Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/909

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quarrés destinés à la copie la moitié plus grands que ceux qui sont sur l’original, cette copie sera géométriquement moitié plus grande que l’original ; ainsi du reste, soit en diminuant soit en augmentant. On trace ces quarrés ou avec de la craie ou avec du fusin, ou enfin de telle maniere qu’on le veut ; mais il faut, autant qu’on le peut, qu’ils se puissent effacer aisément lorsqu’on en a fait l’usage auquel ils sont destinés. Cette maniere de copier sert aux Graveurs qui veulent avoir un dessein exact plus petit ou plus grand qu’un tableau qu’ils veulent graver. Elle sert aussi aux Peintres qui veulent rapporter en très-grand une esquisse d’une grande composition : enfin elle est en général assez précise lorsqu’on multiplie les quarrés, & d’un grand usage dans tous les arts qui ont rapport au Dessein ou à la Peinture. Voyez Anamorphose & Craticulaire.

Il y a une autre maniere de faire les réductions & de copier par le moyen d’un instrument nommé singe, dont on donnera le détail au mot Singe : mais l’usage n’en est pas à beaucoup près aussi commun & aussi facile. Cet article est de M. Watelet.

* GRATIFICATION, s. f. (Grammaire.) don accordé en récompense surérogatoire de quelque service rendu. Il semble donc que la gratification suppose trois choses, un consentement particulier de celui qui gratifie, une action utile de la part de celui qui est gratifié, & un avantage pour celui-ci antérieur à la gratification : sans cet avantage, la gratification ne seroit qu’une récompense ordinaire.

Gratification, (Hist. du gouvern. d’Anglet.) la gratification est une récompense que le parlement accorde sur l’exportation de quelques articles de Commerce, pour mettre les négocians en état de soûtenir la concurrence avec les autres nations dans les marchés étrangers. Le remede est très-sage, & ne sauroit s’étendre à trop de branches de négoce, à mesure que l’industrie des autres peuples & le succès de leurs manufactures y peuvent donner lieu.

La gratification instituée en particulier en 1689, pour l’exportation des grains sur les vaisseaux anglois, afin d’encourager la culture des terres, a presque changé la face de la Grande-Bretagne : les communes ou incultes ou mal cultivées, des pâturages arides ou deserts, sont devenus, au moyen des haies dont on les a fermés & séparés, des champs fertiles, ou des prairies très-riches.

Les cinq schelings de gratification par quartier de grain, c’est-à-dire environ vingt-quatre boisseaux de Paris, s’employent par le laboureur au défrichement & à l’amélioration de ses champs, qui étant ainsi portés en valeur, ont doublé de revenu. L’effet de cette gratification est de mettre le royaume en état de vendre son blé dans les marchés étrangers, au même prix que la Pologne, le Dannemark, Hambourg, l’Afrique, la Sicile, &c. c’est en d’autres termes, donner au laboureur une gratification de 200 mille liv. sterling par an, pour que l’Angleterre gagne 1500 mille liv. sterling, qu’elle n’auroit pas sans ce secours. Généralement parlant, la voie de la gratification est la seule qui puisse être employée en Angleterre, pour lui conserver la concurrence de tous les commerces avec l’étranger. C’est une belle chose dans un état, que de l’enrichir en faisant prospérer les mains qui y travaillent davantage. (D. J.)

GRATIOLE, s. f. (Botanique.) espece de digitale ; aussi est-elle nommée digitalis minima, par Boerhaave, J. A. 229. Tournef. inst. 165. elem bot. 135. gratiola, par J. B. iij. 434. Ger. 466. Emac. 581. Rai, hist. ij. 1885. Rivin, irr. M. 126. Rupp. Fl. Jen. 200.

C’est une petite plante dont la tige menue pénetre fort avant dans la terre, & pousse plusieurs tiges quarrées, d’environ un pié de haut, des nœuds des-

quelles naissent des feuilles longues, étroites, &

pointues comme celles de l’hysope ordinaire. Il sort de leurs aisselles des fleurs portées sur de courts pédicules, petites, oblongues, d’un jaune pâle, ouvertes en maniere de gueules en-devant, & partagées en deux levres d’un pourpre clair ; la levre supérieure est en forme de cœur, réfléchie vers le haut, & l’inférieure est divisée en trois parties ; leur calice est d’une seule piece, partagé en cinq quartiers, du fond duquel s’éleve un long pistil qui se change en une capsule rougeâtre, arrondie, terminée en pointe, partagée en deux loges, & remplie de menues graines roussâtres.

Toute cette plante est sans odeur, mais d’une saveur très-amere, mêlée de quelque adstriction. Elle aime les lieux montagneux, & fleurit au mois de Juillet : elle est rarement d’usage, parce qu’elle agit avec violence par haut & par bas ; & c’est pour cela qu’elle mérite d’être considérée en matiere médicale. (D. J.)

Gratiole, (Mat. med.) on la place communément dans les listes des plantes usuelles au rang des purgatifs hydragogues ; & en effet elle purge très-violemment. C’est un vrai remede de paysan ou de charlatan, auquel on pourroit avoir recours à la campagne dans le cas de nécessité, à la dose d’une demi-poignée de plante fraîche en infusion ou en décoction, mais qu’on ne doit jamais employer quand on est à portée d’avoir les purgatifs plus éprouvés & moins dangereux des boutiques. (b)

GRATITUDE, RECONNOISSANCE, sub. f. (Synonymes.) ces deux mots désignent une même chose, le sentiment des bienfaits qu’on a reçûs ; avec cette différence, que le second est toûjours en regne, & que le premier, quoique plus moderne, n’ayant été hasardé que sur la fin du seizieme siecle, commence à vieillir dans le dix-huitieme. « Quant à la gratitude, dit Montagne, (car il me semble que nous avons besoin de mettre ce mot en crédit), l’exemple du lion qui récompensa Androclus du bienfait qu’il avoit reçû de lui, en venant le lecher dans l’amphitéatre de Rome, est un exemple de cette vertu qu’Appien & Séneque nous ont consacrée ». Autre bizarrerie de notre langue ; le mot de méconnoissance est tombé, & le mot ingratitude a pris sa place. (D. J.)

GRATTEAU, s. m. en terme de Doreur, sont des morceaux de fer trempé de toutes formes, enfermés dans un manche de bois ; ils servent à gratter les pieces pour l’apprêt. Voyez Gratter, & les Planches du Doreur.

Gratteau, instrument de Fourbisseur, mais différent de celui des Doreurs sur métal ; il est tourné en spirale par le milieu ; les deux bouts sont plats, tranchans, & courbés, l’un à droite & l’autre à gauche ; il sert à gratter & même à brunir la plaque des gardes d’épée qu’on veut nettoyer & réparer.

On appelle petit gratteau, un ciselet un peu recourbé par le bout, avec lequel les Fourbisseurs & autres ouvriers grattent & adoucissent le relief de leurs ouvrages. Voyez les figures du Fourbisseur.

Gratte-Bosse, s. m. (Graveur. Cizeleur.) est une brosse de fils de laiton, ficelés ensemble par un autre fil de même matiere ; elle sert à gratter sans les endommager les différens ouvrages de métaux, & à en emporter toute la crasse que le recuit peut leur avoir donné, en brossant ces différens ouvrages avec le gratte-bosse dans de l’eau commune, ou dans les eaux convenables aux métaux que l’on travaille. Voyez la figure dans les Planches de Gravure.

L’Arquebusier, le Doreur, le Fondeur, le Monnoyeur, &c. se servent du gratte-bosse, & ils disent gratte-bosser.

Gratte-Cul, s. m. (Pharmac. & Mat. med.) on