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sous du pubis, proche les attaches des muscles triceps supérieurs & pectineus, s’appellent hernies du trou ovalaire, parce que les parties ont passé par cette ouverture. M. de Garengeot donne des observations sur cette hernie & sur celle par le vagin, dans le premier volume des Mem. de l’Académie royale de Chirurgie.

Enfin les hernies qui sont situées à la région antérieure, ou à la région postérieure de l’abdomen depuis les fausses côtes jusqu’à l’ombilic, & depuis l’ombilic jusqu’aux os des isles, s’appellent en général hernies ventrales.

Par rapport aux parties qui forment les descentes, on leur donne différens noms. On appelle hernies de l’estomac celles où ce viscere passe par un écartement contre nature de la ligne blanche au-dessous du cartilage xiphoïde. On trouve dans le premier volume des Mém. de l’Acad. Royale de Chirurgie, une observation très-importante sur cette maladie, par M. de Garengeot.

Les exomphales formées par l’épiploon seul, se nomment épiplomphales ; celles qui sont formées par l’intestin se nomment entéromphales ; celles qui sont formées par l’intestin & l’épiploon, se nomment entéro-épiplomphales.

Les hernies inguinales formées par l’intestin seul, s’appellent entéroceles ; celles qui sont formées par l’épiploon, s’appellent épiploceles ; enfin celles qui sont formées par la vessie, se nomment hernies de vessie. M. Verdier a donné deux mémoires fort intéressans sur les hernies de vessie. Il les a réunis en une dissertation fort intéressante qu’on trouve dans le second tome des Mémoires de l’Académie royale de Chirurgie.

On distingue les hernies en celles qui se font par rupture, & en celles qui se font par l’extension & l’alongement du péritoine. Dans ce second cas, qui est sans contredit le plus ordinaire, & que quelques-uns croient le seul possible, le péritoine enveloppe les parties contenues dans la tumeur, & on appelle cette portion membraneuse, sac herniaire. Les hernies de vessie n’ont point ce sac, parce que la vessie est hors du péritoine.

On distingue encore les hernies en simples, en composées & en compliquées. La hernie simple est formée d’une seule partie, elle rentre aisément & totalement ; la hernie composée ne differe de la simple, que parce qu’elle est formée de plusieurs parties. On appelle hernie compliquée celle qui est accompagnée de quelque accident particulier, ou de quelque maladie des parties voisines.

L’adhérence des parties sorties, leur étranglement par l’anneau ou par l’entrée du sac herniaire, leur inflammation & leur pourriture, sont les accidens qui peuvent accompagner les hernies.

Les abscès, le varicocele, le pneumatocele, le sarcocele, l’hydrocele aux hernies inguinales ; l’hydromphale, le pneumatomphale, le sarcomphale, le varicomphale aux hernies ombilicales, sont autant de maladies qui peuvent les compliquer.

Les causes des hernies viennent du relâchement & de l’affoiblissement des parties qui composent le bas-ventre, & de tout ce qui est capable de retrécir sa capacité.

La structure des parties contenantes, & le mouvement mécanique des muscles, peuvent être regardés comme des dispositions naturelles à la formation des hernies.

Le relâchement & l’affoiblissement des parties, sont occasionnés par l’usage habituel d’alimens gras & huileux, par une sérosité abondante, par l’hydropisie, par la grossesse, par la rétention d’urine, par les vents, &c.

Les fortes pressions faites sur le ventre par des

corps étrangers, & même par un habit trop étroit, les chûtes, les coups violens, les efforts & les secousses considérables, les toux & les cris continuels, les exercices du cheval & des instrumens à vent, les respirations violentes & forcées, en retrécissant la capacité du bas-ventre, & en comprimant les parties qui y sont contenues, peuvent les obliger à s’échapper, soit tout-à-coup, soit petit-à-petit, par quelque endroit de la circonférence du bas-ventre, où elles trouvent moins de résistance.

On doit ajouter à ces causes les plaies du bas-ventre, principalement les pénétrantes : car le péritoine divisé ne se réunit que par récollement, & par conséquent les parties peuvent facilement s’échapper par l’endroit qui a été percé, & qui reste plus foible.

Les signes des hernies sont diagnostics & prognostics. Les diagnostics font connoître quelle est l’espece de hernie. Les yeux suffisent pour en connoître la situation : il n’y a de difficulté qu’à juger si elles sont simples, ou composées, ou compliquées.

L’hernie simple forme une tumeur molle, sans inflammation ni changement de couleur à la peau, & qui disparoît lorsque le malade est couché de maniere que les muscles de l’abdomen sont dans le relâchement, ou lorsqu’on la comprime légérement, après avoir mis le malade dans une situation convenable. Si l’on applique le doigt sur l’ouverture qui donne passage aux parties, on sent leurs impulsions quand le malade tousse. Toutes ces circonstances désignent en général une hernie simple.

La tumeur formée par l’intestin est ronde, molle, égale, & rentre assez promptement en faisant un petit bruit.

La tumeur formée par l’épiploon n’est pas si ronde, ni si égale, ni si molle, & ne rentre que peu-à-peu sans faire de bruit.

La tumeur formée par une portion de la vessie déplacée, disparoît toutes les fois que le malade a uriné, ou qu’on la comprime en l’élevant légérement, parce que l’urine contenue dans la portion déplacée tombe alors dans l’autre.

On conçoit facilement que les tumeurs herniaires composées, c’est-à-dire, formées de deux ou trois sortes de parties en même tems, doivent présenter les signes des différentes especes d’hernie simple.

Lorsque les hernies sont compliquées d’adhérence seulement, ce qui les forme ne rentre pas du tout, ou ne rentre qu’en partie.

Lorsqu’elles sont compliquées d’étranglement, les parties sorties ne rentrent point ordinairement : l’inflammation y survient par l’augmentation de leur volume, qui ne se trouve plus en proportion avec le diametre des parties qui donnent le passage, & qui par-là sont censées retrécies, quoiqu’elles ne le soient que relativement. Ce retrécissement occasionne la compression des parties contenues dans la tumeur, & empêche la circulation des liqueurs. Delà viennent successivement la tension, l’inflammation & la douleur de la tumeur & de tout le ventre ; le hoquet, le vomissement d’abord de ce qui est contenu dans l’estomac, & puis de matieres chyleuses & d’excrémens ; la fievre, les agitations convulsives du corps, la concentration du pouls, le froid des extrémités, & enfin la mort si l’on n’y remédie.

J’ai dit que les parties étranglées ne rentroient point ordinairement : la restriction de cette proposition est fondée sur plusieurs observations d’hernies, dont on a fait la réduction sans avoir détruit l’étranglement. Il vient alors de la portion du péritoine qui étoit entre les piliers de l’anneau, laquelle par son inflammation forme un bourrelet qui étrangle l’intestin, lors même qu’il a été replacé dans la capacité du bas-ventre. Dans ce cas, les accidens sub-