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Martiniere & différens medecins & chirurgiens de la cour. M. le premier chirurgien conseilla l’extraction de la seconde molaire, quoiqu’elle fût saine. M. Capperon dentiste du roi, extirpa la dent ; il sortit beaucoup de pus par l’alvéole : il est resté une ouverture dont il distilloit une eau salée. Cette dame se plaignoit qu’en se mouchant, l’air entroit par l’alvéole dans le sinus maxillaire, & l’incommodoit. Nous avons sondé ce trou, & avons jugé que les parties molles qui en tapissent la circonférence & l’intérieur, étant bien consolidées, ce trou ne se fermeroit jamais naturellement, & qu’on pouvoit obtenir le bon effet d’une réunion parfaite par l’usage d’un bouchon de cire.

J’ai lû depuis dans le quatrieme volume du recueil de dissertations anatomiques, publié par M. de Haller, une these de M. Reininger sur les cavités des os de la tête ; il y donne une observation de M. Trew, laquelle a beaucoup de rapport avec le cas dont je viens de parler. Un homme de quarante ans étoit tourmenté depuis plusieurs années d’une douleur de dents, avec un gonflement de la joue. La troisieme dent molaire étoit entierement cariée, & il y avoit à sa base un trou dans lequel le stilet entroit de la longueur d’un travers de doigt. L’application d’un cataplasme émollient sur la tumeur, détermina une suppuration par ce trou ; on arracha la dent, & il sortit beaucoup de matieres purulentes, dont le foyer étoit dans le sinus. Les injections qu’on y fit pour le mondifier, sortoient en partie par le nez, lorsque le malade panchoit la téte en-devant. L’ouverture de l’os ne se consolida point ; & pour empêcher les alimens & l’air de pénetrer dans le sinus & d’incommoder, on conseilla un obturateur fait avec de la cire, à laquelle on ajoûtoit de la poudre de corail, afin de lui donner plus de consistance. Par ce moyen la personne n’a plus éprouvé la moindre incommodité. Scultet a tenté avec succès l’application du cautere actuel pour obtenir une cure absolument radicale dans un cas de cette nature. Il avoit fait des injections dans le sinus maxillaire, après l’extraction d’une dent cariée : ennuyé de ce que l’ouverture ne se fermoit point, il porta un fer rouge dans l’alvéole, & en cautérisa assez fortement la circonférence. A la chûte de l’escarre, l’os lui parut carié ; il le toucha trois ou quatre fois avec les fers chauds, & se servit de remedes dessicatifs : après l’exfoliation, l’ulcere se consolida fort exactement. Si l’auteur ne s’est pas mépris sur la carie, en prenant pour une altération primitive ce qui n’étoit que l’effet du cautere actuel & de la chûte de l’escarre, il auroit épargné de la douleur à son malade, en lui faisant porter un obturateur, comme dans les cas précédens.

Quand la maladie du sinus manifestée par les signes propres, n’est point accompagnée de dent cariée, c’est la troisieme molaire qu’il faut arracher, si aucune circonstance ne détermine qu’on en tire une autre, parce qu’elle répond plus précisément au centre du sinus : mais si les dents étant tombées depuis du tems, & l’arcade alvéolaire diminuée dans toutes ses dimensions & en partie effacée, sa substance osseuse étoit devenue plus compacte & plus serrée dans cet endroit, on pourroit ouvrir le sinus dans sa paroi extérieure, au-dessus de l’arcade alvéolaire, à l’endroit où répondoit la racine de la troisieme dent molaire. Il n’est pas difficile de concevoir les instrumens convenables pour pratiquer cette opération. (Y)

GENDARME, s. m. (Hist. mod. & Art milit.) c’étoit autrefois un cavalier armé de toutes pieces, c’est-à-dire qui avoit pour armes défensives le casque, la cuirasse, & toutes les autres armures nécessaires pour couvrir toutes les parties du corps. Le cheval du gendarme avoit la tête & les flancs aussi

couverts d’armes défensives. Les cavaliers armés de cette maniere, furent d’abord appellés hommes d’armes, & ensuite gendarmes. Voyez Homme d’armes.

« De tout tems les hommes d’armes ou gendarmes, dit le P. Daniel, ont été regardés comme la plus noble partie de la milice françoise. Depuis l’institution des compagnies d’ordonnance par Charles VII. les grands seigneurs, les maréchaux de France, les connétables, les princes du sang, se sont fait honneur de commander ces sortes de compagnies ; & dans la suite les rois mêmes ont voulu en avoir une dont ils se faisoient les capitaines ». Hist. de la milice franç. tom. II. pag. 182.

Le poids considérable des armes du gendarme qui le rendoit propre à soûtenir un choc & à combattre de pié ferme, ne lui permettoit pas de poursuivre l’ennemi lorsqu’il étoit rompu ; il y avoit pour y suppléer une autre espece de cavalerie plus legerement armée, qu’on appelloit par cette raison cavalerie legere.

Quoique cette différente maniere d’armer la cavalerie ait été totalement abolie sous le regne de Louis XIV. on a conservé néanmoins le nom de gendarmerie à plusieurs corps qui avoient autrefois l’armure du gendarme ; & l’on a appellé cavalerie legere, tous les autres corps de la cavalerie.

Le corps de la gendarmerie de France est divisé en troupes particulieres, appellées compagnies.

Les compagnies sont de deux sortes : les unes sont destinées à la garde du roi, & elles forment le corps qu’on appelle la maison du roi ; les autres, qui n’ont pas le même objet, retiennent l’ancien nom de gendarmerie, ou de compagnies d’ordonnance.

Les compagnies du corps de la gendarmerie qui composent la maison du roi, sont les quatre compagnies des gardes-du-corps, celle des gendarmes de la garde, celle des chevau-legers, & les deux compagnies de mousquetaires. La compagnie des grenadiers-à-cheval est toûjours à la suite de ce corps, mais elle n’en fait pas partie.

Dans l’usage ordinaire, lorsqu’on veut exprimer un maître ou un cavalier des gendarmes de la maison du roi, on lui donne le titre de gendarme de la garde : on se sert simplement de celui de gendarme pour tous les maîtres des compagnies d’ordonnance.

La compagnie des gendarmes de la garde avoit autrefois le premier rang dans la maison du roi. Les gardes-du-corps obtinrent ensuite ce privilége vers l’an 1665. « Sa majesté étant à Vincennes, dit le P. Daniel, fit une revûe des troupes de sa maison, où les gendarmes qui avoient toûjours eû la droite sur les gardes-du-corps, eurent ordre de passer à la gauche. La volonté du roi, & la grande ancienneté des quatre compagnies des gardes du roi, en comparaison des autres compagnies de la maison du roi, furent alors & ont été depuis, leur titre de préséance ». Hist. de la milice franç. t. II. p. 190.

Le même auteur prétend que c’est le roi Louis XIII. qui à son avenement à la couronne, voulant donner à la compagnie des gendarmes une marque particuliere de confiance, la mit dans le corps de troupes destinées à sa garde.

Cette compagnie est de deux cents maîtres ; on l’augmente quelquefois jusqu’à deux cents quarante en tems de guerre. C’est le roi qui en est capitaine. Le commandant a le titre de capitaine-lieutenant, comme l’ont tous les autres commandans des compagnies qui composent le corps de la gendarmerie de France.

Les gendarmes de la garde ont, après le commandant, deux officiers supérieurs qui ont le titre de capitaines-sous-lieutenans. Ils ont de plus trois officiers, qui ont chacun le titre d’enseigne, & trois autres qui ont celui de guidon.