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aux grandes goelettes on ajoûte quelquefois un faux foc & de petits huniers volans. Les goelettes sont fort en usage aux îles de l’Amérique ; elles servent à faire le cabotage ou navigation de cap en cap, ou d’une île à l’autre. Il y a une autre petite goelette qui n’est pas plus grande qu’une moyenne chaloupe ; on la nomme goelette à chaux, servant à pêcher au fond de la mer les pierres dont on fait la chaux, ou à transporter la chaux brûlée dans les lieux où on en a besoin. On peut observer en passant que les pierres dont on fait la chaux aux îles de l’Amérique, ne sont autre chose que des madrepores, des coralloydes & des coquillages. Art. de M. le Romain.

GOEREE, (Géogr.) petite île des Provinces-unies dans la Hollande méridionale, entre l’île de Voorn & celle de Schouwen, au couchant septentrional de l’ile d’Overslakée ; la bonne rade qu’il y a devant cette île lui a donné le nom qu’elle porte. (D. J.)

Goérée, (Géogr.) île de l’Océan ainsi nommée par les Hollandois qui l’ont possédée les premiers. Elle appartient présentement aux François qui s’en rendirent maîtres en 1677 ; son nom signifie bonne rade, & c’est uniquement ce qu’elle a de bon, car elle est petite & tout-à-fait stérile. Long. suivant des Hayes, de la Hire, Desplaces & Cassini, 0d. 26′. 30″. latit. 14d. 39′. 51″. (D. J.)

GOES, ou TER-GOES, Goeja, (Géogr.) ville forte des Provinces-unies en Zélande, dans la partie septentrionale du Zuyd-Beveland ; ce fut la seule qui échappa à l’inondation de l’année 1532. Elle est à quatre lieues de Middelbourg, à cinq de Bergop-zoom, douze nord-oüest de Gand. Long. suivant Desplaces 21d. 31′. 30″. & suivant Harris, 21d. 31′. 15″. latit. suivant le même Desplaces, 51d. 30′. 30″. & suivant Harris, 51d. 30′. seulement. (D. J.)

GOETIE, s. f. (Magie.) espece de magie infame qui n’avoit pour objet que de faire du mal, séduire le peuple, exciter des passions déréglées, & porter au crime. Les philosophes Plotin, Porphire & Jamblique, définissoient la goétie l’invocation des démons malfaisans pour nuire aux hommes avec plus de sûreté.

Les ministres de cet art funeste & ridicule, se vantoient aussi de tirer par leurs enchantemens les manes de leurs demeures sombres. Voyez l’art. Evocation des manes.

Ils employoient dans toutes leurs cérémonies tout ce qui pouvoit redoubler la terreur & l’effroi des esprits foibles ; nuit obscure, cavernes soûterreines à proximité des tombeaux, ossemens de morts, sacrifices de victimes noires, herbes magiques, lamentations, gémissemens ; selon l’appareil ordinaire de leurs cérémonies, ils passoient même pour égorger de jeunes enfans, & chercher dans leurs entrailles l’horoscope de l’avenir.

C’est ici qu’il faut bien distinguer cette magie goëtique ou sorcellerie odieuse, de la magie théurgique ; dans cette derniere on n’invoquoit que les dieux bienfaisans, pour procurer du bien aux hommes & les porter à la vertu. Les magiciens théurgiques souffroient déjà autrefois très-impatiemment qu’on les mît dans la classe des Goëtiques qu’ils regardoient avec horreur. Voyez Théurgie. (D. J.)

GOETRE, s. m. terme de Chirurgie, quelques-uns écrivent goitre ou gouetre ; c’est une tumeur indolente, mobile & sans changement de couleur à la peau, qui vient au-devant de la gorge. Les Savoyards & tous les habitans des montagnes sont fort sujets à cette maladie ; on attribue cette endémie aux eaux & neiges fondues & de sources froides qu’ils sont obligés de boire.

Le mot goëtre est formé par corruption du latin guttur, gorge ; plusieurs autres ont confondu mal-à-

propos le goëtre avec une autre maladie de la gorge,

nommée bronchocele. Voyez Bronchocele.

Le goëtre est formé par une congestion de sucs lymphatiques ; & l’on tient que le signe de cette tumeur est dans la glande thyroïdienne. Il y a bien plus d’apparence que l’engorgement de l’humeur se fait dans le tissu cellulaire, puisqu’on voit aux habitans des Alpes & des Pyrénées ces tumeurs très considérables, molles & pendantes sur la poitrine. Il y a, dit-on, des villages entiers où personne n’en est exempt, & où les hommes & les femmes disputent entr’eux de beauté, suivant la disposition plus ou moins réguliere du goëtre qu’ils portent.

Il y en a de différentes especes ; quelquefois la tumeur est enkistée, & contient une matiere plus ou moins épaisse, qui ressemble par sa consistance à du miel ou à du suif ; dans d’autres personnes la tumeur est sarcomateuse, & présente une masse charnue qui a la consistance d’une glande tuméfiée, sans être devenue skirrheuse.

Ces différens caracteres font connoître que les moyens curatifs ne doivent point être les mêmes dans tous les cas. Lorsque la tumeur est enkistée, & qu’on y sent de la fluctuation, si elle n’est encore qu’obscure, il ne faut pas se presser de faire l’ouverture ; les émolliens & les maturatifs pourront avec le tems favoriser une plus parfaite dissolution de l’humeur : on pourra alors obtenir par une simple ouverture à la partie déclive, un dégorgement complet de la matiere contenue, & la guérison se fera aisément. La tumeur étant affaissée, les parois du kiste peuvent se réunir très-solidement, s’il ne reste point de vûe organique, ou que celui qui reste soit si peu de chose que le tems puisse le dissiper Voyez Enkisté.

La nature a quelquefois opéré ces sortes de guérisons sans le secours de l’art, au moyen d’une petite ouverture faite par la peau usée & émincée. C’est la mollesse & la fluctuation de la tumeur qui feront raisonnablement présumer qu’on peut se contenter d’ouvrir ces tumeurs. La suppuration se soûtient quelquefois plusieurs années pour mettre les choses en cet état : elle se fait sourdement & très lentement ; mais elle est quelquefois si complette, qu’un seul coup de trois-quarts suffit pour les vuider, & donner occasion à la nature d’opérer la réunion.

M. d’Eucery maître en Chirurgie à Cavaillon, a communiqué à l’académie royale de Chirurgie plusieurs observations de cures radicales de goëtre d’un volume considérable, obtenues en ouvrant ces tumeurs des deux côtés, & faisant ensuite suppurer l’intérieur par le moyen d’un séton ou bandelette de linge effilé, chargée des remedes convenables.

Si le goëtre est sans fluctuation, il faut tâcher de donner de la fluidité à l’humeur, par les remedes délayans & fondans pris intérieurement ; & pour l’usage des discussifs & résolutifs extérieurs que nous avons indiqués dans la cure des tumeurs scrophuleuses. Voyez Ecrouelles. Dionis recommande l’emplâtre diabotanum, & dit que si la tumeur ne se résout pas, il faut en faire l’extirpation : c’est le précepte de Celse, suivi par Aquapendente. Mais si l’on fait attention à la nature de la tumeur qui est indolente, on trouve peu de malades qui veulent souffrir cette opération, lorsque la tumeur sera d’un petit volume ; & lorsqu’elle en aura acquis un plus considérable, il faudra que le chirurgien examine bien attentivement si l’extirpation est possible : j’en ai peu vû que l’on eût pû extirper sans un péril manifeste de la vie. L’importance & la quantité immense des vaisseaux qui arrosent ou qui avoisinent les parties où sont situées ces tumeurs, défendent au chirurgien de les emporter ; mais elles ne sont pas toûjours incurables, & hors de la portée des se-