Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voici les principales raisons par lesquelles M. Musschenbroeck prouve que la cause des halos est dans notre atmosphere. S’il y a une atmosphere autour des astres précédens, il paroît impossible qu’elle soit de l’étendue qu’on observe dans les halos. Ces couronnes ne peuvent être apperçûes que de peu de personnes à-la-fois, & rarement à une plus grande distance que deux ou trois lieues ; elles disparoissent aussi-tôt que le vent vient à souffler, quoiqu’elles continuent quelquefois lorsqu’il ne fait qu’un petit vent frais ; mais dès qu’il augmente, elles se dissipent. Personne ne les a jamais observées dans un tems tout-à-fait serein. Si le nuage flotte dans l’air, la couronne commence à disparoître du côté où l’air devient plus net.

Les couronnes des halos sont plus foibles que celles de l’arc-en-ciel. Dans les couronnes de halo que M. Newton vit en 1692, les couleurs se suivoient du centre vers la circonférence, de la maniere suivante. La couleur de l’anneau interne étoit bleue en-dedans, blanche au milieu, & rouge en-dehors ; la couleur interne du second anneau étoit pourpre, ensuite bleue, puis verte, jaune, & d’un rouge pâle ; la couleur interne du troisieme anneau étoit d’un bleu pâle, & l’externe d’un rouge pâle. M. Huyghens a observé dans le contour extérieur un bleu pâle, & dans l’intérieur une couleur rouge. M. Musschenbroeck a vû plusieurs couronnes dont la couleur interne étoit rouge ; & d’autres observateurs ont encore indiqué diverses variétés.

Ce phénomene n’arrive pas tous les jours ; la raison principale est qu’il faut que les particules soient assez raréfiées pour donner passage aux rayons : car autrement elles forment des nuages épais qui ne transmettent pas la lumiere. Cependant les halos sont plus fréquens qu’on ne le croit ; on n’y fait pas attention, parce que l’on envisage rarement le soleil pendant le jour. Mais les observateurs attentifs assûrent que ce phénomene est fréquent. Depuis le premier de Janvier jusqu’au premier de Juin 1735, M. Musschenbroeck a vû à Utrecht ces couronnes environ vingt fois autour du soleil ; & un autre physicien a observé le même phénomene plus de soixante fois en un an.

M. Fritsch vit le 11 Avril 1729 autour du soleil un cercle qui avoit trois couleurs, dont l’externe étoit rouge, celle du milieu jaune, & l’interne blanche ; & il se trouvoit éloigné du soleil de deux diametres de cet astre. On y remarquoit outre cela un cercle blanc parallele à l’horison, qui passoit par le soleil : il y avoit encore deux autres demi-cercles blancs plus petits qui commençoient de chaque côté dans le soleil, & qui étoient placés au-dedans du grand cercle.

On a tort de croire que les halos annoncent la pluie ou l’orage ; souvent le lendemain & quelques autres jours après il fait un tems fort serein & fort calme. Ceux qui veulent approfondir davantage ce sujet, peuvent recourir au traité posthume de M. Huyghens, de coronis ; à l’Optique de Newton, liv. II. ch. jv. & à l’Essai de Physique de Musschenbroeck, d’où cet article est tiré par extrait. (O)

* HALOA, s. f. (Histoire anc.) fêtes qui se célébroient dans Athenes, au mois Posideonis, à l’honneur de Cerès Haloade : c’étoit le tems où l’on battoit le blé de la récolte.

HALOIR, s. m. (Corderie.) est une caverne de six ou sept piés de hauteur, cinq à six de largeur, & neuf à dix de profondeur, ou bien quelque chose d’équivalent ; on expose autant qu’on peut le haloir au soleil du midi & à l’abri de la bise.

A quatre piés au-dessus du foyer du haloir, on place des barreaux de bois qui traversent le haloir d’un mur à l’autre, & qui y sont assujettis : c’est sur ces

morceaux de bois qu’on étend le chanvre qu’on veut hâler, c’est-à-dire faire sécher, jusqu’à ce qu’il soit en état d’aller à la broye.

Tout étant ainsi disposé, une femme attentive a soin d’entretenir perpétuellement sous le chanvre un petit feu de chenevottes ; de le retourner de tems en tems, pour qu’il se desseche par-tout également ; & d’en remettre de nouveau à-mesure qu’on ôte celui qui est assez sec pour être porté à la broye. Voyez les Planches de Corderie.

HALONESE (la), Géog. anc. petite île de la mer Egée, au couchant de Lemnos, & à l’orient de l’embouchure du golfe Therméen ; il en est beaucoup question dans les harangues d’Eschine & de Démosthène : elle est accompagnée de deux autres petites îles, dont l’une est nommée Piperi, anciennement Peparrhete, & l’autre Jura. La Halonèse s’appelle aujourd’hui Lanis ou Pelagisi. Pline & Etienne le géographe parlent de deux autres petites îles du même nom, mais différentes de la nôtre. (D. J.)

HALOSACHNE, s. m. (Hist. nat.) nom donné par les anciens naturalistes à une espece de sel marin formé par l’évaporation de l’eau de la mer qui avoit été portée par la violence des flots dans les creux des rochers, où la chaleur du soleil lui faisoit prendre de la consistence : il est, dit-on, sous la forme d’une poudre, & quelquefois il s’attache sur des corps marins, sous une forme plus solide. Ce sel ne differe aucunement du sel marin ordinaire. Voyez Sel marin. Les anciens ont aussi nommé ce sel, parætoniura & spuma maris. (—)

HALOS ANTHOS, s. m. (Hist. nat.) nom donné par les anciens naturalistes à une substance saline, tenace, visqueuse, grasse & bitumineuse, que l’on trouvoit nageante à la surface des eaux de quelques fontaines & rivieres. On dit qu’elle est ou jaunâtre, ou noirâtre, ou verdâtre, ou tirant sur le bleu. Dioscoride raconte que cette substance se trouvoit à la surface des eaux du Nil & de quelques lacs ; qu’elle étoit jaune, d’un goût très-piquant, grasse, & d’une odeur fétide : il ajoûte qu’elle étoit soluble dans l’huile ; ce qui prouve que c’étoit un bitume mêlé de particules salines. Voyez Hill, Hist. nat. des fossiles. Quelques auteurs ont crû que le halos anthos étoit la même chose que le sperma ceti, ou blanc de baleine. (—)

* HALOT, s. m. (Chasse.) trou dans les garennes, où le gibier se retire, & où les lapins font leurs petits : c’est de-là que vient le mot halotiere. L’ordonnance veut que ceux qui auront détruit les halots soient punis comme voleurs.

HALOTECHNIE, s. f. (Chim.) on donne ce nom à une branche de la Chimie, qui s’occupe de la nature, de la préparation, ou de la composition des différens sels ; on la nomme aussi Halurgie : ce mot vient du grec ἅλς, sel. Voyez Sel, Nitre, Vitriol, &c.

HALPO, ou HALAPO, (Géog.) ville de l’Amérique dans la Nouvelle Espagne, dans la province de Tabasco, & sur la riviere de ce nom, à 3 lieues au-dessus d’Estapo ; elle est passablement riche & habitée par des Indiens. Longit. 273. 40. latit. 17. 48. (D. J.)

* HALQUE, s. m. (Botaniq.) grand arbre épineux qui a la feuille du genievre, & qui porte une gomme si semblable au mastic, qu’on s’en sert pour l’adultérer : il croît en Lybie, en Numidie, & au quartier des Negres. Celui de Numidie est rayé de blanc, comme l’olivier sauvage ; celui de Lybie, d’azur ; & celui du pays des Negres, de noir. On nomme celui-ci sangu : on en fait des instrumens de Musique & des ouvrages de Menuiserie. On transporte dans toute l’Afrique le halque de Lybie, où on l’employe contre les maladies vénériennes. Marmol, liv. VII. ch. j.