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Grece en général. Aussi la premiere attention de l’hieromnémon à son arrivée aux Thermopyles, étoit d’offrir conjointement avec les pylagores, un sacrifice solemnel à Cérès, divinité tutélaire de ce lieu. Quand l’assemblée des amphictyons se tenoit à Delphes, Apollon Pythien, & Minerve la Prévoyante, recevoient à leur tems le même hommage des députés dont nous venons de parler.

Ordinairement chaque ville amphictyonide n’envoyoit qu’un hieromnémon & un pylagore à l’assemblée ; mais cette regle générale n’a pas laissé de souffrir quelquefois des exceptions ; cependant il paroît que quelque nombre qu’ils fussent de députés, ils n’étoient comptés que pour deux voix par rapport aux suffrages.

L’hieromnénon qu’on devoit députer au conseil des amphictyons, s’élisoit par le sort, & le tems de sa députation expiré, il étoit obligé de même que les pylagores de venir rendre un compte exact à leurs concitoyens de tout ce qu’ils avoient fait pendant la tenue de ces états généraux de la Grece. Voyez Pylagore.

Ce compte se rendoit verbalement & par des mémoires d’abord au sénat, & ensuite au peuple ; le même usage se pratiquoit à l’égard des autres ambassadeurs ou envoyés.

Une des prérogatives éminentes de la dignité des hieromnémons, à l’assemblée des amphictyons, étoit le droit dont ils jouissoient de recueillir les suffrages & de prononcer ensuite les arrêts ; ils avoient encore l’honneur de présider à l’assemblée, parce qu’ils présidoient aux sacrifices du dieu tant à Delphes qu’aux Thermopyles. Le nom de l’hieromnémon étoit inscrit à la tête des decrets des amphictyons, & l’on comptoit les années par les différens hieromnémons, de même que les Romains comptoient les leurs par les différens consulats. Les Byzantins comptoient aussi leurs années par les magistrats qui portoient chez eux le nom d’hiromnémons ; enfin, un grand privilege des hieromnémons, c’est que c’étoit à eux qu’appartenoit le droit de convoquer l’assemblée générale des amphictyons, que les Grecs appelloient ἐκκλησία ἀμφικτυόνων ; ils devoient rédiger par écrit tout ce qui se délibéroit dans cette compagnie, & ils étoient les gardiens nés de ces actes importans. (D. J.)

HIEROMNÉNON, s. m. (Littér.) nom d’une pierre que les anciens employoient dans la divination, & qu’ils appelloient encore erolythos ou amphicomé ; comme ils ne nous en ont laissé aucune description, nous ignorons quelle pierre c’étoit, & d’où ils la tiroient ; mais nous sommes tout consolés de cette ignorance. (D. J.)

HIÉROPHANTE, s. m. (Antiq.) ἱεροφάντης, sacrorum antistes, souverain prêtre de Cérès chez les Athéniens.

L’hiérophante étoit à Athènes un prêtre d’un ordre très-distingué ; car il étoit préposé pour enseigner les choses sacrées & les mysteres de Cérès, à ceux qui vouloient y être initiés ; & c’est de-là qu’il prenoit son nom. On lui donnoit aussi le titre de prophete ; il faisoit les sacrifices de Cérès, ou uniquement par rapport à elle ; il étoit encore le maître d’orner les statues des autres dieux, & de les porter dans les cérémonies religieuses. Il avoit sous lui plusieurs officiers qui l’aidoient dans son ministere, & qu’on nommoit exégetes, c’est-à-dire, explicateurs des choses sacrées.

Eumolpe fut le premier hiérophante que Cérès se choisit elle-même pour la célébration de ses mysteres, c’est-à-dire, que ce fut lui qui le premier y présida & les enseigna. Cet Eumolpe, selon Athénée, fut le chef d’une des plus célebres familles d’Athènes, qui seule eut la gloire de donner sans disconti-

nuation un hiérophante aux Eleusiniens, tant que le temple de Cérès subsista parmi eux. La durée de ce sacerdoce a été de douze cens ans ; & ce qui le rend encore plus mémorable dans la seule famille des Eumolpides, c’est que celui qui étoit une fois revêtu de la dignité d’hiérophante, étoit obligé de passer toute sa vie dans le célibat, comme nous l’apprenons de Pausanias dans les Corinthiaques, de l’ancien Scholiaste de Perse sur la cinquieme satyre de ce poëte, & finalement de S. Jérome.

Ce mot hiérophante, est composé de ἱερὸς, sacré, & de φαίνω, je montre, je mets en lumiere. (D. J.)

HIEROPHANTIE, sub. fém. (Antiq.) on appelloit hiérophanties chez les Athéniens, des femmes consacrées au culte de Cérès, & qui avoient quelques fonctions sous les ordres de l’hiérophante ; mais une hiérophantie n’étoit point la femme de ce souverain prêtre, puisqu’il étoit dans l’obligation de vivre toûjours dans le célibat, comme nous l’avons remarqué. (D. J.)

HIEROSCOPIE, s. f. (Divinat.) espece de divination qui consistoit à considérer les victimes, & tout ce qui arrivoit durant le sacrifice. Voyez Sacrifice &. Ce mot vient de ἱερὸς, sacré, & σκοπέω, je considere. Diction. de Trévoux.

HIESMES ou EXMES, (Géog.) bourg de France en Normandie, autrefois chef lieu d’un comté de grande étendue, appellée l’Hiémois ou l’Emois ; ce bourg est sur une montagne stérile, à 4 lieues de Séez, 36 O. de Paris. M. Huet prétend que les Osismi, dont parle César, étoient les peuples d’Hiêmes, qu’il écrit Hiesmes ; mais les Osismiens étoient à l’extrémité de la basse-Bretagne. Long. 17. 78. lat. 48. 46. (D. J.)

HIGHAM-FERRERS, (Géog.) ville à marché d’Angleterre, en Northamptonshire ; elle envoie deux députés au Parlement, & est à 17 lieues N. de Londres. Long. 16. 55. lat. 52. 18. (D. J.)

HIGHLANDERS, sub. masc. (Géog.) ou montagnards d’Ecosse ; ils sont proprement descendus des anciens Calédoniens, & il y a eu parmi eux moins de mêlange d’étrangers, que parmi les Lowlanders, qui habitent le plat pays d’Ecosse. Il faut lire la description que Boëce & Buchanan font des anciennes mœurs, de la force, & de la bravoure de ces gens là. Leur postérité qui occupe encore aujourd’hui les montagnes & les îles d’Ecosse, a retenu beaucoup des coûtumes & de la maniere de vivre de leurs peres. (D. J.)

HIGMORE, (antre, corps d’) cet anatomiste d’Oxford en Angleterre, a donné au public un ouvrage sur le corps humain intitulé, Disquisitio anatomica, Hug. 1650 fol. c’est-à-dire, Disquisition anatomique, dans laquelle il a suivi la circulation du sang jusques dans les plus petites parties du corps. On appelle corps d’Higmore, la partie du testicule entre l’épididime & le testicule, où se réunissent tous les vaisseaux secrétoires ; & on donne aussi le nom d’antre d’Higmore, au sinus maxillaire.

HIGUERO, sub. masc. (Hist. nat. Botan.) grand arbre d’Amérique, qui croît sur-tout dans la nouvelle Espagne ; le bois en est dur & compacte, & ressemble à celui du citronnier. On en fait des vases à boire & d’autres ustensiles de ménage ; les Indiens mangent de son fruit qui est rond, semblable à une courge, & qui en a le goût ; il est rafraîchissant.

HILARIES, s. f. pl. (Antiq.) hilaria, orum ; fête qui se célébroit à Rome tous les ans avec beaucoup de pompe & de réjouissance, le huitieme avant les calendes d’Avril, c’est-à-dire le 25 Mars, en l’honneur de la mere des dieux.

Pendant la durée de la fête, qui étoit de plusieurs jours, il y avoit treve de tout deuil & cérémonies