Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans toute l’espece humaine, les femmes arrivent plûtôt à la puberté que les hommes ; mais chez les différens peuples, l’âge de puberté varie & semble dépendre du climat & des alimens ; le pauvre & le paysan sont de deux ou trois années plus tardifs. Dans les parties méridionales & dans les villes, les filles sont la plûpart pubertes à douze ans, & les garçons à quatorze. Dans les provinces du Nord & les campagnes, les filles ne le sont qu’à quatorze, & les garçons qu’à seize ; dans les climats chauds de l’Asie, de l’Afrique, & de l’Amérique, la puberté des filles se manifeste à dix, & même à neuf ans.

L’écoulement périodique des femmes moins abondant dans les pays chauds, est à-peu-près le même chez toutes les nations ; & il y a sur cela plus de différence d’individu à individu, que de peuple à peuple. Dans la même nation, des femmes n’y sont sujettes que de cinq ou six semaines en six semaines ; d’autres tous les quinze jours : l’intervalle commun est d’un mois.

La quantité de l’évacuation varie ; Hippocrate l’avoit évaluée en Grece à neuf onces, elle va depuis une ou deux onces, jusqu’à une livre & plus ; & sa durée depuis trois jours jusqu’à huit.

C’est à l’âge de puberté que le corps acheve de prendre son accroissement en hauteur : les jeunes hommes grandissent tout-à-coup de plusieurs pouces ; mais l’accroissement le plus prompt & le plus sensible se remarque aux parties de la génération ; il se fait dans le mâle par une augmentation de volume ; dans les femelles il est accompagné d’un rétrécissement occasionné par la formation d’une membrane appellée hymen. Voyez l’article Hymen.

Les parties sexuelles de l’homme arrivent en moins d’un an ou deux après le tems de puberté, à l’état où elles doivent rester. Celles de la femme croissent aussi ; les nymphes sur-tout qui étoient auparavant insensibles, deviennent plus apparentes. Par cette cause & beaucoup d’autres, l’orifice du vagin se trouve rétréci ; cette derniere modification varie beaucoup aussi. Il y a quelquefois quatre protuberances ou caroncules, d’autres fois trois ou deux, souvent une espece d’anneau circulaire ou semi-lunaire. Voyez Caroncules.

Quand il arrive à la femme de connoître l’homme avant l’âge de puberté, nulle effusion de sang, à-moins d’une extrème disproportion entre les parties de l’un & de l’autre, ou des efforts trop brusques. Mais il arrive aussi qu’il n’y a point de sang répandu, même après cet âge, ou que l’effusion reparoît même après des approches réitérées, intimes & fréquentes, s’il y a suspension dans le commerce & continuité d’accroissement dans les parties sexuelles de la femme. La preuve prétendue de la virginité ne se renouvelle cependant que dans l’intervalle de quatorze à dix-sept, ou de quinze à dix-huit ans. Celles en qui la virginité se renouvelle ne sont pas en aussi grand nombre que celles à qui la nature a refusé cette faveur chimérique.

Les Ethiopiens, d’autres peuples de l’Afrique, les habitans du Pégu, de l’Arabie, quelques nations de l’Asie, s’assûrent de la chasteté de leurs filles par une opération qui consiste en une suture qui rapproche les parties que la nature a séparées, & ne laisse d’espace que celui qui est nécessaire à l’issue des écoulemens naturels. Les chairs s’unissent, adherent, & il faut les séparer par une incision, lorsque le tems du mariage est arrivé. Ils emploient aussi dans la même vûe l’infibulation qui se fait avec un fil d’amiante ; les filles portent le fil d’amiante, ou un anneau qui ne peut s’ôter ; les femmes un cadenat dont le mari a la clé.

Quel contraste dans les goûts & les mœurs de l’homme ! D’autres peuples méprisent la virginité,

& regardent comme un travail servile la peine qu’il faut prendre pour la détruire. Les uns cedent les prémices des vierges à leurs prêtres ou à leurs idoles ; d’autres à leurs chefs, à leurs maîtres ; ici un homme se croit deshonoré, si la fille qu’il épouse n’a pas été déflorée ; là, il se fait précéder à prix d’argent.

L’état de l’homme après la puberté est celui du mariage ; un homme ne doit avoir qu’une femme, une femme qu’un homme, puisque le nombre des femelles est à-peu-près égal à celui des mâles.

L’objet du mariage est d’avoir des enfans ; mais il n’est pas toûjours possible : la stérilité vient plus souvent de la part de la femme, que de la part de l’homme. Voyez Impuissance & Stérilité. Cependant il arrive quelquefois que la conception devance les signes de la puberté ; des femmes sont devenues meres avant que d’avoir eu l’écoulement naturel à leur sexe. D’autres, sans être jamais sujettes à cet écoulement, ne laissent pas d’engendrer. On dit même qu’au Brésil des nations entieres se perpétuent, sans qu’aucune femme ait d’évacuation périodique ; la cessation des regles qui arrive ordinairement à quarante ou cinquante ans, ne met pas toutes les femmes hors d’état de concevoir ; il y en a qui ont conçu à soixante, à soixante & dix ans, & même plus tard. Dans le cours ordinaire, les femmes ne sont en état de concevoir qu’après la premiere éruption, & la cessation de cet écoulement à un certain âge les rend stériles.

L’âge auquel l’homme peut engendrer n’a pas de termes aussi marqués ; il commence entre douze & dix-huit ans ; il cesse entre soixante & soixante & dix ; il y a cependant des exemples de vieillards qui ont eu des enfans jusqu’à quatre-vingt & quatre-vingt-dix ans, & des exemples de garçons qui ont produit leur semblable à neuf, dix, & onze ans, & de petites filles qui ont conçu à sept, huit & neuf.

On prétend qu’immédiatement après la conception l’orifice de la matrice se ferme, & qu’elle s’annonce par un frissonnement qui se répand dans tous les membres de la femme. Voyez les articles Conception.

La femme de Charles Town qui accoucha en 1714 de deux jumeaux, l’un blanc & l’autre noir ; l’un de son mari, l’autre d’un negre qui la servoit, prouve que la conception de deux enfans ne se fait pas toûjours dans le même tems.

Le corps finit de s’accroître dans les premieres années qui suivent l’âge de puberté : l’homme grandit jusqu’à vingt-deux ou vingt-trois ans ; la femme à vingt est parfaitement formée.

Il n’y a que l’homme & le singe qui ayent des cils aux deux paupieres ; les autres animaux n’en ont point à la paupiere inférieure ; & dans l’homme même il y en a beaucoup moins à la paupiere inférieure qu’à la supérieure ; les sourcils deviennent quelquefois si longs dans la vieillesse qu’on est obligé de les couper.

La partie de la tête la plus élevée est celle qui devient chauve la premiere, ensuite celle qui est au-dessus des tempes ; il est rare que les cheveux qui couvrent le bas des tempes tombent en entier, non plus que ceux de la partie inférieure du derriere de la tête.

Au reste, il n’y a que les hommes qui deviennent chauves en avançant en âge ; les femmes conservent toûjours leurs cheveux ; ils blanchissent dans les deux sexes ; les enfans & les eunuques ne sont pas plus sujets à être chauves que les femmes.

Les cheveux sont plus grands & plus abondans dans la jeunesse qu’à tout autre âge.

Les piés, les mains, les bras, les cuisses, le front, l’œil, le nez, les oreilles, en un mot, toutes les par-