milles de Bersabée vers le nord. Elle fut assignée aux Prêtres pour leur demeure, & déclarée ville de réfuge. David y établit le siége de son royaume après la mort de Saül. On dit qu’Hébron est aujourd’hui décoré d’une grande mosquée, où les Mahométans viennent d’Alep, de Damas, & d’autres pays. Le P. Nau, dans son voyage de la Terre-sainte, avoue (liv. IV. ch. xviij.) qu’il n’a jamais pû voir Hébron ; & les détails qu’il en donne, ne sont fondés que sur les relations d’un de ses amis. (D. I.)
* HEBRUUN, subst. m. (Navig.) C’est en Bretagne l’officier ou commis qui délivre aux maîtres des navires les congés dont ils ont besoin avant que de mettre en mer. Ce mot vient de celui du congé qu’on appelle un bref ou brieux.
HECAERGUE, ou HECAERGE, adj. pris subst. (Gram. & Mythol.) épithete qu’Homere donne souvent à Apollon, à Diane, & aux autres divinités armées de fleches & de carquois : mais elle convient surtout à Apollon qui étoit aussi dieu de la lumiere. Elle signifie qui frappe au loin. On a fait d’Hécaerge une nymphe des bois, sœur d’Opis.
* HECALE, surnom de Jupiter, (Mythol.) Il avoit un temple à Hécale, bourg d’Attique, & on l’honoroit dans cet endroit par des fêtes nommées hécalésies, voyez Hécalesies, & on le désignoit par Jupiter Hécale.
HECALESIES, subst. fém. pl. (Antiq. greq.) fêtes qu’on célébroit à Hécale, bourg de l’Attique dans la tribu Léontide, en l’honneur de Jupiter qui avoit un temple dans ce lieu, où il étoit adoré sous le nom de Jupiter Hécale. M. Spon nomme ce bourg Ecali, d’après la prononciation vicieuse de quelques écoles. (D. J.)
HÉCATE, subst. f. (Mythol.) divinité du Paganisme. Rien n’est plus incertain que sa naissance ; Musée la déclare fille du Soleil, d’autres de la Nuit, d’autres de Cérès & de Jupiter, d’autres encore de ce dieu & de Latone : mais la plûpart prétendent qu’elle étoit fille de Persée & d’Astérie, dont Jupiter avoit eu les faveurs, avant que de faire lui-même ce mariage.
Suivant l’opinion commune, Hécate est la même que Proserpine, que Diane, & que la Lune ; c’est-à-dire qu’elle avoit trois noms, celui de la Lune dans le ciel, de Diane sur la terre, & de Proserpine dans les enfers : voilà pourquoi elle est appellée la triple Hécate, ou la déesse à trois formes, dea triformis, & dans Ovide tergeminaque Hecates.
On la représentoit tantôt par trois figures adossées les unes aux autres ; tantôt par un seul corps qui porte trois têtes & quatre bras, disposés de maniere que de quelque côté qu’on se tourne, chaque tête a ses deux bras. D’une main elle porte un flambeau qui lui a valu le titre de lacifera ; des deux autres mains elle tient un foüet & un glaive, comme gardienne des enfers ; & dans la quatrieme on lui met un serpent, parce qu’elle présidoit à la santé, dont le serpent est le symbole.
On la peignoit à trois faces, suivant quelques mythologistes, à cause des trois faces que la Lune fait voir dans son cours ; & selon d’autres, parce qu’elle domine sur la naissance, sur la santé, & sur la mort : entant qu’elle regne sur la naissance, c’est Lucine, dit Servien ; entant qu’elle veille à la santé, c’est Diane ; & le nom d’Hécate lui convient entant qu’elle commande à la mort.
Hésiode parle d’Hécate comme d’une déesse terrible, pour qui Jupiter a plus d’égards que pour aucune autre divinité, parce qu’elle a, pour ainsi dire, le destin de la terre entre ses mains, qu’elle distribue les biens à ceux qui l’honorent, qu’elle préside au conseil des rois, aux accouchemens & aux songes.
Elle étoit aussi la déesse des magiciennes & des
enchanteresses ; c’est pour cela qu’on la fait mere de Circé & de Médée : du-moins dans Eurypide, cette derniere, avant de commencer ses opérations magiques, invoque Hécate sa mere. Elle passoit encore, comme je l’ai dit, pour la déesse des spectres & des songes : Ulysse voulant se délivrer de ceux dont il étoit tourmenté, eut soin de lui consacrer un temple en Sicile.
Enfin, selon le scholiaste de Théocrite, Hécate étoit la déesse des expiations ; & sous ce titre on lui immoloit de petits chiens, & on lui élevoit des statues dans les carrefours, où elle étoit appellée Trivia. Aussi Lycophron l’appelle Κυνοσφαγὴς, & Ovide semblablement canum mactatrix : Etienne de Bysance & Suidas parlent de l’antre où on lui faisoit ces sortes de sacrifices ; il étoit en Thrace dans la ville de Zérinthe : mais elle avoit en plusieurs autres pays un culte & des autels ; l’ancienne Géographie fournit même certains lieux qui en tiroient leurs noms.
Servius dérive celui d’Hécate du mot grec ἑκατον, cent, ou parce qu’on lui offroit cent victimes à-la-fois, ou plûtôt parce qu’on croyoit qu’elle retenoit cent ans au-delà du Styx les ames de ceux qui avoient été privés de la sépulture. Si vous êtes curieux de plus grands détails, consultez Meursius sur Lycophron, Servius sur Virgile, Barthius sur Stace, & Vossius sur l’idolatrie. (D. J.)
HÉCATÉSIES, subst. f. pl. Hecatesia, (Antiq.) fêtes & sacrifices en l’honneur d’Hécate. On les faisoit tous les mois à Athènes, qui étoit la ville de Grece où l’on avoit le plus de vénération pour cette déesse : les Athéniens la regardoient comme la protectrice de leurs familles & de leurs enfans. En conséquence de cette idée, ils célébroient régulierement sa fête avec un grand concours de peuple, & lui dressoient devant leurs maisons des statues appellées ἑκατα. Alors à chaque nouvelle lune, les gens riches donnoient un repas public dans les carrefours où la divinité étoit censée présider, & ce repas se nommoit le repas d’Hécate, Ἑκάτης δίπνον.
Mais ces repas publics étoient sur tout destinés pour les pauvres ; & même dans les sacrifices à Hécate, il y avoit toûjours un certain nombre de pains & d’autres provisions, que leur distribuoient les sacrificateurs : c’étoit de-là principalement que les malheureux tiroient leur subsistance, au rapport du scholiaste d’Aristophane. On dressoit les tables, autant qu’il étoit possible, dans les carrefours & les places où trois rues venoient aboutir, parce que ces rues étoient consacrées à la déesse, surnommée par cette raison Trivia ; les sacrifices qu’on lui offroit portoient aussi le même nom.
Dans la plûpart de tous les autres sacrifices, une portion de la victime, outre ce que nos bouchers appellent issues, étoit reservée pour la nourriture des personnes incapables de travailler. Les Grecs & les Romains avoient des usages admirables dans leur police : tandis qu’ils sévissoient contre les mendians & les vagabonds, ils avoient imaginé les moyens d’aider perpétuellement les familles indigentes, sans le secours des hôpitaux qu’ils ne connoissoient pas ; & leurs sacrifices servoient tout-ensemble à la religion & au soûtien de ceux qui se trouvoient dans le besoin. (D. J.)
HECATOMBAEON, sub. m. sing. (Chronol. anc.) nom du premier mois de l’année des Athéniens : il étoit composé de trente jours, & commençoit à la premiere nouvelle lune après le solstice d’été ; ce qui répond selon les uns au mois de Septembre, & selon d’autres, à la fin de notre mois de Juin ou au commencement de Juillet. Les Béotiens appelloient ce mois Hippodromus ; & les Macédoniens Loüs.
L’auteur du grand Etymologicon nous apprend que le premier mois des Athéniens se nommoit an-