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la terre avoit été enlevée, paroissoit un trou épouvantable, & que le village fut entierement enterré par cette terre transportée ». Bellarminus, de ascensu mentis in Deum. Cet article est tiré du premier volume de l’hist. naturelle, géner. & partic. p. 489.

GOUGE, s. f. (Architecture.) est un outil de fer long & taillant par le bout, qui est arrondi en forme de rigole, & emmanché de bois, qui sert au masson à pousser des moulures à la main. (P)

Gouge en bois, outil d’Arquebusier ; c’est un ciseau reployé en gouttiere & tranchant par en-bas, emmanché comme le ciseau à ébaucher, dont les Arquebusiers se servent pour creuser un trou dans un bois, &c. Ils en ont de plusieurs grosseurs. Voyez les fig. des Planches du Sculpteur & du Menuisier, &c.

Gouge en fer, outil d’Arquebusier ; c’est un ciseau de fer trempé, de la longueur de trois à quatre pouces, qui est un peu ployé en demi-cercle par en bas, fort tranchant, & rond par en-haut ; les Arquebusiers s’en servent pour creuser les bassinets.

Gouge, (Charpenterie.) est un ciseau à un ou deux biseaux concaves, qui sert à faire des cannelures & des rivures dans le bois. Voyez la Pl. de Menuis.

Gouge quarrée, outil de Charron ; c’est une espece de ciseau qui est rond par en-haut, & qui par en-bas est à trois quarts, tranchant, & qui sert aux Charrons à évuider les mortaises qu’ils font. Voyez les figures, Planche du Charron.

Gouge ronde, outil de Charron ; il est fait par en-haut comme la gouge quarrée, mais par en-bas il forme un ciseau convexe en languette ronde, tranchant par en-bas, & des deux côtés. Cet outil sert aux Charrons à évider & nettoyer la tête des trous & mortaises, & quelquefois à aggrandir les trous.

Gouge, outil de Ferblantier ; c’est un petit poinçon de fer rond par en-haut, & gros d’environ un pouce, tranchant par en-bas, & formant un demi-cercle, qui sert aux Ferblantiers pour découper & festonner des pieces de fer-blanc. Voyez Planche de Ferblantier, fig. 31.

Gouges, pl. voyez outils de Fontainier, au mot Fontainier.

Gouge à main, en terme de Formier, est une espece de plane recourbée, & dont les manches sont perpendiculaires au plan des courbures. Voyez la fig. 5. Planche du Formier.

Gouge, (Manége, Maréchallerie.) ciseau recourbé dans sa longueur & en forme de gouttiere, semi-cylindrique à son extrémité, de telle sorte que son tranchant présenté perpendiculairement sur un plan, y trace une demi-circonférence de cercle de quatre, cinq, ou six lignes de diametre. Cet instrument, qui doit être emmanché commodément, n’a qu’un biseau, lequel se trouve en-dehors ; sa longueur est communément d’environ 7 à 8 pouces.

Il est d’un usage indispensable dans la Chirurgie vétérinaire, & sert principalement à pratiquer des ouvertures à la sole, dans les cas où il est essentiel de s’instruire de l’état des parties que cette portion de l’ongle dérobe à nos yeux, & où il importe de donner issue à des matieres épanchées & suppurées, qui par leur séjour altéreroient & corromproient inévitablement l’aponévrose, les tendons, &c.

Il est encore une autre espece de gouge qui ne differe point de celles dont nombre d’artisans s’aident dans leur métier ; les Maréchaux s’en servent très indiscretement dans le leur. Ils l’employent lorsqu’il s’agit d’abattre & de détruire les inégalités des dents molaires, qui sont telles dans les vieux chevaux, qu’elles blessent la langue, & souvent la face intérieure des jouës ; & que ces mêmes chevaux ne pouvant broyer parfaitement les alimens, n’en tirent que le suc, & font ce que nous exprimons en disant qu’ils font grenier ou magazin. Ces ouvriers

imprudens appuient d’une main pour cet effet le tranchant de cet outil contre ces apretés, très-mal-à-propos nommées surdens par tous les écrivains, & frappent de l’autre sur son manche à coups de marteau, aux risques d’ébranler la tête & la machoire de l’animal, de susciter une sorte de commotion, & d’offenser les parties postérieures de la bouche, & même celles de l’arriere-bouche si la gouge glissoit & se dévoyoit, ou si la pointe de la dent cédoit trop aisément à l’action qui doit en assûrer la chûte.

On a substitué à cette pratique grossiere, & dont on a reconnu les inconvéniens & les dangers, celle de faire mâcher au cheval une lime d’acier, que quelques-uns appellent rape, & d’autres carreau, de maniere que cette derniere gouge est aujourd’hui rejettée, & n’est plus regardée comme un instrument utile & nécessaire.

Quelques-uns s’en servent néanmoins encore dans la fameuse opération du rossignol ou du sifflet. Voyez Pousse. (e)

Gouge, (Plombier.) est un outil de fer taillant par le bout, dont plusieurs ouvriers, & entre autres les Tourneurs, Tablettiers, & Plombiers se servent soit à la main, ou en la frappant avec le marteau. La gouge est une espece de ciseau creusé en forme de demi-canal, dont la portion de cercle est plus ou moins grande, selon qu’on veut caver ou arrondir plus ou moins l’endroit de l’ouvrage où on s’en sert. Ce ciseau est toûjours emmanché dans un morceau de bois : les Charpentiers se servent aussi d’une gouge, mais qui est bien différente de celle-ci ; car elle est toute de fer, & a deux piés & demi de longueur. Voyez la fig. 9. Planche III. du Plombier.

Gouge, (Menuiserie.) la gouge du menuisier differe peu de celle du charpentier.

Gouge, (Tourneur.) outil dont les Tourneurs se servent ; c’est une espece de gouttiere, le bout est arrondi & tranchant. Voyez-en la fig. Pl. I. du Tourneur.

Gouge, (Art méchan.) le Doreur & d’autres ouvriers ont aussi leurs gouges ; mais elles ne different des précédentes ni pour l’usage ni pour la forme : si la gouge est petite, on l’appelle gougette.

GOUGETTE, s. f. petite gouge, voyez ci-devant les articles Gouge.

GOUJON de riviere, gobio fluviatilis, s. m. (Hist. nat. Icthyol.) petit poisson appellé goisson dans le Lyonnois ; il est couvert de petites écailles ; il a deux petits barbillons près de la bouche, deux nageoires près des oüies, deux sous le ventre, une au-delà de l’anus, & une sur le dos, qui est tachetée de noir. Ce poisson a la chair molle & de mauvais goût, parce qu’il reste dans la fange, & qu’il vit de chair pourrie. Lorsque l’on a jetté dans l’eau une tête de cheval ou de bœuf, &c. les goujons viennent en grand nombre pour en manger ou plûtôt pour la sucer, car ils n’ont point de dents : après les avoir ainsi rassemblés, on les pêche aisément. Rond. hist. des poissons de riviere. (I)

Goujon, en Architecture ; c’est une grosse cheville de fer sans tête, qui sert à retenir des colonnes entre leurs bases & le fust ; le chapiteau avec le fust ou tige ; des balustres entre leur socle & tablette, & à d’autres usages. (P)

Goujon d’une poulie, (Méch.) voyez Boulon.

Goujon de Pommes, en terme de Doreur, sont des broches de fer sur lesquelles on travaille les pommes de carrosse. On les monte sur le carrosse. Ces broches sont prises dans le corps de la pomme, quand on la fond.

Goujon, (Menuisier.) Ce sont des chevilles que l’on colle, & que les Menuisiers mettent au lieu de clés, lorsqu’ils collent quelques pieces de bois ensemble, soit que ces pieces soient à languettes & raînures, ou qu’elles soient à plat-joint.