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Gros, est aussi une monnoie étrangere qui répond au gros d’Angleterre. En Hollande & en Flandres on compte par livres de gros, valant six florins chacune. Voyez Livre. Chambers. (G)

Gros, (Commerce.) droit d’aides établi en plusieurs provinces de France : on le nomme droit de gros, parce qu’il se perçoit sur les vins, bierres, cidres, poirés, & eaux-de-vie qui se vendent en gros.

Ce droit consiste au vingtieme du prix de la vente de ces liqueurs ; on pretend que son établissement est de l’an 1355, sous le regne du roi Jean. Diction. de Commerce. (G)

Gros, (Pharmacie.) voyez Dragme.

Gros, (Marine.) le gros du vaisseau, c’est l’endroit de sa plus grande largeur vers le milieu ; on y met les plus épais bordages, parce que le bâtiment fatigue plus en cet endroit, & qu’il a moins de force que vers l’avant & l’arriere. (Z)

Gros tems, signifie tems orageux, vent forcé, ou tempéte.

Gros d’Haleine, (Manége & Maréchall.) cheval qui souffle considérablement dans l’action & dans le travail, & dont le flanc néanmoins n’est nullement altéré dans le repos, ni plus agité qu’il ne doit l’être naturellement ensuite d’une course violente. Communément il fournit avec autant de vigueur que si l’on ne pouvoit pas lui reprocher cette incommodité, plus disgracieuse pour le cavalier qui le monte que préjudiciable au service dont l’animal lui peut être.

Nous l’attribuons en général à un défaut de conformation : dans ces sortes de chevaux en effet les côtes sont ordinairement plates & serrées, & la capacité du thorax trop peu vaste pour permettre une grande dilatation des poumons ; or ce viscere se trouvant gêné dans son expansion & dans son jeu, il n’est pas étonnant que l’animal soit obligé d’inspirer & d’expirer plus fréquemment, sur-tout dans des momens où l’action des muscles hâte & accélere plus ou moins la marche circulaire, & où le cheval est machinalement obligé de faire de continuels efforts pour faciliter le cours du sang dans des canaux qu’il ne sauroit parcourir avec promptitude & avec aisance, dès que l’extension n’est pas telle qu’elle puisse en favoriser le passage.

Souvent aussi l’animal est gros d’haleine, attendu l’étroitesse de la glotte, de la trachée artere, & principalement des nasaux, dont il est d’autant plus essentiel que le diametre soit considérable, que la plus grande quantité de l’air inspiré & expiré enfile spécialement leurs cavités ; c’est ce qu’il est très-aisé d’observer dans les tems froids & rigoureux ; on voit en effet alors que l’espece de nuage résultant des vapeurs condensées des poumons, sort & s’échappe en plus grande partie par cette voie que par la bouche ; d’où l’on doit juger de l’inconvénient du resserrement du double canal qui forme les fosses nasales, & de la nécessité de sa largeur & de son évasure, pour l’accomplissement d’une respiration libre & parfaite.

L’impossibilité de remédier à un vice qui reconnoît de pareilles causes, est sensible ; mais le cheval n’en étant pas moins utile, pourquoi nous plaindrions-nous de notre impuissance ? Nous devons cependant faire attention à ce qu’il ne provienne pas d’un polype (voyez Polype), ou de la viscosité de l’humeur bronchiale ; ce qui n’est pas extraordinaire dans des chevaux gros d’haleine, qui font entendre un rallement produit presque toûjours par les différentes collisions de l’air contre les matieres visqueuses qui tapissent les canaux aériens : dans ce dernier cas, le flanc de l’animal n’est point aussi tranquille, & il est fort à craindre qu’il ne devienne poussif, si l’on n’a recours promptement aux médicamens inci-

sifs, atténuans, & fondans, tels que la poudre du

lierre terrestre, de racine de meum, d’énula campana, d’iris de Florence, de cloportes, d’éthiops minéral, d’acier, ou de plumbum ustum, &c. qu’il est très-à-propos de lui donner exactement tous les matins & à jeun dans une jointée d’avoine. Voyez Pousse. (e)

* GROS-DE-TOURS, & GROS-DE-NAPLES, s. m. (Manufacture en soie.) étoffe de soie, dont la chaine & la trame sont plus fortes qu’au taffetas. La différence du gros-de-Tours & du gros-de-Naples consiste en ce que la trame & la chaine de celui-ci sont encore plus fortes qu’au gros-de-Tours, ce qui lui donne un grain plus saillant. Il y en a d’unis, de rayés, de façonnés, de brochés en soie, & en dorure. Ceux-ci ne different du taffetas, qu’en ce qu’au lieu de deux coups de navette qu’on passe au taffetas entre les lacs broches, on n’en passe qu’un ici ; mais en revanche la trame en doit être d’autant plus grosse, n’y ayant qu’une duie ou un croisé entre les brochés, au lieu qu’il y en a deux au taffetas.

Le liage doit aussi différer. Il le faut prendre sur chaque lisse, c’est-à-dire de 4 le 5, afin qu’à chaque coup de navette, on puisse taire baisser la lisse sur laquelle se trouvent les fils qui doivent lier. Ainsi dans l’ordre du remettage, la premiere lisse fournira le fil de la premiere lisse de liage ; la seconde, celui de la seconde de liage, & ainsi des deux autres.

Si l’on veut commencer à lier par la premiere lisse, pour éviter la contrariété, on fera lever la seconde & la quatrieme au premier coup ; au second coup, où la seconde lisse de liage doit baisser, on fera lever la premiere & la troisieme ; au troisieme coup, où la troisieme lisse de liage doit baisser, on fera lever la seconde & la quatrieme ; & au quatrieme & dernier coup du course, où la quatrieme lisse de liage doit baisser, on fera lever la premiere & la troisieme lisse.

Il ne faut pas oublier que dans les taffetas & gros-de-Tours façonnés ou à la tire, les fils sont doubles à chaque maille, & passés comme dans les satins brochés ; mais comme ces étoffes levent la chaîne moitié par moitié, & qu’il y auroit à craindre que les fils de dessous ne suivîssent ceux de dessus, ou qui levent, on a soin de mettre à ces étoffes autant de lisses pour rabattre, que de lisses pour lever, c’est-à-dire quatre de chaque façon ; de maniere que quand la premiere lisse & la troisieme levent, on a soin de faire baisser la seconde & la quatrieme : ce qui fait que l’ouverture est nette & que l’étoffe vient parfaite. Pareillement quand on fait lever la seconde & la quatrieme, on fait baisser la premiere & la troisieme.

Voici l’armure du gros-de-Tours broché à l’ordinaire.