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ou de laine, diversement attachés sur les paremens des manches. Ces marques distinctives sont nécessaires dans les divers détails du service, & sur-tout pour l’accord & la régularité dans l’ordonnance des escadrons & des bataillons. Les tambours des régimens royaux sont habillés à la livrée du Roi ; ceux des régimens de gentilshommes à la livrée des colonels.

Les chapeaux doivent être fabriqués de laines d’agneaux, & exactement feutrés ; ceux de la cavalerie du poids de treize, quatorze & quinze onces, petits, moyens & grands ; ceux des dragons de douze, treize & quatorze onces ; & ceux de l’infanterie de dix, onze & douze onces ; tous d’environ quatre pouces de hauteur de forme, à peine de confiscation & d’amende contre les fabriquans & entrepreneurs, en cas de contravention.

Lorsque les cavaliers, hussards, dragons ou soldats d’une compagnie ne se trouvent pas habillés, équipés & armés, suivant le prescrit des ordonnances, l’inspecteur général ou le commissaire des guerres chargé de la police du corps, ordonnent la retenue des appointemens du capitaine, jusqu’à ce que sa troupe ait été mise de tout point en bon état.

Et lorsqu’après six ans de service ils reçoivent leurs congés absolus dans l’ordre de leur ancienneté, ils emportent de droit leur habit, linge & chapeau ; mais le capitaine a l’option de leur laisser l’habit, ou de leur donner à chacun quinze livres comptant, en les renvoyant avec la veste, le linge & le chapeau.

Equipement. L’équipement du cavalier est composé d’une cartouche à douze coups, d’une bandouliere de buffle, d’un ceinturon aussi de buffle à deux pendans, de bottes molles, guêtres & souliers, d’une besace de toile de coutil, de chemises, col noir & bonnet, de gants, cordon de sabre & coquarde.

Celui du hussard, d’une cartouche à vingt coups, d’une bandouliere, d’un ceinturon & de bottes molles à la hongroise, d’une écharpe & d’un sabretache rouges, d’une besace, de chemises, col noir, bonnet, gants & cordon de sabre.

Celui du dragon, d’une demi-giberne à trente coups, d’une bandouliere, d’un ceinturon à un pendant, de bottines, guêtres & souliers, d’une besace, de chemises, col, bonnet, gants, cordon de sabre & coquarde.

Et celui du fantassin, d’une demi-giberne à trente coups, d’une bandouliere, d’un ceinturon en couteau de chasse, d’un havresac de coutil, de chemises, col, bonnet, guêtres, souliers & coquarde. Le grenadier a une giberne & un ceinturon à deux pendans.

Tout ce qui compose l’équipage du soldat, étant d’un usage indispensable & de nécessité physique, on doit avoir grande attention à ce qu’il soit exactement complet : mais on ne doit pas en donner moins à empêcher qu’il ne se charge de nippes & d’effets superflus, qui dans les marches accablent par leur poids les hommes & les chevaux, en même-tems qu’ils amollissent le soldat dans le repos : « on peut savoir que jamais on n’a prétendu rendre la discipline & la vigueur à une armée, qu’en bannissant le luxe relatif ; que les soldats & les subalternes ont leur luxe ainsi que les autres ».

La visite des besaces & havresacs fait partie des devoirs des maréchaux des logis dans la cavalerie, & des sergens dans l’infanterie, sous l’autorité des officiers respectifs. Cet objet pour être moins relevé, n’en est pas moins important, & ne seroit pas indigne de l’attention des officiers supérieurs ; mais loin de s’y abaisser, eux-mêmes ne tombent que

trop souvent dans l’excès à cet égard, par la quantité & la vaine somptuosité de leurs équipages de guerre. La nation ne peut se dissimuler le besoin qu’elle a d’exemples d’austérité & de simplicité en ce genre.

Nous ne rappellerons pas ici ce que nous avons dit ailleurs de plusieurs menus effets & ustensiles dont la cartouche, la giberne & la demi-giberne doivent être garnies (voyez Giberne), non plus que ce qui a trait à l’équipement des chevaux de la cavalerie. Voyez les institutions militaires de M. de la Porterie.

Armement. L’armement du cavalier est composé d’un mousqueton, de deux pistolets & d’un sabre, avec un plastron & une calotte.

Celui du hussard, d’un mousqueton, de deux pistolets & d’un sabre.

Celui du dragon, d’un fusil avec la bayonnette à douille, d’un pistolet & d’un sabre.

Et celui du fantassin, d’un fusil avec la bayonnette, & d’une épée, excepté le grenadier qui porte un sabre au lieu d’épée. Voyez Grenadier.

La longueur du mousqueton est de trois piés six pouces six lignes, le canon ayant deux piés quatre pouces.

Celle du fusil, de quatre piés dix pouces, le canon ayant trois piés huit pouces depuis la lumiere jusqu’à l’extrémité.

Celle du pistolet monté, de seize pouces.

Le calibre des mousquetons, fusils & pistolets, est reglé à une balle de dix-huit à la livre.

La bayonnette à dix-huit pouces de longueur, la douille comprise.

Le sabre est la principale arme de la cavalerie, comme l’est pour l’infanterie le fusil armé de sa bayonnette.

Le sabre de la cavalerie & des dragons est monté à poignée de cuivre à double branche, la lame à dos, de trente-trois pouces de longueur.

Celui des hussards courbé, à monture de cuivre, la poignée couverte de cuir bouilli crenelé, la lame à dos, de trente-cinq pouces de longueur, & de quatorze lignes de large.

Celui du grenadier aussi courbé, à poignée & monture de cuivre, la lame à dos, de trente-un pouces de long.

L’épée à monture de cuivre, la lame à dos, de vingt-six pouces de longueur.

Le sentiment de plusieurs bons officiers de nos jours, étoit qu’on supprimât l’épée du fantassin, comme superflue au moyen de la bayonnette, & incommode dans une action. Pour bonnes considérations sans doute, on a adopté le parti contraire ; mais en même tems on a dépouillé cette arme de ce qui la rendoit embarrassante. La monture est unie, à demi-coquille, & la lame courte & forte : c’étoit ainsi que la portoient les Romains, nos modeles & nos maîtres dans la science des armes.

Chaque chambrée doit être pourvûe, paix ou guerre, d’une tente, d’une marmite, d’une gamelle & d’un barril ou bidon ; & chaque compagnie de cavalerie & de dragons, en guerre, de sacs à fourrages & de hachoirs.

Les dragons à cheval portent au lieu du second pistolet, une hache, une pelle, ou autre outil propre à remuer la terre & à ouvrir des passages.

Dans chaque compagnie de dragons à pié de soixante hommes, il y a vingt outils, dont huit grosses haches, quatre pelles, quatre pioches, & quatre serpes.

Il doit y en avoir dix dans chaque compagnie d’infanterie de quarante hommes, dont trois pelles, trois pioches, deux haches & deux serpes.

Dans les compagnies de grenadiers, dix grena-