Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/992

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près les Arismaspes dans les pays du nord, il y avoit des mines d’or gardées par des gryphons, & qu’on en immoloit quelquefois sur les hécatombes ; mais tous les autres écrivains de l’antiquité ne reconnoissoient de gryphons que dans la fable, & les écrits des Poëtes. Quand Virgile, parlant du mariage mal assorti de Mopsus & de Nisa, s’écrie, qu’on joindroit plûtôt des gryphons avec des jumens ; il ne veut que peindre la bisarrerie d’une pareille union.

Le gryphon n’étoit dans son origine qu’un hyéroglyphe des Egyptiens, par lequel ils désignoient Osiris, ou si l’on veut, par lequel ils vouloient exprimer l’activité du soleil, lorsqu’il est dans la constellation du lion. Les Grecs firent du hyéroglyphe un animal ; la Gravure le représenta, la Poésie le peignit, & les Mythologistes trouverent de belles moralités renfermées dans cette peinture.

Les gryphons furent consacrés à Jupiter, à la déesse Némésis, mais particulierement à Apollon ou au Soleil ; ils sont souvent attelés au char de ce dieu, & Claudien nous le représente visitant ses autels dans un char traîné par des gryphons.

Phœbus adest & frænis grypha jugalem
Riphæo, repetens tripodas, detorsit ab axe.

In panegyr. Honorii.

Sidoine Apollinaire lui donne le même équipage ; dans un grand nombre de médailles greques & latines, le gryphon entre avec le trépié, la lyre, & le laurier, dans les symboles qui indiquent le culte d’Apollon.

Les Panormitains, les Abdérites, les Teiens, les Sciotes, & la ville de Smyrne, ont aussi souvent un gryphon sur leurs médailles ; mais pour abréger, les curieux d’érudition sur cette matiere peuvent consulter Spanheim, diss. v. Beger, tom. II. pag. 368. Vossius de idolol. lib. III. cap. xcjx. Bochart, hyérozoic. part. II. lib. II. cap. v. & vj. & enfin Aldrovandus parmi les Naturalistes. Cet animal chimérique entre dans les armoiries. Il y est ordinairement rampant. (D. J.)

Griffon, (Tireur d’or.) lime plate en-dessous, dentelée par les bords, en forme de peigne dont les Tireurs d’or se servent pour canneler les lingots de cuivre qu’ils veulent argenter, pour en faire du fil-d’argent faux.

GRIGNAN, (Géog.) petite ville de Provence, ou plûtôt des annexes de la Provence, avec titre de comté, sur les confins du Dauphiné. Long. 22. 35. lat. 44. 25. (D. J.)

GRIGNON, s. m. (Marine.) c’est du biscuit qui est par gros morceaux, & non en galettes. (Z)

GRIGRI, s. m. (Hist. nat. Bot.) est une des especes de palmiers très-commune dans les îles Coraïbes. L’arbre porte des grappes de petits cocos, de la grosseur d’une balle de pistolet, très-durs à rompre, & renfermant une amande dont on peut faire de l’huile. Article de M. le Romain.

GRIL, s. m. (Cuisine, Serrurerie.) assemblage de différentes tringles de fer sur un chassis à pié, qui leur sert de soûtien ; cet instrument a une queue pardevant, qui n’est qu’un prolongement du chassis qui soûtient les tringles. On pose le gril sur des charbons ardens, & les viandes sur le gril, pour les faire cuire. Les viandes cuites de cette maniere sont ordinairement très-succulentes, l’ardeur du feu en saisissant brusquement l’extérieur, & ne permettant pas au suc de s’échapper.

GRILLADE, s. f. (Cuisine.) viande cuite sur le gril.

Ce mot se prend aussi pour un mets ou ragoût que l’on fait roussir, en passant dessus un fer rouge. Griller des huitres, c’est les mettre dans de grandes coquilles, les assaisonner de sel, de poivre, de persil,

& de fines herbes hachées menu ; les arroser de leur propre liqueur, les parsemer de chapelures de pain, les faire cuire une demi-heure, & les roussir enfin par-dessus avec une pelle rouge. Les chevrettes se grillent de la même maniere.

GRILLAGE, s. m. (Métallurgie.) c’est une opération de Métallurgie, par laquelle on se propose de calciner ou de dégager des mines avant que de les fondre les parties sulfureuses, arsénicales, antimoniales & volatiles qui sont combinées avec le métal lorsqu’il est minéralisé ; parce que ces parties étrangeres, si elles restoient unies avec le métal, nuiroient à sa pureté, le rendroient aigre, cassant, & difficile à fondre. Comme presque toutes les mines d’argent, de plomb, de cuivre, d’étain, &c. contiennent ou du soufre, ou de l’arsenic, ou l’un & l’autre à-la-fois, on est obligé de les faire passer par l’opération du grillage avant que de les faire fondre ; cette opération est de la plus grande importance : & l’on en peut tirer un très-grand fruit quand elle se fait d’une façon convenable & analogue à la nature de la mine que l’on a à traiter. L’expérience a fait voir que le grillage n’est point du-tout indifférent, & que les mines qui ont été grillées, donnoient toûjours plus de métal que celles qui ne l’avoient point été.

La grande diversité qui se trouve dans la combinaison des différentes mines, fait que les méthodes qu’on employe pour le grillage, sont très-variées, & different autant que les mines elles mêmes ; de-là vient aussi qu’il y en a qu’on est obligé de griller un très-grand nombre de fois, tandis que d’autres n’exigent qu’un petit nombre de grillages ; cela dépend de la quantité des matieres que l’on doit dégager, & de leur combinaison plus ou moins intime avec le métal lorsqu’il est minéralisé. C’est donc aux directeurs des mines & des fonderies à connoître parfaitement la nature de leur mine, & des matieres qui entrent dans sa composition & qui l’accompagnent, pour juger de la maniere dont le grillage doit lui être appliqué.

L’opération du grillage se pratique, ou avant de donner aux mines la premiere fonte au fourneau de fusion, ou bien il se fait sur la matte, c’est à-dire sur la matiere impure & mélangée que l’on obtient après la premiere fonte de la mine ; ainsi on distingue deux especes de grillages : savoir, celui de la mine, & celui de la matte. L’une & l’autre de ces opérations se fait de plusieurs façons différentes, qui varient avec les lieux & suivant la nature des mines. On se contentera d’indiquer les méthodes les plus communes. Il y a des grillages qui se font à l’air libre : d’autres se font sous des angars ou toits ; d’autres se font dans des fourneaux voûtés. Pour le grillage simple qui se fait à l’air libre, on choisit auprès de la fonderie un terrein uni, sur lequel on dispose en quarré du bois ou des fagots ; l’on étend la mine par-dessus, & l’on continue ainsi à faire des couches alternatives de bois & de mine : ce qui fait un tas qui a la forme d’une pyramide tronquée, comme on peut voir dans les Planches de Métallurgie, fig. 1. On a soin de laisser un intervalle vuide entre le sol du terrein & la premiere couche de bois, afin de pouvoir allumer le tas que l’on veut griller.

Le grillage à l’air libre se fait aussi sur une aire entourée d’un mur, à qui on donne des formes différentes dans les différens pays. A Fahlun en Suede, ce mur ressemble à un fer à cheval (Voyez dans la Planche la figure 2. la lettre A marque le registre ou la cheminée qu’on pratique pour que l’air fasse aller le feu). Mais la forme la plus ordinaire qu’on donne à ce mur, est celle qu’on voit à la fig. 3. c’est un mur à trois côtés ABC, partagé par plusieurs autres murailles DDD, qui forment comme des cloisons ;