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guérison. Il est peu de nos lecteurs qui n’ait éprouvé par lui-même ce que nous avançons, & qui n’ait préféré, & qui ne préfere encore dans l’état de maladie, les services d’une femme à ceux d’un homme, toutes choses égales.

Si le sentiment intérieur de la nature & l’expérience se réunissent pour nous démontrer cette vérité, pourquoi n’en profitons-nous pas pour l’intérêt du service & de l’humanité ?

Qui empêche qu’on ne substitue aux infirmiers dans tous les hôpitaux militaires du royaume des infirmieres aux mêmes gages & fonctions, tirées non de l’ordre des sœurs hospitalieres, mais du sein du peuple indigent ? on devroit s’en promettre le même service que de ces sœurs, & un meilleur que celui des infirmiers, premier avantage. Ces hommes seroient rendus aux ouvrages de la terre, ou des arts méchaniques, autre avantage : mais nous en appercevons un plus précieux encore dans ce changement, ce sont les nouvelles occasions d’emploi & de travail qu’il procureroit à un nombre de femmes ou filles, dans l’énorme quantité de désœuvrées involontaires qui fourmillent dans nos villes, qui desirent & cherchent des occupations, & qui faute d’en trouver, restent en proie aux dangers & aux malheurs d’une oisiveté forcée. Cet article essentiel & trop négligé parmi nous, si important pour la population, pour les mœurs & l’honnêteté publique, mériteroit les plus sérieuses attentions de la part du gouvernement.

Au surplus nous ne répondrons aux objections qu’on pourroit nous faire sur le changement proposé pour les hôpitaux militaires, qu’en présentant l’exemple de ce qui se pratique avec succès dans les hôpitaux bourgeois & les maisons de charité du royaume, où les soldats malades des troupes du roi sont reçus & traités, comme dans les hôpitaux même de sa majesté. Voyez Garde-malade. Article de M. Durival le jeune.

INFIRMITÉ, s. f. (Medecine.) ou plutôt (Gram.) par la force du mot signifie foiblesse, & par l’usage dérangement habituel d’une fonction particuliere, & qui n’importe pas essentiellement à l’économie générale de la vie & de la santé. La privation absolue, la diminution considérable, ou la dépravation de l’action des organes des sens, de la génération, du mouvement volontaire, lorsque ces vices sont constans, sont des infirmités ; soit qu’elles dépendent de quelque lésion particuliere dans des sujets, très bien constitués d’ailleurs. Telle peut être la surdité, la cécité, la claudication, l’impuissance, &c. dans un sujet jeune & vigoureux ; soit qu’elles dépendent d’une cause plus générale, telles sont les infirmités de la vieillesse. Au reste c’est un vice sensible dans la fonction immédiate & prochaine des organes, qui s’appelle infirmité ; car on ne donne pas ce nom aux vices secondaires ou cachés. Par exemple la difficulté de mâcher faute de dents est une infirmité en soi, & indépendamment de la digestion pénible, qui peut être une suite de la mastication imparfaite. La stérilité chez une femme bien constituée sensiblement, ne s’appelle pas infirmité ; & on donne ce nom à l’imperforation, ou à la chûte de matrice qui cause la stérilité, mais sans égard à cet effet éloigné. (b)

INFLAMMABILITÉ, s. f. (Chimie.) dans le sens le plus précis, c’est la propriété d’un corps capable d’être enflammé, ou de brûler avec flamme. Mais l’usage a étendu cette dénomination à la propriété générale de brûler, soit avec flamme, soit sans flamme. Dans ce dernier sens qui est le plus ordinaire, inflammabilité est synonyme de combustibilité. Voyez Phlogistique.

INFLAMMABLE, adj. (Gramm.) qui peut s’enflammer.

Inflammable, (Chimie.) corps doué de l’inflammabilité.

Inflammable, principe, (Chimie.) c’est un des noms les plus usités du feu combiné, ou phlogistique. Voyez Phlogistique.

Inflammables, substances. (Hist. nat. Minéralogie.) Les Naturalistes nomment ainsi les substances du regne minéral, qui ont la propriété de s’enflammer, & de brûler. Elles se trouvent dans l’intérieur de la terre, & quelquefois à la surface’ ; on les désigne quelquefois sous le nom de soufres, mais cette dénomination est impropre, attendu que le soufre est lui-même une des substances inflammables, que l’on rencontre dans le sein de la terre. On compte dans ce nombre les bitumes, le naphte, le pétréole, la poix minérale, l’asphalte, le charbon fossile, le jais, le succin, l’ambre, le soufre. Voyez ces différens articles. (—)

INFLAMMATION, s. f. (Chimie.) est l’état d’un corps qui brûle avec flamme. Voyez Flamme. (b)

Inflammation, Maladies infammatoires. (Medecine.) Quoique ces deux noms paroissent au premier coup d’œil synonymes, si l’on veut les analyser d’après l’observation, on pourra s’appercevoir qu’ils renferment des idées différentes. Toute maladie inflammatoire peut bien supposer l’inflammation, mais il me paroît, & j’en donnerai les raisons plus bas, que toute inflammation ne doit pas être regardée comme maladie inflammatoire : ainsi je ferai de ces deux mots deux articles séparés, traitant d’abord de l’inflammation en général ou extérieure, & ensuite des maladies inflammatoires. Je donnerai donc d’abord 1°. l’histoire de la maladie, c’est-à-dire l’exposé de ce que les sens ou l’observation découvrent dans toute inflammation, ce qui est conséquemment très-certain & à l’abri de toute discussion. Je passerai ensuite à la théorie, ou à l’examen des causes moins évidentes, refusées aux témoignages de nos sens, partie féconde en dispute comme en erreur ; enfin j’exposerai la partie thérapeutique-pratique, qui comprendra les signes diagnostiques & prognostics, & la curation proprement dite.

L’histoire. Symptomes. Inflammation est un mot générique employé pour désigner cette classe de maladie fort étendue & très-multipliée, dont le caractere est l’augmentation de chaleur dans une partie jointe à une douleur plus ou moins vive.

A ces symptomes seuls & constans, caractéristiques de toute inflammation, soit extérieure, soit interne, on peut ajoûter la tumeur & la rougeur de la partie affectée, qui ne sont vraiment signes, & qu’on n’apperçoit que dans les inflammations extérieures, & qui vraissemblablement n’existent pas moins dans celles qui attaquent les parties internes ; lorsque les inflammations sont un peu considérables, & surtout lorsqu’elles sont dolorifiques à un certain point, la fievre ne manque pas de survenir, & il faut remarquer qu’elle est plutôt compagne de la douleur, & proportionnée à sa vivacité, qu’à la grandeur de l’inflammation. Ainsi l’on en voit qui sont très-considérables sans la moindre émotion dans le pouls, tandis qu’une inflammation très-peu étendue, mais suivie de beaucoup de douleur, un panaris, par exemple, allumera une fievre très-violente. Mais, quoique dans toutes les inflammations le mouvement du sang ne soit pas accéléré par tout le corps, on observe toujours que les arteres de la partie enflammée battent plus vîte & plus fort que dans l’état ordinaire ; & pour s’en assurer, l’on n’a qu’à presser un peu avec la main la partie enflammée ; le malade peut s’en convaincre lui-même en appuyant cette partie contre quelque corps dur : ce mouvement des arteres augmenté, peut passer pour une fievre locale. Il n’est rien moins que démontré que la circulation du sang soit plus rapide dans cette partie ; c’est un fait cependant unanimement reçu, & déduit très-peu conséquemment, de la rougeur & de la