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droite, & son frere à sa gauche, tous deux vêtus & debout ; devant lui paroît sa femme, qui est d’or massif : ces quatre idoles sont sur une espece d’autel, entouré de grilles, & personne ne peut les toucher que certains bramines destinés à cet honneur. Autour du dôme qui est fort élevé, & sous lequel cette famille est placée, ce ne sont, depuis le bas jusqu’au haut, que des niches remplies d’autres idoles, dont la plûpart représentent des monstres hideux, faits de pierres de différentes couleurs ; derriere la déesse Késora, est-le tombeau d’un des prophetes indiens, à qui l’on rend aussi des adorations.

Il y a dans le même temple une foule d’autres idoles, où les pélerins vont faire leurs moindres offrandes ; & ceux qui dans leurs maladies, ou dans de grands évenemens, se sont voués à quelque dieu, en apportent la ressemblance dans ce lieu-là, pour reconnoître le secours qu’ils croient en avoir reçu.

Le temple de Jagrenate qui possede toutes ces idoles, est le plus fréquenté de l’Asie, à quoi contribue beaucoup sa situation sur le Gange, dont les eaux lavent de toutes souillures ; on y aborde de toutes parts, & le revenu en est si considérable, par les taxes & les aumônes, qu’il pourroit suffire à nourrir dix milles personnes chaque jour : l’argent que produit le culte que l’on y vient rendre aux idoles, est un des plus grands revenus du raja de Jagrenate, qui est prince souverain, quoiqu’en apparence tributaire du grand-mogol.

En entrant dans la ville, il faut payer trois roupies, c’est pour le raja ; avant même que de mettre le pié dans le temple, il faut payer une roupie pour les bramines, & c’est la taxe des plus pauvres pélerins, car les riches donnent magnifiquement. Le grand-prêtre, qui dispose seul des revenus du temple, a soin, avant que d’accorder la permission aux pélerins de se raser, de se laver dans le Gange, & de faire les autres choses nécessaires pour s’acquitter de leurs vœux, de taxer chacun selon ses moyens, dont il s’est exactement informé ; le tout est appliqué à l’entretien du pagode, à celui des dieux du temple, à la nourriture des pauvres, & à celle des prêtres qui doivent vivre de l’autel.

Mais on a beau payer cher l’entrée du temple, & les dévotions aux idoles, le concours de monde qui y aborde de toutes les parties de l’Inde, soit en-deçà, soit en-delà du Gange, n’en est que plus grand & plus fréquent.

Il y a des pélerins qui pour être dignes d’entrer dans le temple font des deux cens lieues, en se prosternant sans cesse sur la route, jusqu’à la fin de leur pélerinage, qui dure quelquefois plusieurs années. D’autres traînent par mortification de longues & pesantes chaînes attachées à leur ceinture ; quelques-uns marchent jour & nuit les épaules chargées d’une cage de fer, dans laquelle leur tête est enfermée : on a vû des Indiens se précipiter sous les roues du char qui portoit l’idole de Jagrenate, & se faire briser les os par piété.

Enfin, la superstition réunissant tous les contraires, on a vû d’un côté les prêtres de la grande idole amener tous les ans une fille à leur dieu, pour être honorée du titre de son épouse, comme on en présentoit une quelquefois en Egypte au dieu Anubis ; & d’un autre côté, on conduisoit au bucher de jeunes veuves, qui se jettoient gaiement dans les flammes sur les corps de leurs maris. (D. J.)

JAGST ou JAXT, (Géog.) riviere de Franconie, qui prend sa source dans le comté d’Œttingen, & qui se jette dans le Neckar, près de Wimpfen.

JAGUACATI-GUACU, s. m. (Ornith. exot.) espece de martin-pêcheur du Bresil, nommé par les Portugais papapèéxe ; son bec est noir, long, & pointu ; ses jambes sont fort courtes, & un des or-

teils est placé derriere son dos ; sa tête, sa queue,

& ses aîles, sont couleur de fer ; son col est entouré d’un collier de plumes d’un grand blanc ; le gosier, la poitrine, & le ventre, sont d’un blanc uniforme : il est marqueté sur chaque œil d’une tache blanche ; sa queue & ses aîles ont aussi des mouchetures blanches, qui paroissent à découvert quand cet oiseau vole. Margrave, Hist. Brasil. (D. J.)

JAGUACIRI, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) animal du Brésil de la grosseur & de la couleur du renard ; il vit de crabe, d’écrévisse & de la canne de sucre ; il fait quelquefois un grand dégat dans ces plantations ; du reste il est innocent, il dort beaucoup, & on le prend sans peine. Dict. de Trév.

JAGUANA, (Géog.) les Espagnols la nomment Santa-Maria del Puerto, fanum sanctoe-Mariæ ad Portum ; petite ville de l’Amérique, dans l’île Hispaniola, à soixante lieues de Saint-Domingue. Elle fut surprise par les Anglois en 1591, mais ils l’ont rendue aux Espagnols. Long. 306. 15. lat. 19. 25. (D. J.)

JAGUARA, s. m. (Zoolog.) nom d’un animal du Brésil, que Margrave regarde comme une espece de tigre ; mais il en differe en plusieurs choses, & approcheroit davantage du léopard par ses mouchetures rondes. Les Portugais appellent cet animal onça, l’once, & il paroît en effet qu’on peut assez bien le mettre dans la classe des onces ou lynx proprement ainsi nommés. Sa tête, ses oreilles, ses piés, & toutes ses autres parties, quadrent à cette espece de chat ; ses griffes sont crochues en demi-lune, & très-pointues ; ses yeux sont bleus, & brillent dans l’obscurité ; sa queue est de la longueur de celle du chat, en quoi elle differe de celle du linx ordinaire. Le jaguara est jaune sur tout le corps, avec de belles tachetures noires différemment disposées. C’est une bête sauvage, courageuse & aussi friande de chair humaine, que de celle des autres animaux. (D. J.)

JAGUARACA, s. m. (Ichthyol. exot.) poisson du Bresil, semblable en plusieurs choses au scorpion de la méditerranée. Il est de la grosseur d’une perche d’eau douce, & présente une grande gueule édentée. Il n’a qu’une nageoire sur le dos ; sa queue est fourchue, ses ouies sont armées de pointes qui blessent ceux qui le prennent ; tout son corps est revêtu de petites écailles d’un brillant argentin, excepté sur le ventre qui est d’un blanc mate ; sa tête est rouge, couverte d’une espece de croute chevelue. On prend ce poisson parmi les roches, & il est excellent à manger. Margrave, Hist. Brasil. (D. J.)

JAGUARETE, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) espece de bête féroce du Brésil que Margrave regarde comme un tigre, & que d’autres prennent pour un lynx ou un léopard. Sa peau est jaunâtre, remplie de grandes taches noires & brunes, qui sont rondes ou d’une figure indéterminée. Il ressemble au jaguara, mais il est plus grand que lui. Voyez Jaguara. Cet animal est très-cruel & avide de chair humaine. Ray, Synops. quadruped.

IAHOUA-KATTO ou AIOUA, s. m. (Hist. nat.) poisson des mers du Brésil, dont la face ressemble, dit-on, à la tête d’un bœuf ; c’est un poisson de la famille des orbes ; il a la queue fourchue.

JAICK le, (Géog.) grande riviere de la Tartarie à son extrémité orientale. Elle la sépare du Turquestan, prend sa source au Caucase, dans la partie que les Tartares nomment Aral-tag, à 53 dégrés de latit. & à 85 de longit. après un cours d’environ 80 lieues d’Allemagne ; elle se jette dans la mer Caspienne, à 45 lieues à l’Est de l’embouchure du Wolga ; il y a une quantité prodigieuse de poisson, dont on transporte les œufs salés par toute l’Europe, sous le nom de caviar. Voyez Caviar. (D. J.)