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brune en dehors, blanche en-dedans, & d’un goût insipide. (D. J.)

JACULATOIRE, ou ÉJACULATOIRE, adject. (Théolog.) par cette épithete, on désigne des prieres courtes & ferventes adressées à Dieu du fond de l’ame ; les pseaumes de David en sont remplis.

JACUPÉMA, s. m. (Ornith. exot.) espece de faisan du Brésil de la grosseur de nos poules ; sa large queue est d’un pié de longueur ; ses jambes sont hautes, couvertes de plumes noirâtres ; il peut élever les plumes de sa tête en maniere de crête, qui est bordée de blanc ; sa gorge a un appendice assez semblable aux barbes du coq ; son ventre est legerement tacheté de blanc ; ses piés sont d’un beau rouge ; on apprivoise aisément cet oiseau ; il tire son nom de son cri qui est jacu, jacu, jacu. Margrave, Hist. Brasil. (D. J.)

JACUT, s. m. (Hist. nat.) on croit que les Médedecins arabes désignent sous ce nom le rubis ; ils croyoient que c’étoit à l’or que cette pierre prétieuse étoit redevable de sa couleur, & en conséquence la regardoient comme un excellent cordial. D’autres pensent que les arabes désignoient par ce mot général le rubis, le saphir, & l’hyacinthe ; ce qui paroît certain, c’est que rien n’est plus mal fondé que les vertus médicinales que l’on attribue à ces sortes de pierres.

JACUT-AGA, s. m. (Hist. mod.) nom d’un officier à la cour du grand-seigneur. C’est le premier des deux eunuques qui ont soin du trésor ; ils sont l’un & l’autre au-dessus de l’esneder-bassi. Le jacut-aga a le tiers du deuxieme denier que l’esneder-bassi prend sur tout ce qui se tire du trésor. Dict. de Trév. & Vigece.

JADDESES, s. m. pl. (Hist. mod.) c’est ainsi que l’on nomme dans l’isle de Ceylan des prêtres d’un ordre inférieur & obscur, qui sont chargés de desservir les chapelles ou les oratoires des génies qui forment un troisieme ordre de dieux parmi ces idolâtres. Chaque habitant a droit de faire les fonctions des jaddeses, sur-tout lorsqu’il a fait bâtir à ses dépens une chapelle, dont il devient le prêtre ; cependant le peuple a recours à eux dans les maladies & les autres calamités, & l’on croit qu’ils ont beaucoup de crédit sur l’esprit des démons, qui passent chez eux pour avoir un pouvoir absolu sur les hommes, & à qui les jaddeses offrent un coq en sacrifice dans la vûe de les appaiser. Les jaddeses sont inférieurs aux gonnis & aux koppus. Voyez Koppus.

JADE, s. m. (Hist. nat. Lithologie.) c’est une pierre, ou d’un verd pâle, ou olivâtre, ou grisâtre ; elle est d’une dureté extrème, au point qu’on ne peut la travailler qu’avec la poudre de diamant ; elle ne prend jamais un beau poli, mais sa surface paroît toûjours comme humide ou grasse ; elle donne des étincelles lorsqu’on la frappe avec de l’acier ; quand elle est brisée, son tissu intérieur est parfaitement semblable à celui du quartz ou du caillou ; elle n’a que très-peu de transparence, à-peu-près comme un morceau de cire blanche ; sa couleur, quoique toûjours verte, varie pour les nuances ; on en trouve d’un verd jaunâtre très-clair, & d’un verd foncé & terne comme celui de l’olive.

On a donné au jade les noms de pierre divine, à cause des propriétés merveilleuses que les Indiens lui ont attribuées ; ils croyoient que cette pierre appliquée sur les reins étoit très-propre à en soulager les douleurs, & faisoit passer le sable & la pierre par les urines ; ils la regardoient aussi comme un remede souverain contre l’épilepsie, & étoient persuadés que de la porter en amulette c’étoit un préservatif contre les morsures des bêtes venimeuses. On a un

traité imprimé sous le nom de pierre divine, l’on y trouvera les détails des propriétés prétendues qu’on lui a attribuées. Il y a peu de tems que cette pierre étoit fort en vogue à Paris, ses grandes vertus la faisoient rechercher avec empressement par les dames, & elles en payoient très-cherement les plus petits morceaux ; mais il paroît que cet enthousiasme populaire est actuellement passé, & que le jade ou la pierre divine a perdu la réputation qu’on lui avoit si légerement accordée.

On a donné aussi au jade le nom de pierre néphrétique, mais il ne faut point le confondre avec d’autres pierres, à qui quelques auteurs ont aussi donné ce nom. Voyez Pierre Néphrétique.

Les Turcs & les Polonois font avec le jade des manches de sabres & de coutelas, ainsi que d’autres ornemens.

Quelques auteurs donnent au jade le nom de pierre des Amazones, parce qu’on assure qu’il se trouve sur les bords de la riviere des Amazones, dans l’Amérique méridionale ; quelques naturalistes ont prétendu que les pierres qu’on y trouve ne sont point la même chose que le vrai jade qui vient des Indes orientales, & qui se rencontre dans l’île de Sumatra ; mais M. de la Condamine assure que la pierre des Amazones ne differe en rien du jade oriental : elle se trouve chez les Topayos, nation indienne établie sur les bords de la riviere des Amazones, plus aisément que par-tout ailleurs.

Les morceaux de jade qu’on trouve en Amérique sont très-artistement travaillés, & paroissent l’avoir été par les anciens Américains ; on en rencontre des morceaux qui sont cylindriques, & percés depuis un bout jusqu’à l’autre ; cela paroît d’autant plus surprenant, que la pierre est extrèmement dure, & que ces peuples ignoroient l’usage du touret & du fer ; cela a donné lieu de croire que cette pierre n’étoit que le limon de la riviere des Amazones, à qui on avoit donné différentes formes en le paitrissant quand il étoit mou, & qu’il s’étoit ensuite durci à l’air, fable que l’expérience a suffisamment réfutée. Voyez le voyage de la riviere des Amazones, par M. de la Condamine, page 140. & suiv. édit. in-8°.

On trouve aussi des morceaux de jade creusés, & taillés en vases & en figures différentes ; d’autres sont en plaques, sur lesquelles on a gravé des figures d’animaux pour en faire des talismans, &c.

Quelques naturalistes regardent le jade comme une espece de jaspe ; mais il semble en différer par sa dureté, qui est beaucoup plus considérable que celle du jaspe ; outre cela, il a plus de transparence que le jaspe, il ne prend point le poli comme lui, puisque, comme nous l’avons déja remarqué, le jade a toujours un air gras à sa surface. (—)

Jade, (Mat. med.) Voyez Pierre Néphrétique.

JADÉRA, (Géog. anc.) ancienne ville & colonie de la Liburnie, selon Pline & Ptolomée ; elle est appellée sur une médaille de Claudius, Col. Claudia, Augusta, Felix, Jadera ; & une médaille de Domitien porte, Col. Augusta, Jadera ; c’est aujourd’hui Zara Vecchia. (D. J.)

JADIS, (adv. de tems.) Jadis est synonyme a autrefois, ils se disent l’un & l’autre d’un tems très-éloigné dans le passé ; mais autrefois est d’usage dans la prose & dans la poésie, au lieu que jadis semble réservé à la poésie : on s’en sert aussi dans le style plaisant ; on dit quelquefois une femme de jadis ; on n’aime plus comme on aimoit jadis.

JAEN, (Géog.) ville d’Espagne, capitale d’un canton appellé Royaume, dans l’Andalousie, avec un évêché suffragant de Tolede, riche de 20 mille ducats de revenu fixe. Ferdinand III. roi de Castille prit Jaen sur les Maures en 1243 ; elle est dans un