Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

général le nom d’Hydrostatique à la science de l’équilibre des fluides.

On confond souvent l’Hydrostatique avec l’Hydraulique, à cause de l’affinité du sujet, & plusieurs auteurs ne les traitent point séparément. En effet les lois du mouvement des fluides se réduisent à celui de leur équilibre. Voyez Hydraulique & Hydrodynamique.

L’auteur le plus ancien que nous ayons sur l’Hydrostatique est Archimede, qui en a donné les lois dans son traité de insidentibus humido.

Parmi les modernes, le celebre M. Paschal a donné sur ce sujet un fort bon ouvrage intitulé Traité de l’équilibre des liqueurs & de la pesanteur de l’air.

M. Mariette, dans un traité qu’il a publié en 1686, sur le mouvement des eaux & des autres fluides, donne presque toutes les propositions de l’Hydrostatique & de l’Hydraulique, prouvées par la raison & confirmées par l’expérience.

Nous avons donné au mot Fluide les principales lois de l’Hydrostatique, & il ne nous reste presque rien à y ajouter ici.

La loi générale de l’équilibre des fluides est 1°. que la direction des forces soit perpendiculaire à la surface du fluide : 2°. qu’un canal quelconque rectiligne, formé de deux branches terminées à la surface, & aboutissant où l’on voudra dans l’intérieur du fluide, soit en équilibre. M. Maclaurin est le premier qui ait fait usage de ce dernier principe, & qui l’ait heureusement appliqué à la recherche de la figure de la terre. De ce principe résulte celui de l’équilibre des canaux curvilignes quelconques, dont M. Clairaut s’est servi avec beaucoup de sagacité pour le même usage. Sur quoi voyez le chap. ij. de mon essai sur la résistence des fluides 1752.

Lorsque plusieurs fluides de différentes densités sont placés les uns au-dessous des autres, comme de l’huile, de l’eau, du mercure, &c. la surface de chacun de ces fluides doit être de niveau, c’est-à-dire perpendiculaire en chaque point à la direction de la force qui agit sur les particules de fluide. Cependant lorsque le fluide est composé de couches infiniment peu épaisses, & dont la densité ne varie qu’infiniment peu d’une couche à l’autre, cette loi ne doit pas être nécessairement observée, excepté à la surface supérieure. Je crois avoir fait le premier cette remarque, & je m’en suis servi pour étendre la théorie de la figure de la terre plus loin qu’on ne l’avoit fait encore. Voyez l’appendice qui est à la fin de mon essai sur la résistance des fluides, 1752, & la troisieme partie de mes recherches sur le système du monde, liv. VI. Je renvoie le lecteur à ces deux ouvrages pour le détail d’une théorie qui demandant assez de calcul, ne peut être traitée commodément dans l’Encyclopédie. (O)

HYDROTITE, s. f. (Hist. nat. Lithologie.) nom donné par quelques auteurs à une espece d’ætite ou pierre d’aigle, qui contient de l’eau ; c’est la même pierre que celle que l’on nomme enhydrus. Voyez cet article.

HYDRUNTE, (Géog. anc.) Hydruntum dans Ciceron, Hydrus dans Lucain ; ville maritime de la grande Grece, d’où l’on passoit en Grece. « En partant de Cassiope, dit Ciceron, liv. XVI. Ep. 9. ad Tironem, avec un vent fort doux, nous mîmes la nuit & le jour suivant, à gagner en nous jouant l’Italie, où nous abordâmes à Hydrunte ». Le nom moderne est Otranto. (D. J.)

HYENE, hyena, (Hist. nat.) ce nom a été donné à la civette & au glouton. Voyez Civette, Glouton.

Hyene pierre d’, (Hist. nat.) pierre ainsi nommée par quelques auteurs qui ont cru qu’elle se trouvoit dans les yeux de l’animal fabuleux appellé hyene ;

Pline dit qu’on alloit à la chasse de ces animaux pour avoir ces pierres, qui mises sous la langue, donnoient à celui qui les portoit le don de prédire l’avenir.

HIÉRACITES, s. m. pl. (Théolog.) secte ancienne ainsi appellée de son chef Hiérac. Cet hérésiarque étoit égyptien, & outre la langue de son pays, il savoit la langue greque, & avoit cultivé les belles lettres. Etant né chrétien, il s’étoit aussi appliqué à l’étude des livres sacrés, dont il avoit une grande connoissance, car il a écrit des commentaires sur quelques-uns. Mais abusant de sa science, il tomba dans plusieurs erreurs qu’un grand nombre de moines d’Egypte embrasserent.

Il nioit absolument la résurrection de la chair, prétendant que l’ame seule résusciteroit, & qu’ainsi la résurrection n’étoit que spirituelle. Ce sont les propres paroles de saint Epiphane, qui conjecture qu’il avoit pû emprunter cette erreur d’Origene.

Le même Hiérac & ceux de sa secte condamnoient aussi les noces, étant dans cette pensée qu’elles n’avoient été permises que dans l’ancien testament, & jusqu’à Jesus-Christ ; mais que dans la nouvelle loi, il n’étoit plus permis de se marier, parce que le mariage étoit incompatible avec le royaume de Dieu. Ils soutenoient encore que les enfans qui meurent avant l’usage de raison sont exclus du royaume des cieux.

Saint Epiphane rapporte les passages de l’Ecriture dont cet hérésiarque se servoit pour appuyer sa fausse doctrine. Il remarque néanmoins qu’il n’étoit point dans les erreurs d’Origene sur le mystere de la Trinité, & qu’il croyoit que le fils étoit véritablement engendré du pere, & qu’il avoit aussi les mêmes sentimens que les Orthodoxes touchant le Saint-Esprit, si ce n’est qu’il avoit embrassé là-dessus les erreurs des Melchisédéciens, sur lesquelles il avoit enchéri. Il a vécu fort long-tems, & sa vie a toujours été fort austere, ne mangeant point de viande & ne buvant point de vin. Ses disciples l’imitoient en cela, mais ils dégénérerent après sa mort. Dict. de Trévoux. (G)

HYERINGEN, (Géog.) petite ville du royaume de Dannemarck, dans Jutlande.

HIERONYMITES, ou HERMITES DE S. JEROME, voyez Jeronymites & Hermites. Ce mot est composé d’ἱερὸς, sacré, & de ὄνομα, nom. Dict. de Trévoux.

HYES, (Mythologie.) surnom donné à Bacchus du nom de Hye, que portoit sa mere Sémélé. Ou, selon d’autres, parce que sa fête arrivoit communément dans une saison pluvieuse.

* HYETIUS, ou le PLUVIEUX, adj. (Mythol.) surnom de Jupiter. Les Athéniens adoroient Jupiter le Pluvieux, & ils lui avoient élevé un autel sur le mont Hymette.

HYGIÉE, s. f. (Mythol.) c’est ainsi que les Grecs appellerent la déesse de la santé, car il étoit tout simple qu’ils missent au nombre des divinités, le bien le plus précieux que puissent posséder les mortels.

Comme tous les jours il se présentoit de nouvelles occasions de rendre un culte à cette déesse, il ne faut pas être surpris du grand nombre d’autels & de statues qu’on lui éleva, & si on la voit si souvent représentée sur le revers des médailles & sur les gravures antiques. Il y avoit peu de personnes riches, qui après avoir été guéries de grandes maladies, ne consacrassent quelque monument en mémoire de leur convalescence, à la fille d’Esculape & de Lampétie.

On la trouve presque toujours représentée avec un serpent qui étoit son symbole, ainsi qu’il l’étoit de son pere, dieu de la Medecine. Elle rendoit comme ce dieu, ou elle conservoit la santé aux hommes.