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y sont plus au frais, ne craignant point la vermine, & n’ont besoin ni de matelats ni d’oreillers, non plus que de couvertures, les bords du hamac se recroisant l’un sur l’autre.

Dans les isles françoises il est fort ordinaire de voir au milieu des salles de compagnie un beau hamac de coton blanc ou chamarré de diverses couleurs, orné de réseaux, de franges & de glands. Là nonchalamment couchée & proprement vêtue, une très-jolie femme passe les journées entieres, & reçoit ses visites sans autre émotion que celle que peut occasionner un léger balancement qu’une jeune négresse entretient d’une main, étant occupée de l’autre à chasser les mouches qui pourroient incommoder sa maîtresse.

Les femmes de distinction, allant par la ville, se font ordinairement porter dans des hamacs suspendus par les bouts à un long bambou ou roseau creux & léger que deux negres portent sur leurs épaules ; mais dans les voyages, au lieu d’un seul bambou, on fait usage d’un brancard porté par quatre forts esclaves.

Les Portugais du Bresil ajoûtent au-dessus du hamac une petite impériale, avec des rideaux qui les garantissent de la pluie & des ardeurs du soleil.

Sur les vaisseaux les matelots couchent dans des hamacs de grosse toile, communément nommés branles, qui different des précédens en ce qu’ils sont moins grands & garnis à leurs extrémités de morceaux de bois un peu courbes, percés de plusieurs trous, au-travers desquels passent les filets de façon qu’ils sont un peu écartés les uns des autres, & par conséquent le hamac reste toûjours suffisamment ouvert pour y recevoir une espece de matelas.

HAMACHATES, (Hist. nat. Litholog.) nom donné par les anciens naturalistes à une agathe dans laquelle se trouvent des taches ou des veines rouges & de couleur de sang : quelques auteurs ont aussi donné ce nom au jaspe rouge. (—)

HAMADE. Voyez Sameide.

HAMADRIADE, s. f. (Mythol.) nymphe de la fable ; les hamadryades étoient des nymphes dont le destin dépendoit de certains arbres avec lesquels elles naissoient & mouroient ; ce qui les distingue des dryades, dont la vie n’étoit point attachée aux arbres. C’étoit principalement avec les chênes que les hamadryades avoient cette union, comme l’indique leur nom, composé de ἅμα, ensemble, & δρῦς, un chêne.

Quoique ces nymphes ne pussent survivre à leurs arbres, elles n’en étoient pas cependant absolument inséparables ; puisque, selon Homere, elles alloient par échappées sacrifier à Vénus dans les cavernes avec les satyres ; &, selon Séneque, elles quittoient leurs arbres pour venir entendre le chant d’Orphée. On dit qu’elles témoignerent quelquefois une extrème reconnoissance à ceux qui les garantirent de la mort ; & que ceux qui n’eurent aucun égard aux humbles prieres qu’elles leur firent d’épargner les arbres dont elles dépendoient, en furent sévérement punis : Péribée l’éprouva bien, au rapport d’Apollonius de Rhodes.

Mais il vaut mieux lire la maniere dont Ovide dépeint les complaintes & l’infortune de l’hamadryade que l’impie Erysichton fit périr ; elle vivoit dans un vieux chêne respectable, qui, dit-il, surpassoit autant tous les autres arbres que ceux-ci surpassent l’herbe & les roseaux. A peine Erysichton lui eut-il porté un premier coup de hache, qu’on l’entendit pousser des gémissemens, & qu’on en vit couler du sang ; le coup étant redoublé, l’hamadryade éleva fortement sa voix : « Je suis, dit-elle, une nymphe chérie de Cérès ; tu m’arraches la vie, mais j’au-

rai au moins en mourant la consolation de t’apprendre

que je serai bien-tôt vengée » :

Editus e medio sonus est cum robore talis :
Nympha sub hoc ego sum, Cereri gratissima, ligno,
Quæ tibi factorum pœnas instare tuorum
Vaticinor moriens, nostri solatia lethi.

Métam. lib. viij. v. 763.

Les hamadryades ne doivent donc pas être censées immortelles, puisqu’elles mouroient avec leurs arbres. Je sai bien qu’Hésiode donne à leur vie une durée prodigieuse dans un fragment cité par Plutarque, selon lequel, en prenant la supputation la plus modérée des Mythologistes, la carriere des hamadryades s’étendoit jusqu’à 9720 ans ; mais ce calcul fabuleux ne s’accorde guere avec la durée des arbres, de ceux-là même à qui Pline, lib. XVI. c. xliv. donne la plus longue vie.

Cependant il n’a pas été difficile au payens d’imaginer l’existence de ces sortes de nymphes ; car ils concevoient des sentimens de vénération & de religion pour les arbres, qu’ils croyoient être fort vieux, & dont la grandeur extraordinaire leur paroissoit un signe de longue durée. Il étoit simple de passer de-là jusqu’à croire que de tels arbres étoient la demeure d’une divinité. Alors on en fit une idole naturelle ; je veux dire, qu’on se persuada que sans le secours des consécrations, qui faisoient descendre dans les statues la divinité à laquelle on les dédioit, une nymphe, une divinité, s’étoit concentrée dans ces arbres. Le chêne qu’Erysichton coupa étoit vénéré pour sa grandeur & pour sa vieillesse. On l’ornoit comme un lieu sacré ; on y appendoit les témoignages du bon succès de sa dévotion, & les monumens d’un vœu exaucé ; Ovide nous apprend tout cela :

Stabat in his ingens annoso robore quercus
Una, nemus : vitæ mediam memoresque tabellæ
Certaque cingebant, voti argumenta potentis.

HAMAH, (Géogr.) ville de Syrie, à laquelle le géographe Abulfeda donne 60d 45′ de longit. & 34d 45′ de latit. Elle fut renversée par un horrible tremblement de terre en 1157, & a été depuis rétablie. C’est la même que l’Apamée de Strabon sur l’Oronte, fondée par Seleucus Nicanor, qui faisoit nourrir 500 éléphans dans son territoire fertile. C’est ici que se donna sous Aurélien la fameuse bataille entre les Romains & Zénobie reine de Palmyre ; on sait qu’elle la perdit, & qu’elle fut menée prisonniere à Rome avec son fils. Ce qui reste aujourd’hui de cette ville mérite encore quelques regards des curieux, au rapport de M. de la Roque, dans son Voyage de Syrie. Un Pacha a le gouvernement de tout le canton. (D. J.)

HAMAMET, (Géogr.) ville d’Afrique en Barbarie, sur le golfe de même nom, à dix-sept lieues de Tunis par terre. C’est une ville nouvelle, bâtie il y a environ 350 ans par un peuple Mahométan, & les habitans en sont fort pauvres. Longit. 28. 50. Latit. 36. 35. (D. J.)

* HAMANS. s. m. (Manufact.) toiles de coton, fines, blanches & serrées, dont la fabrique revient à celle des toiles de Hollande. On les apporte des Indes orientales. Les meilleures sont de Bengale. La piece porte sur une aune & un sixieme de large, neuf aunes & demie de longueur.

HAMAXITUS, (Geogr. anc.) ville de la Troade, dont parlent Xénophon, Thucydide, Pline, & Strabon. Il y avoit près de cette ville une saline, où durant un certain tems de l’année le sel se formoit de lui-même. Hamaxitus fut le premier établissement des Teucriens (Teucri), peuple amené de Crete par Callinus, poëte élégiaque. (D. J.)