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ciennement Chronius à-cause des sacrifices dits chronia, que l’on faisoit alors à Saturne, mais que dans la suite des tems le mois Chronicon fut appellé Hécatombœon, parce que les choses grandes sont dénotées par le mot hécaton, & que c’est dans ce mois-là que le soleil demeure davantage sur l’horison, & fait les plus grands jours de l’année.

Cependant j’aimerois mieux l’étymologie de Suidas & d’Harpocration, qui prétendent que ce mois prit le nom d’Hécatomboeon à-cause du nombre d’hécatombes qu’on sacrifioit à Athènes pendant son cours.

Au reste comme les mois des Grecs étoient lunaires, & qu’ils ne peuvent s’accorder avec les nôtres, j’estime qu’en traduisant les anciens auteurs, il convient bien mieux de retenir les noms propres des mois des Athéniens, des Macédoniens, & des autres nations en général, que de les exprimer par les mois des Romains que nous avons adoptés. Voy. Mois des Grecs. (D. J.)

HECATOMBE, subst. fém. (Antiq.) c’est un sacrifice de cent bœufs, selon la signification propre du mot : mais la dépense de ce sacrifice ayant bientôt paru trop forte, on se contenta d’immoler des animaux de moindre prix ; & il paroît par plusieurs anciens auteurs qu’on appella toûjours hécatombe un sacrifice de cent bêtes de même espece, comme cent chevres, cent moutons, cent agneaux, cent truies ; & si c’étoit un sacrifice impérial, dit Capitolin, on immoloit par magnificence cent lions, cent aigles, & cætera hujusmodi animalia centena feriebantur.

Ce sacrifice de cent bêtes se faisoit en même tems sur cent autels de gazon, & par cent sacrificateurs ; cependant on n’offroit de tels sacrifices que dans des cas extraordinaires, comme quand quelque grand évenement causoit quelque joie publique ou une calamité générale. Lorsque la peste ou la famine obligeoit de recourir aux dieux, les cent villes du Péloponèse faisoient ensemble un hécatombe, c’est-à-dire qu’elles immoloient une victime pour chaque ville ; mais Conon, général des Athéniens, ayant remporté une victoire navale sur les Spartiates, offrit lui seul une hécatombe : « c’étoit, dit Athénée, une véritable hécatombe, & non pas de celles qui en portent faussement le nom » ; ce qui prouve qu’on appelloit souvent hécatombe, des sacrifices où le nombre des cent victimes ne se trouvoit pas. L’histoire parle aussi d’empereurs romains qui ont offert quelquefois des hécatombes ; par exemple, Balbin, à la premiere nouvelle qu’il reçut de la défaite du tyran Maximin, ordonna sur le champ une hécatombe.

On tire communément l’origine du mot hécatombe, de ἑκατόν, cent, & de βοῦς, bœuf ; d’autres dérivent ce terme de ἑκατόν, cent, & de ποῦς, pié ; & selon ceux-ci, l’hecatombe de vingt-cinq bêtes à quatre piés n’étoit pas moins une hécatombe : d’autres enfin le dérivent simplement du mot ἑκατομϐή, qui veut dire un sacrifice somptueux. (D. J.)

HÉCATOMBÉES, subst. f. pl. (Antiq.) fête qu’on célébroit à Athènes en l’honneur d’Apollon, dans le premier mois de leur année civile, appellée de-là hécatombéon. Les Athéniens surnommoient Apollon hécatombée : les habitans de la Carie & de l’île de Crete appelloient aussi Jupiter de la même maniere, au rapport d’Hesychius. (D. J.)

HÉCATONCHIRES, subst. m. pl. (Mythol.) qui a cent mains : c’est ainsi qu’on désigne les trois géans Briarée, Gygès & Cochis, à qui la fable avoit donné cent mains.

HÉCATONPÉDON, subst. m. (Antiq.) nom d’un temple de Minerve à Athènes, qui avoit cent piés de long ; l’étymologie de ἑκατόν, cent, & ποῦς, pié, l’indique. On appelloit aussi de ce nom une ancienne ville de l’Epire dans la Chaonie.

* HECATONPHONEUME, s. m. (Mytholog.) sacrifice où l’on immole cent victimes. Il s’en faisoit un pareil dans Athenes, en l’honneur de Mars.

HECATONPHONIES, s. f. pl. (Antiq.) fêtes que célébroient chez les Messéniens ceux qui avoient tué cent ennemis à la guerre. Ce mot est composé de ἑκατόν, cent, & φονεύω, je tue. Ils offroient après cet exploit un sacrifice du même nom. Pausanias, l. IV. rapporte d’Aristodème ou Aristomède de Corinthe, qu’il offrit jusqu’à trois sacrifices de ce genre, mais Plutarque révoque en doute cette triple hécatonphonie. (D. J.)

HECATOMPYLE ou HECATOMPYLOS, (Géogr. anc.) ancienne ville de la Parthie, capitale du royaume des Parthes sous les Arsacides, qui y faisoient leur résidence. Ptolomée, par sa table des principales villes, publiée dans la collection d’Oxford, la met à 97d de longit. & à 37d 20′ de latit. Ce n’est donc pas Ispahan située à 32d 20′ de latit. ce n’est pas non plus Yesd. Diodore de Sicile, l. IV. cap. xxviij. parle d’un autre Hécatompyle, qui étoit en Lybie. Enfin, Thèbes en Egypte y a été aussi nommée Hécatompyle à cause de ses cent portes. (D. J.)

HECATONSTYLON, s. m. (Architect. anc.) portique à cent colonnes : c’est le nom qu’on donna en particulier au grand portique du théatre de Pompée à Rome. (D. J.)

* HECHE, s. f. (Art méchan.) espece de barriere ou d’arrêt dont on garnit les côtés d’une charrette pour aller librement sans occuper les roues.

HECLA, (Géog. & Hist. nat.) fameuse montagne & volcan d’Islande, situé dans la partie méridionale de cette île, dans le district appellé Rangerval-Syssel. Si l’on en croit M. Anderson dans sa description d’Islande, le mont Hecla a vomi des flammes pendant plusieurs siecles sans discontinuer, & présente toûjours un coup-d’œil effrayant à ceux qui s’en approchent : mais des relations plus modernes & plus sûres ont fait disparoître les merveilles qu’on racontoit de ce volcan ; elles sont dûes à M. Horrebon, qu’un long séjour en Islande a mis à portée de juger des choses par lui-même, & d’en parler avec plus de certitude que M. Anderson, qui a été obligé de s’en rapporter à des mémoires souvent très-infideles. M. Horrebon nous apprend donc que depuis que l’Islande est habitée, c’est-à-dire depuis 800 ans, le mont Hecla n’a eu que dix éruptions, savoir en 1104, en 1157, 1222, 1300, 1341, 1362, 1389, 1558, 1636. La derniere éruption commença le 13 Février 1693, & dura jusqu’au mois d’Août suivant ; les éruptions antérieures n’avoient pareillement duré que quelques mois. Sur quoi l’auteur remarque qu’y ayant eu quatre éruptions dans le xjv. siecle, il n’y en eut point-du-tout dans le xv. & que ce volcan fut 169 ans de suite sans jetter des flammes, après quoi il n’en jetta qu’une seule fois dans le xvj. siecle, & deux fois dans le xvij. il conclud de-là qu’il pourroit bien se faire que le feu soûterrein eût pris une autre issue, & que le mont Hecla ne vomît plus de flammes par la suite. M. Horrebon qui écrivoit en 1752, ajoûte qu’alors on n’en voyoit plus sortir ni flamme ni fumée ; que seulement on trouvoit quelques petites sources d’eau très-chaude dans des cavités qui sont dans son voisinage. Au-dessus des cendres qui ont été vomies autrefois par ce volcan, il vient actuellement de très-bons pâturages, & l’on a bâti des fermes & des maisons tout auprès. M. Anderson avoit dit d’après les mémoires qu’on lui avoit fournis, que le mont Hecla étoit inaccessible & qu’il étoit impossible d’y monter ; mais M. Horrebon dit que bien des gens ont été jusqu’au sommet, & que même en 1750 il fut soigneusement examiné par deux jeunes islandois étudians de Co-