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maître, qui a été réunie à la couronne d’Espagne. Les chevaliers font preuve de quatre races de chaque côté. Il faut encore faire preuve que les ancêtres n’ont été ni Juifs, ni Sarrasins, ni hérétiques, ni repris en aucune maniere par l’inquisition.

Les novices sont obligés de faire le service de la Marine pendant six mois sur les galeres, & de demeurer un mois dans un monastere. Autrefois ils étoient véritablement religieux, & faisoient vœu de chasteté ; mais Alexandre III. leur permit de se marier. Ils ne font plus que les vœux de pauvreté, d’obéissance, & de chasteté conjugale, auxquels ils ajoutent celui de défendre l’immaculée conception de la Vierge, depuis l’an 1652. Leur habit de cérémonie est un manteau blanc avec une croix rouge sur la poitrine. Cet ordre est le plus considérable de tous ceux qui sont en Espagne. Le roi conserve avec soin le titre de grand-maître de S. Jacques, comme un des plus beaux droits de sa couronne, à cause des revenus, & des riches commanderies, dont il lui donne la disposition. Le nombre des chevaliers est beaucoup plus grand aujourd’hui qu’il ne l’étoit autrefois ; les grands aimant mieux y être reçûs que dans celui de la Toison d’or, parce qu’ils esperent parvenir par-là aux commanderies, & que cette dignité leur donne dans tout le royaume d’Espagne, mais particulierement en Catalogne, des priviléges considérables.

Les anciennes armes de cet ordre étoient d’or à une épée de gueules, chargée en abîme d’une coquille de même, & pour devise, rubet ensis sanguine Arabum. Aujourd’hui c’est une croix en forme d’épée, le pommeau fait en cœur, & les bouts de la garde en fleurs-de-lis. On croit que ces fleurs-de-lis qui se rencontrent dans les armes des ordres militaires d’Espagne, sont un monument de reconnoissance des secours que les François donnerent souvent aux Espagnols contre les Maures.

* Jacques (S.) hôpital S. Jacques, Hist. mod. il a été fondé par les bourgeois de Paris vers la fin du douzieme siecle, mais n’a commencé à former un corps politique qu’en 1315, en vertu de lettres patentes de Louis X. En 1321, le pape Jean XXII. reconnoissant le droit de patronage & d’administration laïque que les fondateurs de cette maison s’étoient réservé à eux & à leurs successeurs, voulut par une bulle donnée en faveur de cet établissement qu’on construiroit une chapelle dans cet hôpital, & que cette chapelle seroit desservie par quatre chapelains ; que l’un d’eux sous le nom de trésorier, ordonneroit de toutes les choses ecclésiastiques & autres qui concerneroient l’office divin seulement ; qu’il auroit charge d’ame des chapelains, des hôtes & des malades de l’hôpital, & qu’il leur administreroit les sacremens ; que ce trésorier rendroit compte tous les ans aux administrateurs ; que ceux-ci présenteroient au trésorier des personnes capables de remplir les chapellenies, & que la trésorerie venant à vaquer, un des chapelains seroit présenté par les administrateurs à l’évêque de Paris, pour être revêtu de l’office de trésorier. Une bulle de Clément VI. confirme celle de Jean XXII ; le nombre des chapelains n’étoit dans les commencemens que de quatre. Il a été augmenté dans la suite ; mais quatre seulement des nouveaux ont été égalés aux anciens. Le but de l’institution étoit l’hospitalité envers les pélerins de S. Jacques ; mais elle y a toûjours été exercée envers les malades de l’un & de l’autre sexe. En 1676, on tenta de réunir cette maison à l’ordre hospitalier de S. Lazare ; mais en 1698, le roi anéantit l’union faite : depuis, l’administration & l’état de l’hôpital S. Jacques ont été un sujet de contestations qui ne sont pas encore terminées. Un citoyen honnête avoit proposé de ramener cet éta-

blissement à sa premiere institution ; mais il ne paroît

pas qu’on ait goûté son projet. Voyez parmi les différens mémoires qu’il a publiés sous le titre de vûes d’un citoyen, celui qui concerne l’hôpital dont il s’agit.

Jacques, (pierre de S.) gemma divi Jacobi, nom que quelques naturalistes ont donné à une espece de quartz ou d’agate opaque, d’une couleur laiteuse. Voyez la Minéralogie de Wallerius.

Jacques, (S.) Géog. Voyez Sant-Iago.

JACTANCE, s. f. (Morale.) c’est le langage de la vanité qui dit d’elle le bien qu’elle pense. Ce mot a vieilli, & n’entre plus dans le style noble, parce qu’il est moins du bon ton de se louer soi-même que de dire du mal des autres. La jactance est quelquefois utile au mérite médiocre, elle seroit funeste au mérite supérieur ; je ne hais point trop la jactance, son but est de s’élever & non de rabaisser.

JACTATION, s. f. (Medec.) c’est un symptome de maladie ; il consiste en ce que les malades étant extrèmement inquiets, ne peuvent rester au lit dans une même attitude, & en changent continuellement, parce que, comme on dit communément, ils ne trouvent point de bonne place : ils se jettent d’un côté du lit à l’autre ; ils se tournent souvent ; ils s’agitent, s’étendent, se courbent ; ils promenent leurs membres çà & là, & ne discontinuent point ces différens mouvemens du corps entier ou de ses parties, ayant la physionomie triste, & poussant souvent des soupirs, des gémissemens.

Cet état accompagne souvent les embarras douloureux d’estomac, les nausées fatiguantes, la disposition au vomissement prochain, les douleurs vives, comme convulsives, qui viennent par tranchées, par redoublemens, comme dans certaines coliques, dans le travail de l’enfantement & dans les cas où les humeurs morbifiques d’un caractere délétere, portent des impressions irritantes dans le genre nerveux ; quoiqu’il y ait d’ailleurs beaucoup de foiblesse.

La jactation est toûjours un mauvais signe dans les maladies, sur-tout lorsqu’elle survient à l’abattement des forces constant & considérable ; lorsque le vice morbifique a son siége dans quelques parties nobles ; lorsqu’elle est accompagnée de sueurs de mauvaise qualité, de froid aux extrémités ; mais elle est de moindre conséquence, lorsqu’elle arrive dans les tems de crise ; qu’elle ne se trouve avec aucun autre mauvais symptome, & qu’elle n’est point suivie de défaillance, de délire ou de phrénésie.

La jactation est à-peu-près la même chose que l’anxiété, l’inquiétude : on peut consulter sur ce qui y a rapport, les traités de Séméiotïque dans la partie qui roule sur les prognostics : mais on trouve le précis très-bien circonstancié de tout ce qu’ont observé les anciens sur le sujet dont il s’agit, dans l’excellent ouvrage de Prosper Alpin, de præsagiendâ vitâ & morte ægrotantium, lib. III. cap. iv. &c. dans celui de Duret, in coacas prænotiones Hippocratis passim, &c.

JACUA-ACANGA. s. m. (Botan. exot.) espece d’héliotrope du Brésil décrite par Pison, & que les Portugais appellent fédagoso ; sa tige rameuse & velue croît à la hauteur de deux à trois piés ; ses feuilles sont grandes comme la main, de la figure de celles de l’herbe aux chats, rudes, plus piquantes que celles de l’ortie, & repliées. Il s’éleve d’entre elles, une sorte d’épic long d’un pié, garni de grains verds comme au plantain, excepté que ces épics sont courbés en queue de scorpion, finissant par de petites fleurs bleues & jaunes, faites en forme de calice ; sa racine est longue d’un pié, presque droite, ligneuse, jettant peu ou point de filamens,