Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/489

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lés, bosselés, cintrés, applatis, crochus à une extrémité, tortueux, rhomboïdes, triangulaires, en un mot de toutes sortes de formes & de grandeurs. Il y en a depuis un dixieme de pouce jusqu’à deux pouces de long & un pouce de large ; les uns lisses & polis, d’autres striés, cannelés, & d’autres tout couverts de tubercules ; leur couleur n’est pas moins variée, on en voit de bruns, de fauves, de noirâtres, de noirs, de verds, de bleus, de jaunâtres, de blanchâtres, enfin de tachetés de diverses couleurs.

On les trouve enfouis dans différens lits pierreux, en Allemagne, en France, en Italie, dans les îles de l’Archipel, en Syrie, & plus fréquemment en Angleterre que par-tout ailleurs ; car il est peu de carrieres de pierres de ce pays-là qui n’en fournissent plus ou moins. Voyez l’Histoire des fossiles, écrite par M. Hill, en anglois. (D. J.)

ICI, adv. de lieu, (Gramm.) il désigne l’endroit où l’on est ; mais il comprend une certaine étendue qui varie. Celui qui entre dans une maison & qui demande du maître s’il est ici, l’adverbe ici comprend l’étendue de la maison. En changeant la question, on concevra par la réponse que l’adverbe ici peut comprendre l’étendue d’une ville ; mais je ne connois aucun cas où il puisse désigner une province, une très grande contrée ; je ne crois pas qu’un homme qui seroit aux îles, dise d’un autre qu’il est ici. Il répéteroit le mot îles, ou il changeroit sa façon de parler.

ICICARIBA, s. m. (Botan. exot.) c’est l’arbre qui fournit la résine élémi d’Amérique ; car l’arbre d’où découle le vrai élémi d’Ethiopie, est l’olivier d’Egypte assez semblable à ceux de la Pouille.

L’icicariba est caractérisé par Ray, arbor Brasiliensis, foliis pinnatis, flosculis verticillatis, fructu olivæ figurâ & magnitudine, hist. 2. 1546. C’est le prunus javanica, atriplicis foliis commelini, kakousa javanis, Hort Beaum. 35. Prunifera fago similis, ex insula Barbadensi, Pluken Almag. 306. Arbor ex surinamâ, myrti laureæ foliis, Breyn Prodrom. 2. 19. Kakuria, myrabolanus zeylanica, Herman. Mus. Zeylan 48, &c.

C’est un grand arbre qui s’éleve & vient comme le hêtre, son tronc cependant n’est pas fort gros ; son écorce est lisse & cendrée ; ses feuilles sont composées de deux & quelquefois de trois paires de petites feuilles, terminées à l’extrémité par une seule, semblable à celle du poirier, longue de trois doigts, finissant en pointe, épaisse comme du parchemin, d’un verd gai & luisant. Elles ont une côte qui les partage dans toute leur longueur, & des nervures qui s’étendent obliquement.

Vers la base des feuilles composées, sortent plusieurs petites fleurs ramassées en grappes ou par anneaux ; elles sont fort petites, à quatre pétales verds, en forme d’étoile, bordées d’une ligne blanche ; le milieu de la fleur est occupé par quelques petites étamines jaunâtres.

Quand les fleurs sont tombées, il leur succede des fruits de la grosseur & de la figure d’une olive, & de la couleur de la grenade. Ils renferment une pulpe qui a la même odeur que la résine de cet arbre ; car si l’on fait le soir une incision à l’écorce, il en découle pendant la nuit une résine très-odorante, ayant l’odeur de l’anis nouvellement écrasé, & que l’on peut recueillir le lendemain. Cette résine a la consistance de la manne, est d’une couleur verte un peu jaunâtre, & se manie aisément. Voyez son article. Si l’on presse un peu fortement l’écorce extérieure de l’icicariba sans l’ouvrir, elle donne par la seule pression une odeur assez vive. (D. J.)

* ICIDIENS, ou DOMESTIQUES, subst. m. pl. (Mytholog.) il se disoit des dieux lares ou pénates. Servius en fait des freres. Ce mot vient de οἰκίδιος, dérivé de οἶκος, maison.

ICONDRE, (Géog.) petit pays d’Afrique dans l’île

de Madagascar. Il est montueux, fertile en bons plantages & pâturages, par la hauteur de 22. 30. (D. J.)

ICONE, (Géog. anc.) ancienne ville de la Cappadoce, dans le département de la Lycaonie, selon Ptolomée : Strabon, contemporain d’Auguste & de Tibere, en parle lib. XII. p. 586, comme d’une petite ville, mais bien bâtie ; elle s’aggrandit sans doute peu de tems après ; car nous lisons dans les actes des Apôtres, chap. xiv. v. 1. 18. 20. qu’il y avoit à Icone une grande multitude de Juifs & de Grecs. Il est encore question de cette ville dans les mêmes actes des Apôtres, chap. xiij. v. 51. chap. xvj. v. 2. & dans la I. à Timothée, chap. iij. v. 1. Tout cela s’accorde avec le témoignage de Pline, liv. V. chap. xxvij. qui dit que de son tems c’étoit une ville célebre ; elle fut épiscopale de bonne heure. Hieroclès & les autres auteurs des Notices ecclésiastiques, la nomment métropole.

Icone devint la conquête des Turcs avant qu’ils eussent passé en Europe ; ils en formerent le siége d’un grand gouvernement, & défirent devant cette ville l’armée des Croisés d’Allemagne conduits par Conrard ; l’empereur blessé, qui comptoit arriver à Jérusalem en général d’armée victorieux, s’y rendit en pélerin.

Cogni est le nom moderne de l’ancienne Icone ; elle est grande, peuplée, située dans une belle campagne, fertile en blé, en arbres fruitiers, & en toutes sortes de légumes. Elle est la capitale de toute la Caramanie, & le Beglierbeg y fait sa résidence ordinaire. Le sangiac de Cogni a sous lui dix-huit ziamets & cinq cens douze timars. Rochefort, dans son voyage de Turquie, en a donné une ample description. (D. J.)

ICONIQUE Statue, (Antiq. greq.) on nommoit ainsi dans la Grece les statues que l’on élevoit en l’honneur de ceux qui avoient été trois fois vainqueurs aux jeux sacrés. On mesuroit exactement ces statues sur leur taille & sur leurs membres, & l’on les appella statues iconiques, parce qu’elles étoient censées devoir représenter plus parfaitement qu’aucune autre, la ressemblance de ceux pour qui elles étoient faites. Voyez Statue. (D. J.)

ICONIUM, (Géog. anc.) Voyez-en l’article sous le nom françois Icone.

ICONOCLASTES, s. m. (Théologie.) briseurs d’images. Nom qu’on donna dans le vij. siecle à une secte d’hérétiques qui s’éleva contre le culte religieux que les Catholiques rendoient aux images. Voyez Images.

Ce mot est grec Εἰκονοκλάστης formé de εἰκὼν, image, & κλάστειν, rumpere, rompre, parce que les Iconoclastes brisoient les images.

On a depuis donné ce nom à tous ceux qui se sont déclarés avec la même fureur contre le culte des images. C’est dans ce sens qu’on appelle Iconoclastes non-seulement les réformés, mais encore quelques-unes des églises d’orient, & qu’on les regarde comme hérétiques, parce qu’ils s’opposent au culte des images de Dieu & des saints, & qu’ils en brisent toutes les figures & représentations dans les églises. Voyez Latrie, culte, &c.

Les anciens Iconoclastes soutenus d’abord par les califes sarrasins, ensuite par quelques empereurs grecs, tels que Leon l’Isaurien & Constantin Copronyme, remplirent l’orient de carnages & d’horreurs. Sous Constantin & Irene le culte des images fut rétabli, & l’on tint un concile à Nicée, où les Iconoclastes furent condamnés. Mais leur parti se releva sous Nicéphore, Leon l’Arménien, Michel le Begue & Theophile, qui les favoriserent & tolérerent, & commirent eux-mêmes contre les Catholiques des cruautés inouies, dont on peut voir le dé-