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distillé, il se fait un précipité que l’on appelle soufre doré d’antimoine.

On appelle aussi foie d’antimoine, ou faux foie d’antimoine de Rulandus, l’antimoine crud détonné avec du nitre. Pour le faire, on prend parties égales d’antimoine crud & de nitre bien pulvérisés ; on les mêle exactement, on met ce mélange dans un mortier bien sec, on y introduit un charbon ardent, & l’on couvre le mortier avec une tuile ou une plaque de fer : il se fait une détonation violente. Ce qui reste au fond du mortier s’appelle faux foie d’antimoine. Cet hepar ou faux foie differe du premier qui a été décrit, en ce qu’il ne se résout point en liqueur à l’humidité de l’air. Voyez Antimoine.

Hepar ou Foie d’arsenic, c’est l’arsenic combiné avec du soufre. Voyez l’article Orpiment.

Hepar sulphuris, ou Foie de Soufre, (Chymie & Métallurgie). C’est ainsi qu’on nomme une dissolution ou une combinaison du soufre avec un sel alkali fixe ; elle se fait en mêlant exactement ensemble une partie de soufre avec deux parties d’un sel alkali fixe bien purifié ; on porte peu-à-peu ce mélange dans un creuset rougi, c’est-à-dire par cuillerées, en observant de ne point mettre une nouvelle cuillerée avant que la précédente soit entrée parfaitement en fusion ; on remuera de tems en tems avec un tuyau de pipe ; on couvrira le creuset pour que tout le mélange entre parfaitement en fusion, alors on vuidera le creuset, & l’on aura une matiere d’un brun rougeâtre, à qui l’on donne le nom d’hepar, ou de foie de soufre, à cause de sa couleur. Cette matiere est d’une odeur très-fétide, & d’un goût desagréable ; elle attire fortement l’humidité de l’air, & s’y résout en une liqueur noirâtre.

L’hepar sulphuris se dissout très-aisément dans l’eau ; en versant dans cette dissolution un acide quelconque, il en part une odeur semblable à celle des œufs pourris ; la liqueur se trouble & devient d’un blanc jaunâtre, c’est ce qu’on appelle lait de soufre ; il se fait alors un précipité qui n’est autre chose que du vrai soufre. Les vapeurs qui se dégagent dans cette opération, noircissent l’argent.

L’hepar dont nous parlons, est le dissolvant de tous les métaux, & même de l’or & de l’argent ; il leur fait perdre leur éclat métallique & les rend solubles dans l’eau. Le célebre Stahl dit que c’est de l’hepar sulphuris, dont Moyse s’est servi pour détruire le veau d’or des Israëlites, qu’il jetta ensuite dans des eaux qui devinrent ameres, & qu’il fit boire à ces prévaricateurs. En effet, pour dissoudre l’or de cette maniere, il n’y a qu’à le faire rougir, & y joindre ensuite de douze à seize parties d’hepar sulphuris, & lorsque le tout est entré parfaitement en fusion, on vuidera le creuset, & l’on fera dissoudre la matiere dans de l’eau. La dissolution deviendra d’un jaune vif ; & en y versant du vinaigre, il se précipitera une poudre qui est de l’or uni avec du soufre ; on n’aura qu’à édulcorer ce précipité, le faire rougir pour en dégager le soufre, & l’on retrouvera son or pur.

On voit par-là que quoique le soufre seul ne soit point en état de mettre l’or en dissolution, il acquiert la faculté de produire cet effet lorsqu’il est retenu & fixé par l’alkali fixe.

L’hepar dissout avec encore plus de facilité les métaux imparfaits. Voyez la Chimie métallurgique de Gellert.

Quand on veut essayer si une substance minérale contient du soufre, il n’y a qu’à la faire fondre au feu avec un sel alkali fixe ; alors l’odeur d’hepar qui en part, décele bientôt la présence du soufre.

Plusieurs eaux minérales qui sentent les œufs pourris, & dont la vapeur noircit l’argent, annoncent qu’elles contiennent de l’hepar sulphuris ; telles sont

sur-tout celles d’Aix-la-Chapelle, &c. cela paroît venir d’une combinaison qui s’est faite dans le sein de la terre, du soufre avec un sel alkali, ou avec une terre alkaline & calcaire. Voyez Soufre. (—)

HÉPATIQUE, adj. terme d’Anatomie, qui concerne le foie. Voyez Foie. Le conduit hépatique est un canal formé par la réunion des pores biliaires, & qui s’unit avec le conduit cystique pour former le canal cholidoque. Voyez Pore biliaire, Cystique, & Cholidoque. Le plexus hépatique est un lacis de plusieurs filets de nerfs produits par la huitieme paire & le nerf intercostal. Voyez Plexus. Veine hépatique, qu’on appelle autrement basilique, voyez Basilique. Conduit hepato-cystique, voyez Cysto-hépatique.

Hépatique artere, (Angeiologie.) branche de la cœliaque. Dès sa sortie de la cœliaque, dont elle est une ramification à droite, elle se porte à la partie supérieure interne du pylore, pour accompagner la veine-porte en jettant deux rameaux particuliers, un petit appellé artere pylorique, & un grand nommé artere gastrique droite, ou grande gastrique.

L’artere hépatique ayant fourni la pylorique & la gastrique droite, s’avance derriere le conduit hépatique vers la vésicule du fiel, & lui donne principalement deux rameaux, appellés arteres cystiques, & un autre nommé artere biliaire, qui se plonge dans le grand lobe du foie.

Enfin l’artere hépatique entre dans la scissure du foie, & s’associe à la veine-porte ; elle s’insinue avec cette veine dans la gaîne membraneuse, appellée capsule de Glisson, & l’accompagne par-tout dans le foie par autant de ramifications, que M. Winslow nomme arteres hépatiques propres.

Avant son entrée dans le foie, elle donne de petits rameaux à la membrane externe de ce viscere qui est de la derniere délicatesse, & à la capsule même ; voyez cette distribution merveilleuse dans Ruysch, Trés. x. p. 72. tab. iij. fig. 5. & dans Glisson, cap. xxxiij. fig. 1. Après cela vous ne douterez point que l’artere hépatique & celles qui l’accompagnent, ne servent beaucoup à la vie, à la nutrition, à la chaleur, à la propulsion, secrétion, expulsion des humeurs hépatiques.

Je sais bien que Glisson croit que la seule veine-porte fait tellement la fonction d’artere, que le foie n’a pas besoin d’autres arteres que de celles qui fournissent la nourriture aux membranes & à la capsule de ce viscere ; mais Drake pense au contraire que les arteres hépatiques servent presque à le nourrir tout entier. Comme elles sont beaucoup plus grosses dans l’homme que dans les animaux, il conjecture que dans l’homme à raison de sa situation droite, le sang arteriel du foie a besoin d’un coulant plus considérable & d’une impétuosité plus directe, pour pousser le sang veineux, que dans les animaux, dont le corps est posé horisontalement. C’est à cause de cela, dit-il, que les chevaux, quoiqu’ils soient beaucoup plus grands que l’homme, & qu’ils ayent le foie beaucoup plus gros, ont néanmoins les arteres hépatiques non-seulement beaucoup plus petites, mais encore tortillées à la maniere d’un tendron de vigne, afin de briser l’impétuosité du sang, laquelle n’est pas si nécessaire dans la situation horisontale du corps, que dans la situation droite.

Cowper a embrassé le sentiment de Drake, parce qu’il avoit des préparations, où le tronc de chaque artere hépatique étoit presque aussi gros qu’une plume d’oie, & où leurs ramifications dans le foie étoient par-tout aussi grosses que celles des pores biliaires qu’elles accompagnent. Mais la conséquence tirée par Cowper de ses préparations particulie-