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soit qu’il se fasse dans certains cas une expression de sucs lymphatiques & gélatineux, avec la rosée transpirable, qui épaississent l’humeur du péricarde, & qui ne permettent plus aux tuyaux resorbans de s’en charger. Il est certain par beaucoup de faits qu’on a trouvé des fluides extravasés contre l’ordre naturel dans le péricarde ; mais la difficulté est de connoître positivement l’existence de cette collection de matiere. Elle peut être portée fort loin ; le péricarde est susceptible d’une grande dilatation, on l’a trouvé tellement rempli d’eau, que la poche qu’il formoit s’étendoit presque jusqu’à la racine du sternum. Le premier effet de l’eau épanchée dans le péricarde doit être de gêner les mouvemens du cœur, & de produire en conséquence des palpitations, des tremblemens & des défaillances. Le poulmon étant nécessairement pressé par la dilatation du péricarde, la respiration doit être difficile, & beaucoup plus lorsque les malades seront couchés sur le dos. Elle sera pénible sur le côté droit ; la situation où les malades respireront le plus aisément, c’est lorsqu’ils seront assis & appuyés un peu sur le dos & s’inclinant vers le côté droit. Les connoissances anatomiques rendent raison de ces effets. La pression du poumon occasionnera une toux seche ; le pouls doit être dur, vif & fréquent. Tous ces signes ne sont pas univoques, & tels qu’ils ne puissent pas tromper. Il n’y a que la douleur & l’oppression sur la partie antérieure de la poitrine qui puissent indiquer que l’eau est ramassée dans la capsule du cœur.

Cette maladie n’a presque jamais été reconnue que par l’ouverture des cadavres ; il n’est donc pas étonnant que les livres de Medecine ne parlent point des symptomes de cette hydropisie. M. Senac a recueilli les observations de ceux qui ont répandu quelque lumiere sur une maladie si obscure, & il a soin de distinguer dans l’énumération des accidens quels sont ceux qui paroissent appartenir à l’hydropisie du péricarde, & qui peuvent en être considérés comme les symptomes. De la discussion de tous ces faits, il résulte que les signes qui caractérisent l’hydropisie du péricarde sont la dureté du pouls, les palpitations, l’oppression, un poids sur la région du cœur, les défaillances, la difficulté de respirer ; mais ce qui rend ces signes moins équivoques, c’est qu’on apperçoit distinctement entre la troisieme, la quatrieme & la cinquieme côtes les flots de l’eau contenue dans le péricarde lorsqu’il survient des palpitations ; on entrevoit néanmoins quelque mouvement semblable dans les palpitations qui ne sont pas accompagnées de l’hydropisie du péricarde ; mais alors ce n’est pas un mouvement onduleux, & qui s’étende fort loin.

En supposant qu’on ait bien connu l’hydropisie du péricarde, quels sont les remedes que cette maladie exige ? On doit avoir recours aux remedes évacuans, les hydragogues sont quelquefois utiles dans l’hydropisie ascite ; ils pourroient opérer efficacement dans celle du péricarde. Mais l’inutilité des remedes internes laissera-t-elle la ressource chirurgicale de la ponction ? On a guéri des abscès de péricarde par incision ; on pourra donc, à plus forte raison, faire une ponction. Cette opération exige de la circonspection. Il faut éviter l’artere mammaire qui est à-peu-près à un pouce du sternum ; il faut de plus prendre garde que le cœur dans ses oscillations ne soit piqué par la pointe de l’instrument. Pour éviter ces inconvéniens, on doit pénétrer dans le péricarde entre la troisieme & la quatrieme côte du côté gauche, en portant la pointe du troscart à deux pouces du sternum, la poussant obliquement vers l’origine du cartilage xiphoïde le long de côtes, c’est à dire qu’on doit s’en éloigner le moins qu’on le pourra. En marchant par cette voie, on ne bles-

sera ni l’artere mammaire, ni le cœur, ni le poumon.

Voyez le traité de la structure du cœur, de son action & de ses maladies, par M. Senac, conseiller d’état, & premier medecin du Roi ; à Paris, chez Vincent, 1749. (Y)

HYDROCELE, s. f. terme de Chirurgie, tumeur du scrotum, formée par une collection de lymphe. Les anciens mettoient cette maladie au nombre des hernies fausses ou humorales ; c’est d’où lui vient son nom ὑδροκήλη, composé de ὕδωρ, aqua, eau, & de κήλη, hernia, hernie.

On distingue deux sortes d’hydroceles ; l’une qui est faite par infiltration de lymphe séreuse dans le tissu cellulaire du dartos & de la peau, voyez Hydrobele ; & l’autre est faite par épanchement ; celle-ci est une tumeur ronde & oblongue, lisse & égale, placée dans le scrotum ; elle est indolente, l’impression du doigt n’y reste pas en l’y appuyant, & l’on y sent la fluctuation d’un liquide épanché. La tuméfaction du scrotum dans ses progrès couvre la verge, au point qu’elle ne paroît souvent que par la peau du prépuce. L’hydrocele est une vessie remplie d’eau, placée sur l’un des testicules auxquels elle est adhérente ; la tumeur devient quelquefois si grosse, que le raphé partage le scrotum en deux parties inégales.

Les auteurs ne sont pas d’accord sur le siége de l’hydrocele ; les uns ont multiplié les especes de cette maladie par les lieux qu’ils lui ont fait occuper ; d’autres ont restraint le siége de l’hydrocele exclusivement dans les cellules de la tunique vaginale du cordon spermatique ou du testicule. On a souvent vû des hydatides du cordon spermatique. L’eau amassée dans une cellule de la tunique vaginale du cordon peut donc distendre peu-à-peu les cellules & former une vraie hydrocele. On sent d’abord autour du cordon spermatique, au-dessus du testicule, un engorgement qui forme une petite tumeur molle, laquelle se dissipe par la pression, & qui s’étend en longueur depuis l’anneau jusqu’au testicule. Cette tumeur croît peu-à-peu, elle divise plusieurs cellules dont elle distend les parois jusqu’à former un seul sac très-ample & qui augmente toûjours en épaisseur. On a trouvé quelquefois la dilatation du sac qui s’étendoit fort loin entre les muscles obliques de l’abdomen. On a observé des hydroceles partagées en deux tumeurs par une dépression transversale ; c’est que ces tumeurs qui sont originairement cellulaires, ont commencé en deux endroits de la tunique vaginale, & qu’elles ne s’accroissent que par la rupture des cellules.

L’espece d’hydrocele qui se fait dans la tunique vaginale du testicule est la plus ordinaire ; puisque cette tunique forme réellement un sac qui contient toûjours de l’eau. Si elle s’y ramasse eu trop grande quantité, elle distendra facilement la membrane, & produira une vraie hydrocele. Nous n’avons point d’observation qui prouve que l’hydrocele se soit formée dans la propre substance du testicule, comme quelques auteurs l’ont avancé.

La cause de l’hydrocele vient de la difficulté du retour du sang dans les circonvolutions des veines qui forment le plexus pampiniforme. Cette difficulté occasionne fort souvent l’engorgement & la rupture des vaisseaux lymphatiques ; de-là l’épanchement qui produit l’hydropisie du scrotum. L’hydrocele est quelquefois un symptome de l’hydropisie ascite, & alors c’est plûtôt un œdème des bourses qu’une vraie hydrocele. Dans ce cas, elle devient le moindre objet de l’attention, parce qu’elle se dissipe par le succès du traitement de la maladie principale. Les coups, les chûtes, les compressions sont des causes extérieures qui peuvent donner lieu à la formation de l’hydrocele. Dans les grandes & anciennes