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qu’on ne démontre dans les élémens de Géométrie que pour les seules figures régulieres, savoir que le cercle est la plus grande de toutes les figures isopérimètres rectilignes régulieres ou non. (O)

ISOPSÈPHE, adj. (Littérat. Grecq.) mot composé de ἴσος égal, & de ψῆφος, calcul, suffrage.

Il faut donc savoir, pour se former une idée claire du sens de ce terme, que l’adjectif ἰσόψηφος, s’entendoit de plusieurs manieres, ainsi qu’on le remarque dans l’Histoire de l’Acad. des Belles-Lettres.

Comme le mot ψῆφος, signifie tout-à-la fois suffrage & calcul ; par rapport à ces deux différentes choses, le mot ἰσόψηφος, étoit susceptible de différentes acceptions. Si on le considere comme formé de ψῆφος suffrage, ou il se disoit d’un magistrat, d’un juge, & alors il signifioit qui a le même droit de suffrage, qui jouit d’une égale autorité ; ou il se disoit d’une assemblée, d’une délibération, & en ce cas on s’en servoit pour exprimer celle où les suffrages sont partagés, où le nombre des suffrages est égal de part & d’autre. Mais si on le regarde comme venant de ψῆφος calcul, alors il se disoit de certains mots qu’on appelloit ὀνόματα ἱσόψηφα, c’est-à-dire, mots dont les lettres calculées produisent le même nombre. Tout le mystere en ce dernier sens se réduit à ceci.

Les Grecs n’avoient point d’autres chiffres que les lettres de leur alphabeth, de sorte que leur Α signifioit un dans leur arithmétique, Β deux, Γ trois, & ainsi du reste ; cela supposé, ils appelloient deux mots isopsèphes, lorsque les lettres de chacun de ces deux mots, considérées comme chiffres, & calculées par la regle de l’addition, produisoient une même somme.

Mais les anciens grecs n’avoient pas seulement des mots isopsèphes, ils avoient des vers entiers qu’ils appelloient du même nom, & pour les mêmes raisons. C’étoient des vers construits de maniere que les lettres numérales du premier distique, produisoient le même nombre que celles du second.

Un certain Léonide se distingua dans ce genre bisarre de poësies ; il faisoit des épigrammes, dont les deux premiers vers étoient isopsèphes aux deux seconds ; quand l’épigramme étoit de deux vers, il opposoit vers à vers. M. Huet a remarqué l’isopséphisme dans l’épigramme du xij. chap. du VI. liv de l’Antologie, qui commence par ces mots, Εἷς πρὸς ἕνα ; cette épigramme est composée de deux vers, dont chacun forme le nombre de 4111.

On prétend aussi qu’on trouve dans Homere quelques vers isopsèphes ; mais si cela est, ce sont de purs effets du hasard ; un si grand Poëte n’a surément jamais perdu son tems à un amusement qui n’étoit pas moins frivole que celui de nos faiseurs d’anagrammes & d’acrostiches du siecle passé. (D. J.)

ISORA, s. f. (Bot.) genre de plante à fleur ou monopétale ou polypétale, mais irréguliere, ouverte & bien découpée. Il s’éleve du fond de la fleur un pistil dont la tête devient dans la suite un fruit arrondi, composé de plusieurs gaines en forme de cuillieres & remplies de semences qui ont presque la figure d’un rein. Plumier.

ISOSCELE, adj. (Géom.) le triangle isoscèle est celui qui a deux côtés égaux. Voyez Triangle.

Dans tout triangle isoscèle F, D, E, (Pl. Géom. fig. 69.) les angles y & u opposés aux côtés égaux sont égaux ; & une ligne tirée du sommet F sur la base, de maniere qu’elle la coupe en deux parties égales, est perpendiculaire sur cette même base. Chambers. (E)

ISPAHAN, (Géog.) ou HISPAHAN, en persan Sephaon, & par les Arabes Esfahan, capitale de la Perse, la plus grande, la plus belle ville de l’orient, & celle où les Sciences, si je puis user ici de ce terme, étoient le plus cultivées du tems de Chardin,

qui a employé un volume entier à décrire cette superbe ville.

Il nous la peint aussi peuplée que Londres ou Paris le sont actuellement, dans un air sec & pur ; un terroir fertile, où les vivres se vendent pour rien, & où abordent pour le commerce une foule incroyable de négotians de toute la terre, & de toutes les sectes, Banians, Bramins, Chrétiens, Juifs, Mahométans, Gentils, Guèbres, &c. Les Banians vont du cap de Comorin jusqu’à la mer Caspienne trafiquer avec vingt nations sans s’être jamais mêlés à aucune.

Les mémoires représentent Ispahan ayant au moins 7 lieues de tour, & possédant dans l’enceinte de ses murailles 162 mosquées, 1802 caravansérais, 273 bains, 48 colléges, des ponts superbes, 100 palais plus beaux les uns que les autres, quantité de rues ornées de canaux, dont les côtés sont couverts de platanes, pour y donner de l’ombre, des bazards magnifiques placés dans tous les quartiers & dans les fauxbourgs, un nombre prodigieux de salles immenses qu’on appelle maisons à caffé, où les uns prenoient de cette liqueur devenue à la mode parmi nous sur la fin du xvij. siecle ; les autres jouoient, lisoient ou écoutoient des faiseurs de contes, tandis qu’à un bout de la salle, un ecclésiastique prêchoit pour quelque argent, & qu’à un autre bout, ces especes d’hommes qui se sont fait un art de l’amusement des autres, déployoient tous leurs talens ; tout son détail montre un peuple sociable dans une ville très-opulente.

Mais quand on parcourt la description que Chardin fait du Maydan ou marché royal, celle du palais de l’empereur qui a plus d’une lieue de circuit, la magnificence de sa cour, de ses serrails, de ses écuries, du nombre de ses chevaux, couverts de riches brocards, de leurs harnois brillans de pierreries, de ces quatre mille vases d’or qui servoient pour sa table, on croit lire un roman, un conte de fées, ou du moins une relation du tems de Xerxès.

Telle étoit toutefois la magnificence de Sha-Abas II, dans le tems de notre voyageur ; telle étoit alors Ispahan. Dans notre siecle la Perse entiere a été désolée & boulversée pendant trente années de suite par tous ses voisins ; la célebre, la riche & superbe ville d’Ispahan a été pillée, saccagée, ruinée de fond en comble ; son commerce a été anéanti ; enfin ses habitans ont presque tous péri par la famine ou par le fer dans les deux étranges révolutions survenues depuis 1722, & qui ont jetté le royaume de l’état le plus florissant dans le plus grand abysme de malheurs. Voyez Perse.

Ispahan est très-ancienne, quoique ce ne soit pas l’Hécatompolis des Grecs. Il est vraissemblable qu’elle a succédé à l’Aspadana de Ptolomée, l’Aspachan de Cédrene, & l’Aspada de l’anonime de Ravenne ; Sha-Abas I. qu’on a surnommé le Grand, parce qu’il fit de très-grandes choses, la choisit pour la capitale de son empire, & ne négligea ni soins ni dépenses pour l’embellir, jusqu’à percer une montagne pour amener une riviere dans le Zendérond, sur lequel elle est située, à 108 lieues S. E. de Casbin, & 106 N. E. de Bassora. Long. selon Cassini, Desplaces, & Lieutaud, 70d 21′ 30″. Latit. 32. 25. (D. J.)

ISPARA, s. m. (Mythol.) divinité adorée par les Malabares sur la côte de Coromandel. On la représente avec trois yeux & huit mains ; elle a une sonnette pendue au col, une demi-lune & des serpens sur le front. Les Malabares croyent que ce dieu embrasse les sept ciels & les sept terres.

ISSANT, adj. terme de Blason, qui se dit du lion & des autres animaux qui se mettent sur le chef de l’écu, qui ne paroissent qu’à demi-corps, ou qui sor-