans ou interpretes des ambassadeurs n’oseroient rien proposer au grand-visir, sans en avoir auparavant communiqué avec son keaja ; & les ministres étrangers eux-mêmes lui rendent visite comme aux principaux officiers de l’empire. C’est le grand-seigneur qui nomme à ce poste très-propre à enrichir celui qui l’occupe, & dont on achette la faveur par des présens considérables. Le keaja a une maison en ville, & un train aussi nombreux qu’un bacha. Quand il est remercié de ses services, il est honoré de trois queues ; si on ne lui en accordoit que deux, ce seroit une marque de disgrace & de bannissement. Guer, mœurs des Turcs, tome II.

KEBER, s. m. (Hist. mod.) noms d’une secte chez les Persans, qui pour la plûpart sont des riches marchands.

Ce mot signifie infidele, de kiaphir, qui en langue turque veut dire renegat ; ou plutôt l’un & l’autre viennent de caphar, qui en chaldéen, en syriaque & en arabe, signifie nier, renier.

Quoiqu’ils soient au milieu de la Perse, & qu’il y en ait beaucoup dans un fauxbourg d’Hispahan, on ne sçait s’ils sont persans originaires, parce qu’ils n’ont rien de commun avec les Persans que la langue. On les distingue par la barbe qu’ils portent fort longue, & par l’habit qui est tout-à-fait différent de celui des autres.

Les kebers sont payens, mais en même tems fort estimés à cause de la régularité de leur vie. Quelques auteurs disent que les kebers adorent le feu comme les anciens Perses : mais d’autres prétendent le contraire. Ils croient l’immortalité de l’ame, & quelque chose d’approchant de ce que les anciens ont dit de l’enfer & des champs Elisées. Voyez Gaures.

Quand quelqu’un d’eux est mort, ils lachent de sa maison un coq, & le chassent dans la campagne ; si un renard l’emporte, ils ne doutent point que l’ame du défunt ne soit sauvée. Si cette premiere preuve ne suffit point, ils se servent d’une autre qui passe chez eux pour indubitable. Ils portent le corps du mort au cimetiere, & l’appuient contre la muraille soutenu d’une fourche. Si les oiseaux lui arrachent l’œil droit, on le considere comme un prédestiné ; on l’enterre avec cérémonie, & on le descend doucement & avec une corde dans la fosse ; mais si les oiseaux commencent par l’œil gauche, c’est une marque infaillible de réprobation. On en a horreur comme d’un damné, & on le jette la tête premiere dans la fosse. Olearius, voyage de Perse.

KEBLAH, ou KIBLAH, s. m. (Hist. orient.) ce terme désigne chez les peuples orientaux le point du ciel vers lequel ils dirigent leur culte ; les Juifs tournent leur visage vers le temple de Jérusalem ; les Sabéens, vers le méridien ; & les Gaures successeurs des Mages, vers le soleil levant.

Cette remarque n’est pas simplement historique ; elle nous donne l’intelligence d’un passage curieux d’Ezéchiel, chap. viij. v. 16. Ce prophete ayant été transporté en vision à Jérusalem, « y vit vingt-cinq hommes entre le porche & l’autel, qui ayant le dos tourné contre le temple de Dieu, & le visage tourné vers l’Orient, se prosternoient devant le soleil ». Ce passage signifie que ces vingt-cinq hommes avoient renoncé au culte du vrai Dieu ; & qu’ils avoient embrassé celui des Mages. En effet, comme le Saint des Saints reposoit dans le Shekinate, ou le symbole de la présence divine, étoit au bout occidental du temple de Jérusalem ; tous ceux qui y entroient pour adorer Dieu, avoient le visage tourné vers cet endroit ; c’étoit là leur kébla, le point vers lequel ils portoient leur culte, tandis que les Mages dirigeoient leurs adorations en tournant le visage vers l’Orient ; donc ces vingt-cinq hommes ayant changé de kébla, prouverent à Ezéchiel, non-seulement qu’ils avoient changé de religion, mais de plus qu’ils avoient embrassé celle des Mages.

Les Mahométans ont leur kiblah, kiblé, kéblé, kébleh : comme on voudra l’écrire, vers la maison sacrée, c’est-à-dire qu’ils se tournent dans leurs prieres vers le temple de la Meque, qui est au midi à l’égard de la Turquie ; c’est pourquoi dans toutes les mosquées, il y a une niche qu’ils regardent dans leur dévotion. Voyez Meque, (temple de la) Hist. orient. (D. J.)

KEDANGU, s. m. (Hist. nat Bot.) arbrisseau des Indes orientales. Ses feuilles bouillies servent à faire des bains, que l’on croit propres à resoudre toutes sortes de tumeurs ; le suc que l’on tire de ses fleurs passe pour un excellent remede contre l’épilepsie, & les aphtes des enfans.

KEER, ou CEER, s. m. (Comm.) poids dont on se sert dans quelques villes des états du grand Mogol, particuliérement à Agbar & à Zianger. Dans la pre-