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& expressément commandées par les dieux… Quand on se fut mis en tête qu’il ne falloit rien attendre d’eux, si la victime n’étoit pas parfaite, le choix & les précautions furent portées en ce point jusqu’à l’extravagance. Il falloit à telle divinité des victimes blanches ; il en falloit de noires à une autre : une troisieme affectionnoit les bêtes rousses :

Nigram hyemi pecudem, zephiris felicibus albam.

» Chaque victime passoit par un examen rigoureux ; & telle qui devant être blanche se seroit trouvée avoir quelques poils noirs, étoit privée de l’honneur d’être égorgée à l’autel. La difficulté de trouver des bêtes ou exactement blanches ou exactement noires, ne laissoit pas de faire naître quelque embarras en bien des rencontres, sur-tout quand c’étoit de grandes victimes. Mais on s’en tiroit par un expédient qui étoit de noircir les poils blancs dans les noires, & de frotter de craie tout ce qui se trouvoit rembruni dans les genisses blanches, bos cretatus.

» Après avoir immolé les victimes les mieux choisies, on ne se croyoit cependant pas encore suffisamment acquitté. On en visitoit les entrailles en les tirant pour faire cuire les chairs : & s’il s’y trouvoit encore quelques parties ou vicieuses ou flétries, ou malades, on croyoit n’avoir rien fait. Mais quand tout étoit sain, & que les dedans comme les dehors étoient sans défaut, on croyoit les dieux contens & tous les devoirs remplis, parce qu’il ne manquoit rien au cérémonial. Avec ces assurances d’avoir mis les dieux dans ses intérêts, on alloit au combat, on faisoit tout avec une entiere confiance de réussir.

» Cette intégrité & cet accord parfait des dedans & des dehors des victimes étant le moyen sûr de connoître si les dieux étoient satisfaits, on en fit comme des augures, la grande affaire des ministres de la religion : les rubricaires idiots mirent toute la perfection dans la connoissance des regles qui fixoient le choix & l’examen universel des victimes. Leur grand principe fut que l’état parfait ou défectueux de l’extérieur & des entrailles, étoit la marque d’un consentement de la part des dieux, ou d’une opposition formelle. En conséquence, tout devint matiere à observation ; tout leur parut significatif & important dans les victimes prêtes à être immolées. Tous les mouvemens d’un bœuf qu’on conduisoit à l’autel, devinrent autant de prophéties. S’avançoit-il d’un air tranquille, en ligne droite & sans faire de résistance, c’étoit le pronostic d’une réussite aisée & sans traverse. Son indocilité, ses détours, sa maniere de tomber ou de se débattre, donnoient lieu à autant d’interprétations favorables ou fâcheuses. Ils faisoient valoir le tout tant bien que mal, par des ressemblances frivoles & par de pures pointilleries ».

On ne peut sans doute expliquer avec plus d’élégance & de clarté que fait cet auteur, ce qu’on pourroit appeller l’histoire des principes de l’haruspicine ; mais de nous développer ces principes en eux-mêmes, & quelle relation les haruspices mettoient entre tel & tel signe & tel ou tel événement, c’est ce que nous eussions souhaité faire ; mais ni les Anciens ni les Modernes, ne nous ont donné aucune lumiere à cet égard. (G)

HARWICH, Harwicum, (Géog.) ville maritime d’Angleterre au comté d’Essex, avec un port à l’embouchure de la Sture, sur les frontieres de Suffolck ; c’est d’où partent les paquebots pour la Brille en Hollande ; elle est à cinq lieues N. E. de Colchester, vingt N. E. de Londres. Long. 18. 38. lat. 51. 55.

Les curieux feront bien de lire sur cette ville &

sur celle de Douvres, le livre suivant : the Antiquities and history of Harvich and Dovercourt, by Samuel Dale. London, 1730, in-4°. (D. J.)

HASBAIN ou HASBAYE ou HASPENGAW, en latin Haspinga, (Géog.) pays d’Allemagne dans le cercle de Westphalie. Il fait la principale partie de l’état de Liége, comprend Liége, Borch-Worme, Tongres, Viset, &c. Autrefois le comté d’Hasbain s’étendoit jusqu’à la ville de Louvain ; il est nommé Pagus Haspaniensis dans Paul Lombard, & Pagus Haspanicus dans les annales de Fulde. Ce pays a pris son nom, suivant M. de Valois, Notit. Galliæ, pag. 242, de la riviere nommée Haspen, ou Hespen, qui l’arrose. Nos auteurs écrivoient autrefois Hasbaigne, c’est-à-dire Haspaniæ pagus ; c’est ainsi qu’ils écrivoient Espaigne. Bretaigne, Allemaigne, (D. J.)

HASBAT ou HABAT, (Géog.) province d’Afrique en Barbarie, au royaume de Fez. Elle abonde en tout ce qui est nécessaire à la vie ; la riviere d’Erguile la borne au midi, & l’océan au septentrion. Elle a 27 lieues du couchant au levant, & au-moins 35 du midi au nord. Elle est arrosée de plusieurs grandes rivieres, & renferme plusieurs montagnes dans son enceinte. Elle comprend une petite partie de l’ancienne Tangitane, & en particulier Tingis, qui donnoit le nom au pays, & qui en est comme la capitale. M. de Lisle nomme cette province l’Algarve. (D. J.)

* HASE, s. f. (Venerie.) c’est ainsi qu’on appelle la femelle du lievre ou du lapin, qui porte ou qui a porté.

HASEKI, s. f (hist. mod.) c’est ainsi que les Turcs nomment celles des concubines du Sultan qui ont reçû ce prince dans leurs bras ; elles sont distinguées des autres qui n’ont point eû le même honneur ; on leur donne un appartement séparé dans le sérail, avec un train d’eunuques & de domestiques. Quand elles ont eû le bonheur de plaire au sultan, pour preuve de son amour, il leur met une couronne sur la tête, & leur donne le titre d’haseki ; & alors elles peuvent aller le trouver aussi souvent qu’il leur plaît, privilége dont ne joüissent point les autres concubines. On leur accorde ordinairement cinq cens bourses de pension. Voy. hist. othomane du prince Cantimir.

HASELFELD, (Gêog.) ancienne petite ville d’Allemagne dans la Basse-Saxe, au comté de Blanckenbourg : elle appartient à la maison de Brunswick. On dérive son nom des coudriers, qu’on nomme en allemand Hasel ; du-moins elle a une feuille de coudrier dans ses armes. (D. J.)

HASELUNEN, (Géog.) ville d’Allemagne en Westphalie, sur la riviere de Hase, dépendante de l’évêché de Munster.

HASENHOLM, (Géog.) île de Finlande, formée par la riviere de Nieva, près du golfe de Finlande, où le Czar Pierre I. commença à bâtir en 1703 la ville de Petersbourg.

HASENPOT, (Géog.) ville de Courlande.

HASLI le pays de, ou plûtôt le VAL-HASEL, ou le HASLETHAL, (Géog.) petit pays montagneux de Suisse, au canton de Berne ; les habitans y ont beaucoup de priviléges, choisissent eux-mêmes leur chef, qu’ils appellent amman, & qui rend compte à Berne de son administration. (D. J.)

HASSELT, (Géog.) petite ville d’Allemagne, au pays de Liége, dans le comté de Loss, sur le Démer, à cinq lieues de Mastricht. Long. 22. 54. lat. 50. 55. (D. J.)

HASSELTE, Hasseletum, (Géog.) ville des Provinces-Unies dans l’Overissel, sur le Wecht, à deux lieues de Zwol, & à quatre de Steenwyk. Long. 23. 40. lat. 52. 36. (D. J.)