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pérant l’ardeur, calmant la soif, rafraîchissant, arrêtant le flux hémorroïdal trop abondant, corrigeant l’acrimonie de la bile, arrêtant le vomissement & le hoquet. Les malades attaques de fievres ardentes & bilieuses, éprouvent un leger soulagement, & même un certain degré de plaisir, lorsqu’on leur permet de rouler de-tems-en-tems dans leur bouche & de sucer quelques grains de grenade.

On fait une eau de grenades dans le pays où elles sont communes, en étendant le suc exprimé de ses grains dans suffisante quantité d’eau, & l’édulcorant avec un peu de sucre, ou en dissolvant le sirop de grenade dans sept à huit parties d’eau. Cette boisson a les mêmes usages que la limonade ou l’eau de groseille ; elle est seulement un peu moins agaçante, & par conséquent moins sujette aux inconvéniens des acides donnés mal-à-propos.

L’écorce de grenade prise intérieurement, passe pour un puissant astringent ; sa saveur amere & austere est une preuve suffisante de la réalité de cette vertu. Il est à présumer cependant que son action se borne à l’œsophage, à l’estomac & au canal intestinal ; que par conséquent ce remede n’est véritablement utile que contre les diarrhées, qu’on peut arrêter sans danger, & qu’on ne doit pas beaucoup compter sur son efficacité dans le relâchement ou les hémorrhagies des autres parties, comme dans les écoulemens immodérés des regles, les fleurs blanches, les gonorrhées, &c. On la donne en poudre depuis demi-gros jusqu’à un pour chaque prise, & jusqu’à demi-once en décoction.

On employe l’écorce de grenade extérieurement dans les décoction, les gargarismes & les lavements astringens. La décoction très-chargée de cette écorce est sur-tout célebre pour redonner le ton naturel & la capacité convenable au vagin, relâché & délabré par un accouchement laborieux, ou par toute autre cause.

Les fleurs de grenade, plus connues dans les boutiques sous le nom de balaustes, ont la même vertu que l’écorce, mais dans un degré inférieur ; on en fait à-peu-près le même usage, tant extérieurement qu’intérieurement. Voyez Balauste. (b)

Grenade, (Art milit.) c’est une espece de petite bombe, de même diametre ou calibre qu’un boulet de quatre livres, laquelle pese environ deux livres, & qui est chargée de quatre ou cinq onces de poudre.

Les grenades se jettent avec la main par des soldats nommés cet effet grenadiers. Elles ont une lumiere comme la bombe, & une fusée de même composition. Le soldat met avec une meche le feu à la fusée, & il jette la grenade dans le lieu qui lui est indiqué. Le feu prenant à la poudre de la grenade, son effort la brise & la rompt en éclats, qui tuent ou estropient ceux qu’ils atteignent. Le soldat ne peut guere jetter de grenades qu’à la distance de quinze ou seize toises au plus. Il y a d’autres grenades qui ne se jettent point à la main, mais qui se roulent dans les fosses & dans les autres endroits où l’on veut en faire usage : ce sont proprement des especes de bombes, qui ont de diametre depuis trois pouces jusqu’à six. (Q)

Grenade d’Artifice, (Artificier.) c’est une imitation du fruit appellé grenade, ou, si l’on veut, des grenades de guerre, par un petit globe de carton à-peu-près de même grosseur, qu’on remplit de poudre ou d’autre composition, pour le jetter à la main ou avec une fronde à l’instant qu’on y met le feu.

Grenade, (le royaume de) Géog. province considérable d’Espagne, avec titre de royaume ; c’est proprement la haute Andalousie, qui fait partie de la Boetique des anciens. Il est borné N. par la nouvelle Castille, E. par la Murcie, S. par la Méditerranée, O. par l’Andalousie. Les principales rivieres qui l’ar-

rosent sont le Xénil, le Guadalantin, le Riofrio & le

Guadalquivireja. Il a environ 70 lieues de long sur 30 de large, & 80 de côtes.

Malgré le manque de culture, le terrein est fertile en grains, en vins, en lin, en chanvre, en excellens fruits, & en passerilles ; il abonde en mûriers qui nourrissent quantité de vers à soie, & en forêts qui produisent des noix de galles, des palmiers & des glands de chêne d’un assez bon gout ; le sumac, si utile pour l’apprêt des peaux de bouc, de chevre & de maroquin, abonde dans les montagnes. La capitale du royaume s’appelle Grenade.

Ferdinand le Catholique prit cette province sur les Maures en 1492. Du tems qu’ils la possédoient, elle étoit le pays du midi le plus riche & le plus peuplé : il n’a fait depuis que dégénérer ; & sa destruction a été achevée par l’expulsion de tous les Maures qui restoient dans ce royaume, & que le conseil mal éclairé de Philippe III. roi d’Espagne, s’imagina devoir chasser en 1609. (D. J.)

Grenade, (Géog.) grande ville d’Espagne, capitale du royaume de ce nom, avec un archevêché & une université, érigée depuis que Ferdinand V. conquit cette ville sur les Maures en 1492 Ils l’avoient fondé dans le dixieme siecle, & c’étoit le dernier domaine qui leur restoit dans cette partie de l’Europe. Ferdinand V. surnommé le Catholique, ne se fit point de scrupule d’attaquer son ancien allié Boabdilla, qui en étoit alors le maître. Le siége dura huit mois, au bout desquels Boabdilla fut obligé de la rendre. Les contemporains ont écrit qu’il versa des larmes en se retournant vers les murs de cette ville si peuplée, si riche, ornée du vaste palais des rois Maures ses ayeux, dans lequel se trouvoient les plus beaux bains du monde, & dont plusieurs sales voûtées étoient soûtenues sur cent colonnes d’albâtre. Quoique cette ville ait beaucoup perdu de sa splendeur, cependant les édifices publics y sont encore magnifiques, & il s’y fait un grand commerce de soie qui passe pour la meilleure de l’Europe.

Grenade est d’une situation très-riante & très-avantageuse, sur la riviere du Darro & du Xénil qui en baigne les murailles, à 50 lieues S. O. de Murcie, 25 N. E. de Malaga, 45 S. E. de Séville, 90 S. E. de Madrid. Long. 18. 19. lat. 37. 30.

Cette ville est la patrie de Louis de Grenade, de Suarez, & de Marmol. Le premier étoit dominicain, & publia deux volumes in-folio sur la vie spirituelle. Il mourut en 1588, âgé de 84 ans. Le jésuite Suarez composa vingt-trois volumes de philosophie, de morale & de théologie scholastique. Marmol écrivit en espagnol une description générale d’Afrique, livre utile & que M. d’Ablancourt n’a point dédaigné de traduire en françois. (D. J.)

Grenade, (Géog.) l’une des plus belles & des plus riches villes de l’Amérique espagnole, sur le bord de la Nicaragua, qu’on appelle aussi quelquefois le lac de Grenade, à 22 lieues E. de Léon, & à 28 de la mer du Sud. Les flibustiers françois la pillerent en 1665 & en 1675. Lon. 292. 25. (D. J.)

Grenade, (la rouvelle) Géog. pays de l’Amérique méridionale dans la Terre-ferme, d’environ 130 lieues de longueur, sur 30 dans sa plus grande largeur. Les Sauvages des vallées se nourrissent de mays, de pois, de patates. Il y a des mines d’or, de cuivre, d’acier, de bons pâturages, des grains, des fruits, du sel, & beaucoup de poisson dans les rivieres de ce pays. Il appartient aux Espagnols. Sancta Fé de Bogota en est la capitale, que Ximenès a fait bâtir. Lat. 12. (D. J.)

Grenade, (la) Géog. île de l’Amérique septentrionale dans la mer du Nord, & l’une des Antilles. Sa longueur du N. au S. est de 10 lieues ; sa plus grande largeur de 5, & sa circonférence d’environ