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l’empereur par les traités de Bade & de Radstad, confirmés par le traité de Vienne.

Le Hainaut peut avoir vingt lieues de long sur dix-huit de large : Lessobœus en a donné l’ancienne description. (D. J.)

* HAINE, s. f. (Morale.) sentiment de tristesse & de peine qu’un objet absent ou présent excite au fond de notre cœur. La haine des choses inanimées est fondée sur le mal que nous éprouvons, & elle dure quoique la chose soit détruite par l’usage même. La haine qui se porte vers les êtres capables de bonheur ou de malheur, est un déplaisir qui naît en nous plus ou moins fortement, qui nous agite & nous tourmente avec plus ou moins de violence, & dont la durée est plus ou moins longue, selon le tort que nous croyons en avoir reçû : en ce sens, la haine de l’homme injuste est quelquefois un grand éloge. Un homme mortel ne doit point nourrir de haines immortelles. Le sentiment des bienfaits pénetre mon cœur, l’empreint, & le teint, s’il m’est permis de parler ainsi, d’une couleur qui ne s’efface jamais ; celui des injures le trouve fermé ; c’est de l’eau qui glisse sur un marbre sans s’y attacher. Hommes malheureusement nés, en qui les haines sont vivantes, que je vous plains, même dans votre sommeil ! vous portez en vous une furie qui ne dort jamais. Si toutes les passions étoient aussi cruelles que la haine, le méchant seroit assez puni dans ce monde. Si on consulte les faits, on trouvera l’homme plus violent encore & plus terrible dans ses haines, que dans aucune de ses passions. La haine n’est pas plus ingénieuse à nuire que l’amitié ne l’est à servir : on l’a dit ; & c’est peut-être une prudence de la nature. O amour, ô haine, elle a voulu que vous fussiez redoutables, parce que son but le plus grand & le plus universel est la production des êtres & leur conservation. Si on examine les passions de l’homme, on trouvera leur énergie proportionnée à l’intérêt de la nature.

HAINGEN, (Géogr.) petite ville d’Allemagne, en Soüabe, dans la principauté de Furstemberg.

HAIR, v. act. avoir en haine. Voyez l’art. Haine.

* HAIRE, s. f. petit vêtement tissu de crin, à l’usage des personnes pénitentes qui le portent sur leur chair, & qui en sont affectées d’une maniere perpétuellement incommode, sinon douloureuse. Heureux ceux qui peuvent conserver la tranquillité de l’ame, la sérénité, l’affabilité, la douceur, la patience, & toutes les vertus qui nous rendent agréables dans la société, & cela sous une sensation toûjours importune ! Il y a quelquefois plus à perdre pour la bonté à un moment d’humeur déplacée, qu’à gagner par dix ans de haire, de discipline, & de cilice.

* Haire, (Brasserie.) l’espece d’étoffe connue sous ce nom est à l’usage des Brasseurs. Voy. l’art. Brasserie. On s’en sert aussi dans les forges. Voyez l’article Forges. On appelle drap de laine en haire, celui qui n’a reçû aucun apprêt, & qui est tel encore qu’au sortir du métier : si on le tond pour la premiere fois, ce qu’on appelle en premiere voie, en premiere façon, en premiere coupe, en premiere eau : on dit dans les manufactures de Sedan, tondre en hairement.

HAIRETITES, s. m. pl. (Hist. mod.) secte de Mahométans, dont le nom vient de hairet, en turc étonnement, incertitude, parce que, à l’exemple des Pyrrhoniens, ils doutent de tout, & n’affirment jamais rien dans la dispute. Ils disent que le mensonge peut être si bien paré par l’esprit humain, qu’il est impossible de le distinguer de la vérité ; comme aussi qu’on peut obscurcir la vérité par tant de sophismes, qu’elle en devient méconnoissable. Sur ce principe, ils concluent que toutes les questions sont probables & nullement démonstratives ; & sur tout ce qu’on leur propose, ils se contentent de répondre,

cela nous est inconnu, mais Dieu le sait. Cette maniere de penser, qui sembleroit devoir les exclure des dignités de la religion, qui demande ordinairement des hommes décidés, ne les empêche pourtant pas de parvenir à celle de muphti ; & alors comme ils sont obligés de répondre aux consultations, ils mettent au bas leur fefta ou sentence, qui contient à la vérité une décision bien articulée ; mais ils ont soin d’y ajoûter cette formule : Dieu sait bien ce qui est meilleur.

Quoiqu’exacts observateurs des pratiques de la religion & des loix civiles, les Hairetites n’affichent point une morale sévere ; ils boivent du vin en compagnie, pour ne point paroître de mauvaise humeur ; mais entr’eux ils usent de liqueurs dans lesquelles il entre de l’opium ; & l’on prétend que cette drogue contribue beaucoup à les entretenir dans un état d’engourdissement qui s’accorde très-bien avec leur pyrrhonisme absolu, qu’on peut regarder comme une yvresse d’esprit. Ricaut, de l’empire ottom. (G)

HAITERBACH, (Géogr.) petite ville d’Allemagne, au duché de Wirtemberg, dans la forêt Noire, sur la riviere de Haitez.

HAKIMBACHI, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne en Perse au premier medecin du roi, de qui dépendent tous les autres medecins du royaume ; il est chargé de les examiner, & de juger s’ils ont la capacité requise pour exercer la Medecine dans toute l’étendue de la monarchie.

HAKZAK, (Géogr.) petit pays aux confins de la Transylvanie, avec une ville de même nom.

HALABAS, (Géog.) ville d’Asie dans l’Indoustan, capitale d’une province de même nom ; elle est sur le Gange, sujette au Mogol, à cinquante lieues S. E. d’Agra. Thevenot en parle au long dans son voyage des Indes, chap. xxxviij & prétend que c’est la Chrysobacra de Pline. Le grand mogol Akébar s’en rendit maître, après avoir subjugué le royaume de Bengale, & y fit bâtir une forte citadelle. Long. 100. 35. lat. 26. 30. (D. J.)

* HALAGE, s. m. terme de Marine & de Riviere ; il désigne l’action de remonter & tirer un vaisseau ou un bateau ; c’est aussi le chemin destiné à la même opération. Ce chemin pratiqué sur le bord des rivieres devroit toûjours être tenu libre, conformément aux ordonnances. Cependant il arrive souvent que le halage est interrompu & coupé de larges fossés, sans aucuns ponts praticables. Des riverains ont même planté des arbres ; d’autres ont élevé des barrieres, ou bâti des murailles jusque sur les bords des rivieres ; & le halage devient si difficile, qu’à quatre piés d’eau des équipages de bâtimens ont été obligés de haler leur navire au cou. Ceux qui ont des fossés dont l’eau se décharge dans les rivieres, loin de pratiquer des passages commodes, se contentent de jetter un petit soliveau large de quatre à cinq pouces, que la marée n’a pas plûtôt couvert de vase, que les gens sont exposés au danger de tomber dans les fossés. Si cet accident arrive à un homme de pié, il entraîne nécessairement les autres, toutes les bricoles des haleurs étant frappées sur un même cordage. Le risque s’accroît encore, si on hale de nuit ; si une riviere est très-vaseuse, le passage en est plus glissant.

Cet embarras du halage sur les rivieres commerçantes fait un tort considérable aux navigateurs, jette leurs équipages dans un travail excessif, empêche de profiter des marées favorables, & fait échoüer ou amortir les bâtimens ; ensorte que dans les tems de foire, les négocians qui attendent leurs marchandises, sont consommés en frais de transport & de décharge.

Tout ce qui concerne les chemins qui servent au