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ment compliquée, est admirable par la quantité d’eau qu’elle fournit ; je l’ai vû placée a Londres aux bords de la Tamise en 1728 ; on l’avoit détruite depuis, mais elle vient d’être rétablie & simplifiée par le retranchement de plusieurs pieces ; on dit même qu’elle coûte moins d’entretien pour le charbon & pour les hommes qui servent à la gouverner.

C’est une pompe placée dans un bâtiment où l’on a construit un fourneau, au-dessus duquel est une grande bouilloire de cuivre, sphérique par en-haut, bien fermée & entourée d’une petite galerie extérieure, régnant tout autour, & laissant circuler la fumée du fourneau qui entretient la chaleur de l’eau bouillante dont la bouilloire est pleine aux trois quarts.

Le cylindre de la pompe est de cuivre, & d’un diametre à discrétion. Il est garni de son piston. Le piston descend & s’éleve dans le cylindre. Ce n’est qu’une plaque de cuivre roulée & bordée de cuir. Il en est plus léger, & la vapeur le chasse d’autant plus facilement.

Il y a une chaîne de fer, dont l’anneau est accroché à la tige du piston, & tient à la courbe d’un balancier, dont l’axe tourne sur un tourillon, dont les parties portent sur un des pignons du bâtiment.

Un bout de tuyau transmet la vapeur de la bouilloire dans le cylindre, & la partie de la machine qu’on appelle régulateur, ouvre & ferme en-dedans & au haut de l’alembic l’extrémité du tuyau de vapeurs.

C’est un fleau ou une coulisse de bois attachée à une petite courbe concentrique à la courbe du balancier auquel elle est fixée, qui se haussant par ce moyen & se baissant, donne le jeu au régulateur & au robinet d’injection, en retenant par des chevilles fixées dans plusieurs trous faits dans son épaisseur, les axes recourbés & communiquans au robinet & au régulateur, dont on rend l’effet plus ou moins prompt, en haussant ou baissant ces chevilles.

Le tuyau de l’injecteur descendant du réservoir au-dessus, & se coudant pour entrer dans le cylindre, y jette environ neuf à dix pintes d’eau froide à chaque injection par un robinet qui s’ouvre & se ferme continuellement au moyen des chevilles fixées le long de la coulisse.

Il y a un petit tuyau qui sort de l’injecteur, & qui a un robinet toûjours ouvert. Il jette de l’eau prise dans le réservoir au-dessus, en couvre le piston de cinq à six pouces. C’est ainsi que l’entrée est fermée à l’air, & le cuir du piston humecté.

On appelle robinets d’épreuve ceux de deux tuyaux dont le plus court atteint seulement à la surface de l’eau de la bouilloire, & l’autre va jusqu’au fond. Ils indiquent l’un & l’autre l’excès ou le défaut de la quantité d’eau ou de vapeurs conservées dans l’alembilique ou la bouilloire.

Un tuyau communiquant à la capacité du cylindre, laisse écouler l’eau injectée, & la renvoie à la bouilloire. Un autre tuyau attaché au cylindre, donne issue à l’eau qui déborderoit, lorsque le piston est relevé. On y pratique un robinet qui jette l’eau sur la soupape du tuyau qui laisse sortir & l’air du cylindre, & celui qui est amené par l’eau froide injectée.

Une valvule ou soupape couverte de plomb, laisse évacuer la vapeur de la bouilloire, quand elle a trop de force. Au-dessous du piston, il y a un tuyau de décharge du cylindre, & au haut du bâtiment un tuyau de décharge du réservoir.

Deux autres courbes placées à l’autre extrémité du levier font aller une pompe renversée qui fournit un petit réservoir, & des pompes aspirantes posées dans un puits d’où l’eau est portée dans un grand réservoir.

C’est par une cheminée que sort le trop de fumée de la bouilloire.

L’eau portée dans le petit réservoir, fournit la machine. L’eau portée dans le grand réservoir sert à tel usage que l’on veut. C’est elle qui mesure le vrai produit de la machine.

Il est inutile d’entrer ici dans un plus long détail sur le principe d’action, sur l’utilité des parties, & sur l’effet de cette pompe, dont nous avons parlé fort au long à l’article Feu. Voyez cet article, & nos Planches de Machines hydrauliques.

La pompe que nous y avons décrite n’est pas tout-à-fait la même que celle-ci, mais ce sont ces petites différences qui nous ont déterminé à revenir ici sur cette machine.

Nouvelle machine de M. Dupuis. C’est avec grand plaisir que nous saisissons l’occasion de rendre justice au mérite & aux talens de feu M. Dupuis, maître des requêtes. Après avoir rempli dignement plusieurs charges considérables, il fut nommé intendant du Canada en 1725. Il s’appliqua, à son retour, aux méchaniques, science qu’il avoit aimé de tout tems. Son cabinet étoit rempli de toutes les productions de son génie ; enfin il inventa la machine suivante, qui fut approuvée de l’académie royale des Sciences, & fut exécutée en plusieurs endroits, & notamment cinq de ces machines ont été exécutées par l’ordre de M. de Maurepas pour les travaux du Roi à Saint-Domingue.

Madame Dupuis sa veuve, qui demeure à Paris, rue Chapon, a obtenu du roi un privilége exclusif de cette belle machine, & pourroit céder ses droits à ceux qui voudroient en faire tout l’usage qu’elle mérite.

Cette machine dans son intérieur est composée de deux coffres de bois posés l’un au-dessus de l’autre, & se garnissent en dedans de plaques de cuivre de trois côtés, excepté celui où est attachée la plate-forme, qui est garni de cuir, avec une rainure de son épaisseur pour éviter le trop de frottement ; le coffre, où sont les mouvemens, est séparé en dedans par une cloison ; ces deux coffres sont dans l’eau dont la superficie est comprimée par l’air extérieur. La premiere figure montre l’intérieur des deux coffres A & B. La plate-forme mouvante CC, garnie de fer, est inclinée dans la caisse, tenant par un bout à un boulon de fer attaché à la caisse en forme de charniere, & de l’autre taillé en portion de cercle, montant & agissant sur une autre portion de cercle D, suivant lequel est taillé un des parois du coffre garni de cuir fort ou de bourre pour empêcher l’eau de descendre. Cette plate-forme est percée de deux ouvertures garnies des clapets EF, qui donnent passage à l’eau dans le jeu de la plateforme que fait agir une tringle de fer IK, inclinée par le moyen de deux moufles ou d’un chassis à deux branches, & qui se raccorde à un des bouts de ladite plate-forme, & va se rendre à la manivelle & au moteur.

Par ce mouvement l’eau qui entoure les deux coffres, & qui y entre continuellement, étant comprimée par l’air extérieur ou l’atmosphère, fait lever les deux clapets E & F de la plate-forme mouvante, & forcent à se lever les deux autres clapets G & H correspondans & placés sur le dessus de la caisse, au moyen de quoi l’eau passe dans une espece de hotte de cheminée, pour se communiquer dans le tuyau montant L, qui porte l’eau dans le réservoir ou lieu destiné.

Fig. 2. On peut établir cette pompe pour l’épuisement des eaux dans une mine, ainsi qu’elle a été exécutée à Pompéan, près de la ville de Rennes. L’eau est premierement attirée par une pompe aspirante à la hauteur de vingt-quatre piés dans une ba-