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de la résine dans l’ipécacuanha qu’on veut donner en substance, en enlevant une partie de ce principe par une application convenable de l’esprit de vin.

Les vûes de ces auteurs peuvent être très-louables, & fournir un remede plus sûr, plus convenable dans certains sujets délicats, ou dans les cas où les remedes trop actifs sont contre-indiqués ; mais assez généralement nous donnons l’ipécacuanha en substance, sans nous assujettir à ces précautions, & nous ne trouvons pas que ce soit un remede violent, & dont l’action soit suivie d’accidens graves.

C’est 1°. à titre de vomitif, de remede général que nous l’employons depuis dix grains jusqu’à vingt & à trente. On pense-assez communément que son action est plus modérée que celle du tartre émétique. Ces deux remedes sont presque les seuls vomitifs employés dans la pratique la plus reçue ; le premier dans les légeres incommodités, principalement chez les femmes & chez les enfans ; le dernier dans les maladies proprement dites, & toûjours même dans les sujets robustes. Voyez Vomitif. L’ipécacuanha est le seul émétique que nous tirions aujourd’hui du regne végétal.

2°. La célébrité de cette drogue est principalement fondée sur ses effets admirables dans les dissenteries ; elle guérit infailliblement les dissenteries communes ou moins graves, & elle concourt efficacement à la guérison des dissenteries épidémiques & malignes. Voyez Dissenterie. On le donne dans ces maladies, premierement à haute dose, c’est-à-dire, à quinze, vingt, trente grains ; & on réitere ce remede deux ou trois fois dans des intervalles convenables, selon l’exigence des cas ; & lorsque les symptômes commencent à s’affoiblir, ineunte morbi declinatione, c’est une pratique utile & très usitée à Paris, de le donner à très-petite dose, mais souvent réitérée, par exemple à deux ou trois grains dans un excipient convenable, la conserve de roses, le diascordium, &c. trois fois par jour, pendant huit, dix, douze jours. Voyez Dissenterie.

On trouve dans les boutiques, sous le nom d’ipécacuanha blanc, une racine qu’il n’est pas permis de confondre avec l’ipécacuanha blanc de Pison, puisque ce dernier est, selon cet auteur, émétique & purgatif, au lieu que l’ipécacuanha blanc de nos boutiques n’a point ces vertus. (b)

IPECA-GUACA, s. m. (Ornith. exot.)|espece de canard du Bresil, plus petit que celui qu’on nomme ipecati-apoa, d’ailleurs apprivoisé & fort au-dessus par la beauté de son plumage. Sa tête est remarquable par une tache rouge sur le milieu ; son dos est d’un blanc de cygne ; ses jambes & ses piés sont jaunes ; il est vif, fécond, & s’engraisse aussi bien dans une basse-cour que dans l’eau. Piso. Hist. Brasil. (D. J.)

IPECATI-APOA, & par les Portugais PATA, s. m. (Ornit. exot.) canard du Bresil, de la grosseur d’une oye ; la tête, le col, le ventre, & les parties inférieures de la queue de cet oiseau, sont blanches ; mais le sommet de la tête, le dos, & les aîles, ont la couleur du plus beau verd de nos canards ; le haut du bec est couvert d’un tubercule charnu, jaspé de tachetures blanches ; ses jambes & ses piés sont gris-brun ; le mâle se distingue de la femelle par quelques longues plumes d’un brun luisant, qu’il a sur les aîles ; cette espece de canard est très-commune dans les rivierès du pays, & sa chair est estimée. (D. J.)

IPECU, s. m. (Ornit. exot.) très-beau pic-verd du Brésil, qui a la grosseur de nos pigeons ; sa tête d’un rouge vif, éclatant, est couronnée d’une crête de plumes de la même couleur ; son col noir est

orné d’une bandelette blanche qui décourt de chaque côté ; ses ailes sont noires en-dehors, & rouges par-dessous ; sa queue est toute noire ; son ventre & ses cuisses sont diaprées de noir & de blanc ; son bec est droit, dur, aigu, & fait pour percer l’écorce & le bois des arbres. Margrave, Hist. Brasil. (D. J.)

IPRES, (Géog.) Voyez Ypres.

IPSALA, (Géog.) selon Léunclavius, ville de la Turquie européenne dans la Romanie, avec un archevêché grec, sur la riviere de Larisse, à 22 lieue, sud-ouest d’Andrinople, 8 sud ouest de Trajanopolis 50 sud-ouest de Constantinople. Long. 43. 55. lat. 40. 57. (D. J.)

IPSWICH, (Géog.) ville considérable d’Angleterre, capitale de la province de Suffolck, avec un port très-commode ; elle envoye deux députés au Parlement, & est sur la Stoure, à environ 20 milles de la mer, 55 nord-est de Londres, Long. 18. 35. lat. 52. 6.

Wolsey qui marcha de pair avec les souverains, nâquit à Ipswich ; on ne peut qu’être étonné du rôle qu’il joua dans le monde, quand on considere l’obscurité de sa naissance. Fils d’un boucher, il devint archevêque d’Yorck, chancelier d’Angleterre, cardinal, légat perpétuel à latere, l’arbitre de l’Europe, & le premier ministre de son maître, revêtu d’une puissance absolue dans le spirituel & le temporel. La bulle que Léon X. lui envoya, lui donnoit droit de nommer des docteurs en toutes facultés, de créer cinquante chevaliers, cinquante comtes palatins, autant d’acolytes, de chapelains, & de notaires apostoliques ; enfin de légitimer les batards, de délivrer les prisonniers, & d’accorder des dispenses sans bornes. Environné de toutes les grandeurs mondaines il succomba à l’ordre d’Henri VIII. de l’arrêter, se mit au lit en apprenant cette nouvelle, & mourut peu de jours après en 1531, âgé de 60 ans, le plus riche & le plus éminent particulier du siecle : cependant il montra dans cette conjoncture un courage qu’on ne devoit pas attendre d’un homme corrompu depuis si long-tems par l’ambition, la fortune & la volupté ; sa mort parut toute simple à l’Angleterre ; elle n’y fit pas plus de bruit que sa naissance. (D. J.)

I R

IRAC, (Géogr.) Iraca, grand pays d’Asie divisé en Irac-Arabi, & en Irac-Agémi.

L’Irac-Arabi, ou l’Iraque babilonienne, est arrosée par le Tigre & par l’Euphrate ; elle tire son nom de ce que l’Arabie déserte s’étend jusques-là ; elle est presque toute sous la domination des Turcs ; Bagdat en est la capitale.

L’Irac-Agémi, ou l’Irac persienne, ainsi nommée par opposition à l’Iraque arabique, est bornée par le Ghilan & le Tabristan ; elle a au N. l’Hérat, à l’E. le Sablestan, au S. le Farsistan, à l’O. le Laurestan & les Turcomans ; la partie orientale de l’Irac-agémi, répond à une partie de l’ancien royaume des Parthes ; il est appellé Jébal par Nassir-Eddin & par Ulug-Beig, qui s’accordent ensemble sur le nombre, l’ordre des villes, & leur position ; quoique l’Irac-agémi ne soit pas la Perse propre, elle est sous la domination de ce royaume & dans le centre de l’empire, puisque c’est dans cette contrée qu’est la capitale de toute la nation, je veux dire Ispahan. Voyez Ispahan. (D. J.)

IRACAHA, s. m. (Hist. nat. Bot.) grand arbre d’Amérique, dont on ne sait rien, sinon qu’il porte un fruit très-bon à manger, qui ressemble à nos poires ; ses feuilles sont à-peu-près comme celles du figuier.

IRAN, (Géog.) nom que les Orientaux donnent à la Perse en général, & à une province particu-