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beaucoup davantage au midi de Juda. La ville capitale de l’Idumée orientale étoit Bosra, & la capitale de l’Idumée méridionale étoit Pétra ou Jectaël.

L’Idumée dont Strabon, Josephe, Pline, Ptolomée, & autres auteurs font mention, n’étoit pas le pays d’Edom, ou cette Idumée qui a donné le nom à la mer Rouge, mais une autre ancienne Idumée, d’une beaucoup plus grande étendue, car elle comprenoit toute cette région qui fut appellée Arabie Pétrée de Pétra sa capitale. Tout ce pays ayant été habité par les descendans d’Edom ou d’Esaü, fut delà nommé le pays d’Edom.

Dans la suite des tems une sédition, à ce que prétend Strabon, s’étant élevée parmi eux, une partie se sépara du reste, & vint s’établir dans les contrées méridionales de la Judée, qui se trouvoit alors comme deserte, par l’absence de ses habitans captifs à Babylone ; ceux-ci conserverent le nom d’Iduméens, & le pays qu’ils occuperent prit celui d’Idumée.

Les Iduméens qui ne suivirent pas les autres, se joignirent aux Ismaélites, & furent appellés comme eux Nabathéens, de Nébajoth ou Nabath fils d’Ismael, & le pays qu’ils posséderent Nabathée ; c’est sous ce nom qu’il en est souvent parlé dans les auteurs, tant grecs que latins.

Les Iduméens furent premierement gouvernés par des chefs ou princes, & puis par des rois ; Nabuchodonosor, cinq ans après la prise de Jérusalem, subjugua toutes les puissances voisines de la Judée, & en particulier les Iduméens ; Judas Macchabée leur fit la guerre, & les battit en plus d’une rencontre : enfin, Hircan les dompta & les obligea de recevoir la circoncision ; dès lors ils demeurerent assujettis aux derniers rois de la Judée, jusqu’à la ruine de Jérusalem par les Romains. (D. J.)

IDYLLE, terme de Poésie, petit poëme champêtre qui contient des descriptions ou narrations de quelques aventures agréables. Voy. Eclogue. Ce mot vient du grec ειδυλλιον, diminutif d’ειδος, figure, représentation, parce que le propre de cette poésie est de représenter naturellement les choses.

Théocrite est le premier auteur qui ait fait des idylles ; les Italiens l’ont imité, & en ont ramené l’usage. Voyez Pastoral.

Les idylles de Théocrite, sous une simplicité toute naïve & toute champêtre, renferment des agrémens inexprimables ; elles paroissent puisées dans le sein de la nature, & dictées par les graces elles-mêmes.

C’est une poésie qui peint naturellement les objets qu’elle décrit ; au lieu que le poeme épique les raconte, & le dramatique les met en action. On ne s’en tient plus dans les idylles à la simplicité originale de Théocrite : notre siecle ne souffriroit pas une fiction amoureuse qui ressembleroit aux galanteries grossieres de nos paysans. Boileau remarque que les idylles les plus simples sont ordinairement les meilleures.

Ce poëte en a tracé le caractere dans ce peu de vers, par une image empruntée elle même des sujets sur lesquels roule ordinairement l’idylle.

Telle qu’une bergere au plus beau jour de fête
De superbes rubis ne charge point sa tête ;
Et sans mêler à l’or l’éclat des diamans,
Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornemens.
Telle aimable en son air, mais humble dans son style,
Doit éclater sans pompe une élégante idylle ;
Son tour simple & naïf n’a rien de fastueux,
Et n’aime point l’orgueil d’un vers présomptueux.

Art poëtique, chant II.

S’il y a quelque différence entre les idylles & les églogues, elle est fort légere ; les auteurs les con-

fondent souvent. Cependant il semble que l’usage

veut plus d’action, de mouvement dans l’églogue, & que dans l’idylle on se contente d’y trouver des images, des récits, ou des sentimens seulement. Cours de belles-lettres, tom. I.

Un autre auteur moderne y trouve cette différence, qui n’est pourtant pas absolument générale. Dans l’églogue, dit-il, ce sont des bergers qu’on fait dialoguer entr’eux, qui racontent leurs propres aventures, leurs peines & leurs plaisirs, qui comparent la douceur de la vie qu’ils menent avec les passions & les soins dont la nôtre est traversée. Dans l’idylle, au contraire, c’est nous qui comparons le trouble & les travaux de notre vie avec la tranquillité de celle des bergers, & la tyrannie de nos passions ou de nos usages, avec la simplicité de leurs mœurs & de leurs sentimens. Celle-ci même peut rouler toute entiere sur une allégorie soutenue, tirée de l’instinct des animaux ou de la nature des choses inanimées ; tel est le ton de quelques idylles de madame Deshoulieres : d’où il est aisé de conclure que l’idylle pourroit admettre un peu plus de force & d’élévation que l’églogue, puisque sous ce rapport elle suppose un homme qui vit au milieu du monde, dont il reconnoît les dangers & les abus : son esprit peut donc être plus orné, plus vif, moins simple & moins uni que ne seroit celui des bergers, principalement occupés d’idées relatives à leur condition. Princip. pour la lect. des poët. tom. I.

J E

ou GÉ, s. m. (Commerce.) mesure des longueurs dont on se sert en quelques endroits des Indes. Voyez .

, mesure des liqueurs dont on se sert en quelques lieux d’Allemagne, particulierement à Ausbourg. Le est de deux muids, ou de douze besons, le beson de douze masses ; huit font le féoder. Voyez Beson, Masse, Féoder. Dict. de commerce.

JEAN-LE-BLANC, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) oiseau de S. Martin, pigargus, oiseau du genre des aigles. Willughbi a donné la description d’un jean-le-blanc qui étoit mâle, & de la grandeur d’un coq d’inde, & qui pesoit huit livres & demie ; il avoit six piés quatre pouces d’envergure, & environ deux piés & demi de longueur depuis l’extrémité du bec jusqu’au bout de la queue. Le bec étoit crochu, & la membrane qui recouvroit sa base avoit une couleur jaune ; les yeux étoient grands & enfoncés, les piés avoient une couleur jaunâtre, les ongles étoient courbes, celui du doigt de derriere avoit un pouce de longueur ; la tête étoit blanche, le commencement du cou avoit une couleur roussâtre, le croupion étoit noirâtre ; au reste, le corps avoit une couleur obscure de rouille de fer. Il y avoit dans chaque aîle vingt-sept grandes plumes noirâtres, elles sont bonnes pour écrire ; les bords des petites plumes étoient de couleur cendrée ; la queue étoit composée de douze plumes, en partie noires & en partie blanches. Cet oiseau differe de celui qu’Aldrovande a décrit sous le nom de pigargus. Willugh. Ornit. Voyez Oiseau.

Jean de Gand, (Hist. nat.) nom donné par les navigateurs Hollandois à un oiseau qui se trouve dans le nord, sur les côtes de Spitzberg ; il a la grosseur & la forme d’une cygogne, ses plumes sont blanches & noires comme les siennes ; mais il a les pattes fort larges. Il vit de poissons, sur lesquels il s’élance avec une dextérité singuliere : cet oiseau habite les mers du nord, où se font les pêches du hareng.

JEAN, (Evangile de S. Jean.) nom d’un des livres canoniques du Nouveau-Testament, qui con-