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les hermines du nord sont successivement blanches & brunes dans la même année. Gesner fait mention du même changement de couleur au sujet du roselet des montagnes de Suisse, qui est le même animal que l’hermine qui se trouve en France ; on ne peut pas douter qu’elle ne change en effet de couleur, puisque l’on en voit qui sont en partie brunes & en partie blanches sur la tête, sur le dos, & sur d’autres parties du corps où les poils blancs sont mêlés avec les poils bruns dans le tems de la mue. J’en ai eu une vivante prise en Bourgogne, que j’ai vu changer de couleur dans le mois de Mars ; en quinze jours, elle perdit sa couleur blanche, & devint brune comme la belette.

L’hermine a une très-mauvaise odeur ; à cela près, c’est un joli petit animal ; il a les yeux vifs, la physionomie fine, & les mouvemens si prompts, qu’il n’est pas possible de les suivre de l’œil. La peau de cet animal est précieuse ; tout le monde connoît les fourrures d’hermine : elles sont bien plus belles & d’un blanc plus mâle que celles du lapin blanc ; mais elles jaunissent avec le tems, & même les hermines de ce climat ont toujours une légere teinte de jaune. Ces animaux sont très-communs dans tout le nord, sur-tout en Russie, en Norvege, en Laponie ; ils se nourrissent de petits gris & de rats ; ils sont rares dans les pays tempérés, & ils ne se trouvent point dans les pays chauds. Hist. nat. gen. & part. à l’article de l’Hermine tom. VII. pag. 240. & suivantes. Voyez Quadrupede.

Hermine, (Pelleterie.) La peau de l’hermine est une riche fourrure ; les pelletiers la tavellent ou parsement de mouchetures noires faites avec de la peau d’agneau de Lombardie, pour en relever la blancheur.

On se sert de l’hermine pour fourrer les habillemens d’hiver des dames ; on en fait des manchons, des bonnets, des aumusses, & des fourrures pour les robes de président à mortier.

C’est aussi de peaux d’hermine qu’est doublé le manteau royal des rois de France, & ceux que les princes. & les ducs & pairs portent dans les grandes cérémonies.

Les queues d’hermine s’attachent ordinairement au bas des aumusses des chanoines, où elles forment des especes de pandeloques qui en augmentent la beauté & la valeur.

Hermine, Ordre de, (Hist.) nom d’un ordre de chevalerie institué l’an 1464 par Ferdinand roi de Naples. Le collier étoit d’or d’où pendoit une hermine avec cette divise : Malo mori quam fœdari : J’aime mieux mourir que d’être souillée. Pontanus en fait mention au liv. I. de la guerre de Naples.

Hermine, (Hist.) Ordre de chevalerie, dit de Bretagne, parce qu’il fut institué ou renouvellé par Jean V. surnommé le vaillant, duc de Bretagne, vers l’an 1365. Les chevaliers portoient le collier d’or chargé d’hermine avec cette devise à ma vie.

Hermine, terme de blason, la premiere des deux fourrures qui y sont en usage, la seconde le vair. Voyez Vair.

C’est un champ d’argent semé de petites pointes de sable en forme de triangles.

HERMINÉ, adj. (Blason.) Une croix herminée est une croix composée de quatre mouchetures d’hermine, placées, comme on le voit, dans nos Planches de blason. Voyez Croix.

Il faut remarquer que dans de telles armes les couleurs ne doivent point être exprimées, par la raison que ni la croix, ni les armes ne peuvent être que de couleur blanche ou de couleur noire.

Colombiere dans son blason appelle ces sortes d’armes quatre queues d’hermine en croix. L’éditeur de Guillim les appelle une croix de quatre hermines,

ou plus proprement, quatre mouchetures d’hermine en croix.

HERMINETTE, s. f. (Tailland.) espece de hache à un ciseau, qui sert à applanir le bois. Les Charpentiers l’emploient aux ouvrages cintrés : c’est aussi un outil du charron.

Il y a deux sortes d’herminette, une à marteau & l’autre à piochon.

L’herminette à marteau a la tête du marteau d’un côté de l’œil, & la planche ou herminette de l’autre. La planche est dans un plan perpendiculaire à l’œil & au manche. Depuis l’œil jusqu’au tranchant en biseau, elle va toujours en s’élargissant jusqu’à cinq ou six pouces ; son épaisseur est celle des coignées à épaule ou à touches. Elle se cintre un peu depuis l’œil jusqu’au tranchant ; mais la courbure est plus considérable à environ six pouces du tranchant. La longueur du manche varie selon l’usage & la force de l’herminette. A celles des Charpentiers, il a dix-huit pouces de long ; de Déchireurs de bateau, environ trois piés.

L’herminette à piochon est ainsi appellée d’une espece de gouge, un peu cintrée sur sa largeur, & formant vers le tranchant un arc de cercle d’un pouce & demi ou environ. Cette forme sert à réparer les gorges ou moulures de menuiserie.

Pour faire une herminette, on prend une barre de fer, on perce l’œil à la distance convenable des extrémités ; on forge la tête, si l’herminette est à marteau ; si elle est à piochon, on ne réserve de fer depuis l’œil que ce qu’il en faut pour souder le piochon. L’œil fini & tourné, on coupe la barre à pareille distance de l’œil ; les deux parties gardées à pareille distance de l’œil, s’appellent collets. On prend une barre de fer plat proportionnée à la force qu’on veut donner à la planche. A l’extrémité de cette barre qui sera le tranchant, on adapte une bille d’acier plat, on soude, corroie & forme la planche.

Nous observerons ici qu’aux tranchans à deux biseaux, l’acier est entre deux fers, & qu’aux tranchans à un biseau, l’acier est soudé sur une des faces de la barre.

On forme le piochon comme la planche, on les soude aux collets de l’œil, & on les place en les soudant comme il convient à la forme de l’outil. Cela fait, on les repare au marteau & à la lime, puis on les trempe. La partie aciérée est en dehors, & le biseau en dedans ; ainsi la face non-aciérée regarde la manche. Voyez nos Planch. de Tailland. de Menuiser. & de Charpent.

HERMINITE, (Blason.) Ce mot paroît un diminutif d’hermine, & devroit naturellement signifier petite hermine ; mais il signifie un fond blanc tacheté de noir, & dans lequel chaque tache noire est seulement mêlée d’un peu de rouge.

Quelques auteurs se servent du mot herminite, pour marquer un fond jaune tacheté de noir : mais les François lui donnent un nom plus juste en l’appellant, or semé d’hermines de sable.

HERMIONÉ, (Géog. anc.) ancienne ville du Péloponnese au royaume d’Argos, bâtie à quatre stades du promontoire, sur lequel étoit le temple de Neptune. M. Fourmont la reconnut dans son voyage de Grece en 1730, sur la simple description qu’en fait Pausanias, liv. II. ch. xxxjv.

Une peninsule qui s’étend dans la mer, en s’élargissant & s’arrondissant ensuite, forme deux ports ; la ville est située au-dessus ; des canaux, dont on voit le reste, y apportoient l’eau de plus haut ; deux villages des environs s’appellent encore Halica & Ilé. La vue du Didymos, de l’île Tiparénus, & la proximité du cap Scyllaeum, que l’on appelle encore Scylla, formoient de nouveaux caracteres de res-