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par la grandeur du corps & par la couleur du plumage, soit par la qualité de la chair. Je désigne par le nom de grive, celle que l’on nomme en latin turdus simpliciter dictus, seu viscivorus minor, c’est-à-dire grive simplement dite, ou petite mangeuse de gui ; cependant elle ne mange point de baies de gui ; elle n’a été ainsi appellée, que parce qu’elle ressemble beaucoup à la drenne, qui mange réellement du gui.

La grive est plus petite que la litorne & un peu plus grosse que le mauvis ; elle pese environ trois onces, elle a neuf pouces de longueur depuis l’extrémité du bec jusqu’au bout de la queue ou des pattes ; le bec est long d’un pouce, & il a une couleur brune ; la langue paroît fourchue quand on la regarde de près ; l’intérieur du bec est jaune, & l’iris des yeux a une couleur de noisette. La grive ressemble beaucoup à la drenne par la couleur & les taches de la poitrine & du ventre ; ces taches sont brunes, la poitrine a une couleur jaunâtre, & le ventre est blanc : les taches de la poitrine sont plus étendues & en plus grand nombre sur la grive que sur le mauvis. Les petites plumes qui couvrent la face inférieure de l’aîle sont de couleur rousse jaunâtre, & celles qui couvrent les grandes plumes sont jaunâtres à la pointe ; les petites plumes du dessous de la queue ont une couleur blanchâtre. Il y a dix-huit grandes plumes dans les aîles ; la queue a trois pouces un quart de longueur, & elle est composée de douze plumes. Les jambes & les piés sont d’un brun pâle ; la plante est jaunâtre, le doigt extérieur tient au doigt du milieu par la premiere phalange.

Cet oiseau se nourrit plûtôt d’insectes que de baies, il mange de petits coquillages de terre : on ne connoît point le sexe par les couleurs. La grive construit l’extérieur de son nid avec de la mousse & des brins d’herbe ou de petits bois, & elle enduit le dedans avec du limon ; elle dépose ses œufs à nud sur ce limon. Il y a d’une seule ponte cinq ou six œufs ; ils sont d’un bleu verdâtre parsemé de quelques taches noires. Cet oiseau chante au printems, il est solitaire comme la drenne ; il se perche sur les arbres, mais il niche plûtôt dans les haies que sur les grands arbres ; il est aisé à prendre & bon à manger. Willug. Ornith. Voyez Drenne, Litorne, Mauvis, Oiseau. (I)

GRIVELÉE, s. f. (Commerce.) profit injuste & secret que l’on fait dans un emploi ou sur les marchandises qu’on achete par commission. De ce mot on a fait griveler, grivelerie ; & griveleur, celui qui grivele. Dictionnaire de Commerce.

GRODECK, (Géog.) nom de quatre petites villes de Pologne ; la premiere dans la Russie Rouge, la seconde dans le palatinat de Podolie, la troisieme sur la rive gauche du Niester, la quatrieme au palatinat de Kiovie ; les unes ni les autres ne méritent aucun détail. (D. J.)

GRODNO, Grodna, (Géog.) ville de Pologne en Lithuanie, au palatinat de Troki. Elle est remarquable par une citadelle, par l’assemblée de la diete qui s’y tient tous les trois ans, & pour avoir souffert en 1753 un incendie qui l’a presque entierement réduite en cendres : sa position est dans une plaine sur le Niémen, à trente lieues sud-oüest de Troki, cinquante N. E. de Varsovie, vingt-quatre oüest de Novogrodeck. Longit. 42. 45. latit. 53. 18. (D. J.)

GROENLAND, (le) Groenlandia, (Géog.) grand pays des terres arctiques, entre le détroit de Davis au couchant, le détroit de Forbischer au midi, & l’Océan septentrional où est l’Islande, à l’oüest : on ignore ses bornes au nord, & on ne sait pas encore si ce vaste pays est un continent attaché à celui de l’Amérique ou à celui de la Tartarie, ou si n’étant joint à pas un des deux, ce n’est qu’une île.

Quoi qu’il en soit, il est habité par des sauvages ; & malgré le grand froid qui regne, il s’y trouve du gros & du menu bétail, des rennes, des loups-cerviers, des renards, & des ours blancs ; on y a pris autrefois de très-belles martres, & des faucons en grand nombre. La mer est pleine de loups, de chiens, de veaux marins, & sur-tout d’une quantité incroyable de baleines, à la pêche desquelles les Anglois & les Hollandois envoyent chaque année plusieurs bâtimens.

La Peyrere a donné une relation du Groenland, qu’il a tirée de deux chroniques, l’une islandoise & l’autre danoise ; cette relation est imprimée dans les voyages au nord.

Il attribue la découverte de ce pays à Erric le Rousseau, norvégien, qui vivoit dans le neuvieme siecle ; plusieurs de ses compatriotes s’y fixerent dans la suite, y bâtirent, & y établirent avec les habitans un commerce qui subsista jusqu’en 1348 : il se perdit alors ; & quelques tentatives que l’on ait faites depuis pour retrouver l’ancien Groenland, c’est-à-dire l’endroit autrefois habité par les Norvégiens, & où étoit leur ville de garde, il n’a pas été possible d’y réussir. Cependant Martin Forbisher crut avoir retrouvé ce pays en 1578, mais il ne put y aborder à cause de la nuit, des glaces, & de l’hyver ; une compagnie danoise y envoya deux navires en 1636, mais ils aborderent seulement au détroit de Davis.

La partie des côtes la plus connue du Groenland, s’étend depuis environ le 325d. de longitude jusqu’au premier meridien, & de-là jusqu’au 12 ou 13d. en-deçà ; sa latitude commence vers le 73d. on n’en connoît point les côtes au-delà du 78d. (D. J.)

GROGNAUT, s. m. voyez Rouget.

GROIZON, s. m. terme de Mégissier, c’est une craie blanche que les Mégissiers réduisent en poudre très fine, & dont ils se servent pour préparer le parchemin. Voyez Parchemin.

GROLL, Grolla, (Géog.) petite ville des Pays-Bas dans la Gueldre, au comté de Zultphen ; elle est à six lieues sud-est de Zultphen. Long. 24. 5. latit. 52. 7. (D. J.)

GROLLE, voyez Freux.

GROMA, s. m. (Art milit. des Rom.) c’étoit une espece de perche ou piece de bois d’environ 20 piés, soûtenue en équilibre par le milieu comme un fléau de balance, qui servoit chez les Romains à mesurer l’étendue d’un camp pour la distribution des tentes. Aux deux extrémités de cette machine qu’on plantoit près de la tente du général, pendoient deux cordeaux, au bout desquels étoient attachés des poids de plomb qui servoient à niveler les logemens militaires ; de-là vint qu’on appella cette espece de science, l’art gromatique, terme qui s’est étendu depuis à toutes sortes d’arpentage. Mais on est fatigué de l’érudition aussi grande qu’inutile, que Saumaise déploye sur ce seul mot dans ses notes sur Solin ; l’objet n’en valoit pas la peine. (D. J.)

GRONEAU, s. m. voyez Rouget.

GRONDEUR, voyez Rouget.

GRONINGUE, (la Seigneurie de) Groningerland, (Géog.) l’une des sept Provinces-Unies, bornée à l’est par l’Oost-Frise, à l’oüest par la Frise, au nord par la mer d’Allemagne, au sud par l’Overissel & le comté de Benthem qui est de la Westphalie. La province de Groningue n’est guere fertile qu’en très-gras pâturages où l’on nourrit quantité de gros chevaux.

Cette province est distribuée en deux corps différens ; les habitans de la ville de Groningue en composent un, & ceux du plat-pays qu’on appelle les Ommelandes, forment l’autre ; ce sont ces deux corps assemblés par leurs députés, aux états de la provin-