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aussi très-bien. Quand l’inflammation est grande vers les reins & les génitoires, il faut avoir recours aux saignées, aux émulsions, aux calmans & adoucissans, tant internes qu’externes. Une infusion de cantharides dans du vin, est le remede spécifique d’un fameux medecin hollandois ; ce remede me paroît suspect & peut avoir des suites bien funestes : on recommande aussi la résine de gayac, & on regarde comme un remede spécifique le baume de Copaïba ; à quoi il faut ajoûter l’antimoine diaphorétique, le bezoar minéral, l’eau dans laquelle on a fait bouillir du mercure, les injections d’eau de chaux, le mercure doux, le sucre de Saturne, &c.

Pitcarn traite la gonorrhée virulente de cette maniere. Au commencement de la maladie, il purge avec une tisanne laxative de senné, de sel de tartre & de fleurs de mélilot ; il prescrit du petit-lait pour la boisson du malade. Après l’avoir purgé ainsi pendant trois ou quatre jours, si l’urine est moins échauffée, le flux moins considérable, & la couleur & la consistence de la matiere devenue meilleure, il lui fait prendre pendant six ou sept jours des bols de térébenthine & de rhapontic ; si ces bols lui tiennent le ventre libre, c’est un bon signe. Il faut éviter absolument de donner des remedes astringens ; la gonorrhée ne dégénerant presque jamais en vérole, à-moins qu’on ne se presse trop de l’arrêter. Pitcarn, in manu scripto.

Du Blegny veut que l’on commence la cure d’une gonorrhée par un cathartique bénin de casse, de senné, de crystal minéral, de tamarin, de guimauve, & de rhubarbe, que l’on prend alternativement de deux jours l’un ; ensuite des diurétiques, & sur-tout ceux de térébenthine ; & enfin des astringens bénins, comme les eaux minérales, le crocus Martis astringent, les teintures de rose & de corail en cochenille, &c.

Le ptyalisme ou la salivation ne guérit jamais la gonorrhée. Chambers. (Y)

GONNUS, ou GONNI, Γοννὸς dans Strabon, Γονὸς dans Lycophron, (Géog.) ville de Grece dans la Perrhibie ; tous les anciens auteurs grecs & latins en parlent ; M. de Lisle place Gonnus à l’entrée de Tempé, au nord du fleuve Pénée, & à vingt milles de Larisse ; cette ville est nommée Gonnessa par Euscathe, sur le II. liv. de l’Iliade. (D. J.)

GOR, (Géog.) ville des Indes, capitale d’un petit royaume de même nom, qui fait partie des états du Mogol, aux confins du Tibet. Long. 104. lat. 31. (D. J.)

GORAO, s. m. (Comm.) étoffe de soie cramoisie, ou ponceau, qui se fabrique à la Chine.

GORANTO, (Monts de-) Géog. chaîne de montagnes dans la Natolie, au couchant de la petite Caramanie, entre le golfe de Macri & celui de Satalie. Les montagnes de Goranto jettent à leur sommet du feu, des flammes & de la fumée ; la chimere de Lycie, celebre chez les poëtes, en faisoiz partie. (D. J.)

GORCUM, ou GORKUM, Gorichemum, (Géog.) ville forte de la Hollande méridionale, commerçante en fromages, beurre, & autres denrées ; elle est à l’embouchure du Linge qui la traverse, à cinq lieues E. de Dordrecht, sept N. E. de Bréda, treize S. E. d’Amsterdam. Longit. 22. 29. latit. 51. 49.

Gorkum est la patrie de plusieurs hommes qui se sont illustres dans les Sciences & dans la Peinture ; il suffira d’en nommer ici quelques-uns.

Erpenius, (Thomas) mort professeur en arabe à Leyden, le 13 Novembre 1624, à l’âge de soixante ans : nous lui devons une grammaire arabe, & d’autres ouvrages en ce genre, dans lesquels il a excellé.

Estius, (Guillaume) s’est fait une haute réputation par sa théologie en deux vol. in-fol. & par ses commentaires sur les épîtres de S. Paul.

Kamphuysen, en latin Camphusius, ministre soci-

nien, naquit à Gorcum dans le dernier siecle, & déclara

dans ses écrits, qu’il auroit vécu toute sa vie sans religion, s’il n’eût le des ouvrages où l’on combat la trinité, & dans lesquelles on enseigne que les peines de l’enfer ne seront pas éternelles.

Bloëmart, (Abraham) né à Gorcum en 1567, & mort en 1647, s’est distingué parmi les peintres hollandois, & dans le goût de sa nation : on fait surtout beaucoup de cas de ses paysages.

Verschuring, (Henri) né en 1627, excelloit à peindre des animaux, des chasses, & des batailles : il périt sur mer d’un coup de vent, à deux lieues de Dordrecht, en 1690.

Van-der-Heyden, (Jean) mort en 1712 à quatre-vingts ans, avoit un talent particulier pour peindre des ruines, des vûes de maisons de plaisance, des temples & des lointains. (D. J.)

* GORD, ou GORRE, s. m. (Pêche.) espece de pêcherie composée de plusieurs parties, dont la premiere s’appelle gord ; ce sont deux rangs de perches ou palissades convergentes d’un côté, & par conséquent divergentes de l’autre ; elles conduisent le poisson qui entre par le côté le plus large, dans un verveux ou guidau fixé au bout le plus étroit. L’embouchure du gord est quelquefois à-mont & quelquefois à-val, suivant le mouvement de la marée. II suit de ce qui précede, que la palissade sert comme d’entonnoir au guideau qui la termine, & que les gords ressemblent beaucoup aux bouchots.

Il y a des gords d’osier avec pieux sédentaires ; ils sont en usage à Touque & à Dive ; ils ont, comme les bouchots de Cancalle, quatre à cinq piés de hauteur, sur sept à huit de long ; le treillis est soûtenu par six pieux, & l’extrémité en est entonnée dans une petite nasse arrêtée par deux pieux en-devant, & un troisieme à la queue : l’ouverture en est exposée à l’ebbe ; la pêche se fait au reflux. Comme cette pêcherie n’exige ni panne ni aîle, ni clayonnage serré, l’usage n’en sauroit être pernicieux ; car il est sédentaire & assez ouvert pour laisser échapper le frai. Voyez nos Pl. de Pêche.

On établit aussi des gords dans les rivieres. Voici la description de celui de la riviere d’Elé, dans l’amirauté de Quimper en Bretagne : cette pêcherie où l’on prend du saumon, est placée entre deux montagnes, & traverse en entier le lit de la riviere ; les tonnes sont de maçonnerie, & non de pieux serrés ou de pieux clayonnés. Il y a sept tonnes ; l’intervalle de celle qui est à l’ouest est clos de tous côtés par des rateliers garnis d’échelons ; & c’est le réservoir de la pêcherie. Quand on fait la pêche & qu’il n’y a encore rien de pris ; pour faire servir cette tonne comme les autres, on leve deux de ces rateliers, & l’on met à leur place deux guidaux qui arrêtent les saumons qui cherchent à remonter : lorsqu’ils descendent, ces poissons qu’on ne pêche jamais alors, trouvent une ouverture pour s’échapper & retourner à la mer. Voyez Saumons.

Les gords de la gironde n’ont rien de particulier ; ce sont deux palissades de bois qui forment un angle dont la pointe est exposée à la basse eau : ces palissades sont assises sur un terrein de terre franche & de rapport. Quand la marée y est montée, la pointe du gord se trouve garnie d’une tonne ou gonne que les Pêcheurs nomment une gourbeille, au bout de laquelle ils ajoûtent encore deux nasses qu’ils appellent des bouteilles. Ces bouteilles sont soûtenues sur de petits piquets enfoncés dans le terrein ; c’est-là que se prend le poisson qui est monté avec la marée dans le gord, & il s’en prend beaucoup, car les tiges des bouteilles sont si serrées que rien ne peut échapper : le frai d’alose & d’autres poissons y est quelquefois en si grande quantité, qu’on ne pourroit sans infection l’y laisser plus d’une marée à une autre. Les