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La hache du bucheron n’a point de picot ; elle est plus grosse que celle du tireur de bois ; elle s’appelle cognée. Voyez Cognette.

Celle du marinier est une espece de marteau qui au lieu de la panne a un tranchant parallele au manche, large de trois à quatre pouces.

Il y a d’autres instrumens qui portent le même nom. Voyez les articles suivans, nos Planches & leurs explications.

* Hache à main, (Formier & autres ouvriers en bois grossiers.) instrument tranchant large de fer & court de manche, dont on se sert pour diviser les pieces de bois qui sont trop grosses. Voyez la Planche du Formier.

Hache d’Armes, (Art milit. & hist.) espece de hache dont on se servoit autrefois dans les combats pour rompre les armes défensives des hommes d’armes. Elle ne sert plus guere aujourd’hui que dans la Marine, c’est-à-dire dans les combats sur mer. Le manche de la hache d’armes est souvent tout de fer : elle étoit taillée d’un côté en forme de hache ou cognée, & de l’autre en marteau ou en pointe. (Q)

* Hache, (Myth.) symbole de Jupiter Labradeus chez les Cariens. Au lieu de tenir la foudre ou le sceptre, il étoit armé de la hache.

* Hache, (ordre de) (Hist. mod.) Raymond Berenger devenu comte de Barcelonne, l’institua en mémoire de la victoire qu’il remporta sur ses ennemis, & de la belle défense que les femmes de Tortose armées de haches firent au siége de cette ville.

Hache, (Arpentage.) Nicod a dit que hache en fait d’arpentage, « est une certaine forme de champs, & conséquemment tenans ou aboutissans de flanc ou front courbe, & faisant tournailler, & non de droite ou pleine ligne » ; ainsi l’on dit piece de terre assise en tel lieu, appartenante à Louis Grivon, contenant dix arpens en hache, tenant d’une part à Jean Floquart, & d’autre part à Pierre Amy. (D. J.)

Hache, (coup-de) Manege, Maréchallerie, voyez Encolure.

Hache, en Hache, ou Hachée, (Imprimerie.) On se sert de cette expression, lorsque dans un ouvrage il y a des gloses, qui trop abondantes pour contenir à la marge où elles commencent, sont continuées en retournant sous le texte, dont pour cet effet on retranche à la page à proportion que la glose en a besoin. On dit encore d’une addition, qu’elle est hachée, quand après avoir rempli toute la colonne qui lui est destinée elle passe sous la matiere, & forme des lignes qui deviennent de la largeur de la matiere & de l’addition. Cela arrive toutes les fois que le discours de l’addition est trop abondant, & que pour éviter la confusion, on évite d’en rejetter une partie à la page suivante. Plusieurs des anciens ouvrages de Droit sont imprimés en cette maniere : telle est la bible hébraïque de Bomberg, & le talmud du même.

* HACHÉE, s. f. (Hist. mod.) punition qu’on imposoit autrefois aux gens de guerre & même aux seigneurs ; elle consistoit à porter une selle ou un chien pendant un espace de chemin désigné ; elle deshonoroit. On indiquoit une procession solemnelle, toutes les fois qu’un coupable la subissoit. Les mots du latin de ces tems, harmiscari, harmiscare, signifient la hachée, être punie de la hachée.

Hachées, (Chasse.) les pluviers cherchent les hachées ou les vers cachés sous les feuilles dont ils se nourrissent.

HACHEMENS, s. m. pl. en termes de Blason, se dit des liens des pannaches à divers nœuds & lacets, & à longs bouts voltigeans en l’air. Les Allemans en lient leurs lambrequins, qui doivent être de

mêmes émaux. On dit aussi hanchemens, & on y met un h par corruption : car achemens étoient autrefois synonymes à ornemens ; & l’on entendoit par ce mot des lambrequins ou chaperons d’étoffe découpés qui enveloppent le casque & l’écu, & qui sont ordinairement des mêmes émaux que les armoiries. Voyez Casque, Feu, & Lambrequins.

HACHENBOURG, (Géogr.) ville, château, & bailliage d’Allemagne, au comté de Sayn, près de Coblentz, sur le Rhin.

* HACHER, v. act. (Gramm.) couper en morceaux ; ce mot vient de l’instrument tranchant hache ; il se prend au simple & au figuré : on dit de la viande hachée, & un style haché. Il a plusieurs acceptions dans les Arts. Voyez les articles suivans.

Hacher, en Grav. & en Dess. est l’art de disposer des lignes à l’aide du burin ou du crayon, pour donner l’effet aux différens objets que l’on veut ombrer, soit en Gravure, soit en Dessein. Pour hacher, on se sert de lignes droites, courbes, ou ondées ; quelquefois on les employe seules, quelquefois aussi on les employe ensemble en les croisant en forme de losange, plus ou moins obliquement. Le sens dans lequel il convient de disposer ces lignes ou traits pour former les ombres, n’est pas tout-à-fait arbitraire, comme bien des graveurs & dessinateurs le pensent ; il faut que leur direction participe de la nature ou de la perspective de l’objet que l’on veut ombrer. Si l’objet est rond, le sens des hachures doit être circulaire ; s’il est uni, les hachures doivent être unies ; s’il est inégal, les hachures doivent participer de ces inégalités. Enfin pour parvenir à donner l’effet convenable, soit à une gravure, soit à un dessein, le grand art est de les varier, de maniere cependant qu’elles indiquent toûjours l’inflexion ou la forme générale des différens objets qu’elles couvrent. S’il y a plusieurs hachures les unes sur les autres, ainsi qu’il arrive le plus souvent, qui se croisent en maniere de losange ; il faut toûjours affecter que celle qui peut exprimer la forme générale ou particuliere de différens objets ombrés, soit la dominante ; ensorte que toutes les autres lignes ne servent que pour la glacer, l’unir, & en augmenter l’effet.

* Hacher, (Jouaillier, Bijoutier, Fourbisseur, Argenteur, Damasquineur, Emailleur.) c’est taillader une piece pour donner sur elle plus de prise à la matiere qu’on y veut attacher, soit émail, soit or, soit argent. Pour cet effet, on se sert d’un instrument appellé couteau à hacher.

* Hacher, (Lapidaire.) c’est la manœuvre par laquelle ces ouvriers pratiquent des traits à leur roue, soit avec la lame d’un couteau, soit à la lime, soit autrement. La poudre du diamant s’engage dans ces traits, & forme une espece de lime qui prend dans le mouvement rapide de la roue, sur la pierre qu’on y applique, chargée d’un poids, l’use & lui donne du poli ; sur-tout lorsqu’en appuyant la main sur la tenaille qui tient la pierre appliquée, on la presse contre la roue, en la faisant vaciller en sens contraires à celui de la roue : il arrive par ce vacillement leger, que les traits de la roue coupent les premiers traits qu’elle a faits sur la pierre, & les empêche de paroître. Sans ce petit tour de main, vous userez, mais vous ne polirez pas.

Hacher, en Mâçonnerie, ou dans la Coupe des Pierres ; c’est avec la hache du marteau à deux têtes, unir le parement d’une pierre pour la rustiquer & la layer ensuite.

Lorsqu’une pierre ou un moilon a été haché, on peut le couvrir de plâtre ; & ce recouvrement s’appelle enduit ou crépi. Voy. Hachette, Crépi, & Enduit.

Hacher, (Tapissier, & autre Manufacturier en laine.) c’est réduire en poudre la tonture des draps